L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
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L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Thème musical : Ombre et Lumière
Artiste : Hans Zimmer
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Premier par Kim Eliana
La pluie avait cessé. Le soleil commençait à se coucher. Les arbres laissaient à leurs feuillages le soin de libérer l’eau qui était bloquée. D’un certain côté, la pluie continuait. Le spectacle était d’une beauté rare. J’étais accompagnée de Navi Estel, une jeune sylvari qui ne manquait pas d’audace, de charme et d’humour, et de son plus fidèle ami : Flamme, un molosse sylvin aussi féroce que loyal et aussi courageux que câlin.
Je suis à la recherche d’un de mes plus ancien et proche ami : Yoremi Unmei ou maintenant, Yoremi Crow. Une nuit alors qu’il avait douze ans, ses parents ont été assassinés et sa sœur kidnappée par des personnes qui sont, selon lui, bien plus que de simples brigands. Il a survécu seul, à ma connaissance, toutes ces années, à vingt et un ans, je l’ai revu au Promontoire Divin après ma remise de diplôme de médecine lorsque j’avais encore dix-neuf ans. Il m’a expliqué ses intentions de retrouver les coupables et de rendre justice lui-même. Malgré le fait de le revoir m’ait fait énormément chaud au cœur, je ne peux le laisser emprunter cette route, je dois le retrouver et faire le nécessaire pour lui faire retrouver la raison. J’ai vingt-six ans maintenant, cela fait sept ans que je le recherche.
J’ai rencontré Navi Estel lors de mon arrivée au Bosquet, le lieu de vie des sylvaris. J’étais à la recherche d’un pisteur afin d’enquêter plus aisément sur Yoremi. Elle s’est proposée à une seule condition : que je l’aide à mener une opération contre la Cour des Cauchemars, une population qui est très hostile envers le Bosquet et son peuple.
Nous étions à une centaine de pas d’une base de la Cour des Cauchemars, afin de libérer des prisonniers sylvaris et des molosses réduits à l’état d’esclaves. Pour cela, rien de mieux que de se déguiser et se faire passer pour des courtisanes du Cauchemar.
— Tu en es sûr Kim, me demandait Navi d’une voix peu rassurée.
— Sûr et certaine Navi, il est inutile de tuer des gens pour chercher des vêtements. Mes illusions vont faire le travail sur nous.
— Donc, Navi semblait perdue dans ses réflexions, si je comprends bien, tu vas nous jeter un sort sur nous et on va ressembler à des adeptes du cauchemar ?
— C’est à peu près ça. Vous êtes prêt ?
— Euh, Navi regarde Flamme d’un air curieux, oui, on te fait confiance.
Je me concentrais et dessinais un cercle avec ma main devant nous trois. Un halo de lumière se mit à nous entourer et explosa en une lumière éblouissante. Je regardais Navi et Flamme, le sort avait fonctionné, car je n’arrivais même pas à les reconnaître sous leurs nouveaux traits.
— Wouahou Kim ! Je ne te reconnais même plus ! Ca a fonctionné ! Tu es super douée !
— Ce n’est pas un sort bien difficile. Par contre, si nous rencontrons des personnes avec une forte résistance mentale ou un envoûteur confirmé, notre supercherie risquera d’être découverte.
— L’important c’est d’agir vite et de ne pas trop éveiller l’attention.
Nous nous mirent en route vers la Cour des Cauchemars, le trajet fut rapide, nous arrivâmes devant la porte de la cour, deux courtisans nous accueillirent, le sort semblait fonctionner à merveille avec eux.
— Bonjour, nous revenons d’une mission de reconnaissance et venons vous informer des prochains mouvements ennemis.
— Oh, bien. La courtisane en chef est avec les jeunes recrues, je pense que vous pourrez aller la voir d’ici une petite heure, sauf si cela est urgent.
— Non, pas vraiment, nous pouvons entrer en attendant ?
— Bien entendu, passez je vous prie.
Nous entrâmes dans le domaine. La flore y était florissante, les plantes se répandaient le long des falaises, les arbres proéminents entouraient la zone. Leur « bosquet », si on peut l’appeler ainsi, semblait bien camouflé et protégé. Des racines fermaient l’entrée et ne répondirent qu’aux gardes. Nous avons pu les voir se refermer derrière nous. Nous marchâmes quelques pas pour nous éloigner des gardes et de quelques soldats qui passaient près de nous.
— Nous y sommes Kim. Si la chef est occupée, cela nous laisse une occasion à ne pas manquer. Navi observait autour d’elle, regarde, les cages renferment des molosses captifs.
Je m’appliquais à regarder à l’intérieur des cages et pouvais observer les molosses allongés et même des petits chiots sylvins ramassés entre eux. Le spectacle me prit au cœur.
— Les pauvres… Nous ne devons pas perdre plus de temps. Il faut les libérer. As-tu une idée d’où ils enfermeraient tes semblables, Navi ?
— Je pense un peu plus loin. Regarde au fond, je peux deviner des cages de racines au pied des immenses arbres rougeâtres.
— Je… Je ne vois pas vraiment, j’avais beau insister, je ne voyais que les arbres et le feuillage rouge. Tes yeux sont bien plus perçants que les miens. On va devoir se rapprocher. Tu as remarqué ? Il y a une espèce de garde à chaque cage. Je propose que nous nous débrouillions cage par cage. L’un de nous devra distraire le garde et l’autre ouvrir les racines. Qu’en penses-tu ?
— C’est une très bonne idée. Je te désigne pour distraire les gardes. Tu as déjà fais de superbes prouesses avec ton enchantement, je suis certaine que tu pourras recommencer.
— C’est comme si c’était fait !
— Et toi Flamme, tu es prêt toi aussi ?
Flamme nous avais écouté du début à la fin, il était très attentif. A la question de sa maîtresse, il acquiesça d’un signe de tête. Nous reprîmes notre marche vers le premier garde et du coup, vers la première cage. Navi commença à s’éloigner de moi lentement pendant que je me dirigeai droit vers le garde. Lorsqu’il posa les yeux sur moi, je suis esquissai un sourire. Il prit un air surprit mais finit par me le rendre au moment où je me pointai devant lui. Je me mis à discuter avec lui. Après quelques petites répliques et un ou deux compliments, il se prit à la conversation… si ce n’était que la conversation.
Pendant ce temps, Navi avait prit un peu de distance pour contourner le garde et se rapprocher de la cage. Lorsqu’elle arriva à son pied, les molosses se reculèrent de crainte et mirent les petits derrière eux. Navi avait remarqué leur réaction et fit volontairement des gestes lents et avec l’aide de Flamme, ils brisèrent les racines qui faisaient offices de porte. Les molosses grognaient devant Navi. Flamme voulait s’interposer, mais Navi posa sa main sur sa tête pour l’intimer de ne pas avancer plus. Elle s’engagea lentement et tendit sa main devant les molosses pour qu’ils la sentent, ce qu’ils firent. Au bout de quelques secondes, les molosses se détendirent et entourèrent Navi et la laissa même jouer et réconforter les petits chiots. Navi guida les molosses et les chiots hors de la cage et elle les cacha un peu plus loin. Lorsqu’elle eu finit, elle me fit un signe de tête. Je la remarquai et mit fin à la discussion avec le garde qui reprit sa ronde. Je retournai vers Navi et Flamme.
— Bien, nous avons précisément trente minutes pour libérer les autres molosses. Ils gardent les cages à tour de rôle en faisant des rondes. Il met une demi-heure à faire sa ronde, expliquai-je à Navi.
— Et bien, tu n’as pas chômé non plus ! Très bien, c’est amplement suffisant. As-tu des informations à propos des prisonniers sylvaris ?
— Ils les regroupent dans une seule cellule, celle que tu as vue derrière le gros arbre.
— Cela va nous faciliter la tâche. Continuons !
Nous reprirent notre objectif et travaillions efficacement à la libération des molosses. Personnes ne nous remarquèrent, les cages étant bien éloignées des zones de regroupements. Finalement, le délai de trente minutes ne nous pressa pas trop. Le garde que j’avais plus ou moins charmé revenait à la première cellule. Je décidai d’aller à sa rencontre afin d’assurer la diversion afin que Navi et Flamme puissent libérer les prisonniers sylvaris. Il y avait un garde devant, mais Flamme alla le distraire.
Navi expliqua à Flamme ce qu’il devait faire. Il comprit et alla à la rencontre du garde. Il commença à faire le pitre devant lui, mais le garde fut plus étonné que distrait.
— Que fait un molosse sylvin en liberté ?
A ces mots, Flamme se figea, ainsi que Navi qui était derrière l’arbre. Elle se tourna vers moi et s’écria.
— Je crois qu’on a un problème Kim !
Je contournai mon garde et observai la situation et je compris très rapidement : le soldat qui gardait les sylvaris était un envoûteur, et apparemment, un suffisamment bon pour découvrir la supercherie.
La pluie avait cessé. Le soleil commençait à se coucher. Les arbres laissaient à leurs feuillages le soin de libérer l’eau qui était bloquée. D’un certain côté, la pluie continuait. Le spectacle était d’une beauté rare. J’étais accompagnée de Navi Estel, une jeune sylvari qui ne manquait pas d’audace, de charme et d’humour, et de son plus fidèle ami : Flamme, un molosse sylvin aussi féroce que loyal et aussi courageux que câlin.
Je suis à la recherche d’un de mes plus ancien et proche ami : Yoremi Unmei ou maintenant, Yoremi Crow. Une nuit alors qu’il avait douze ans, ses parents ont été assassinés et sa sœur kidnappée par des personnes qui sont, selon lui, bien plus que de simples brigands. Il a survécu seul, à ma connaissance, toutes ces années, à vingt et un ans, je l’ai revu au Promontoire Divin après ma remise de diplôme de médecine lorsque j’avais encore dix-neuf ans. Il m’a expliqué ses intentions de retrouver les coupables et de rendre justice lui-même. Malgré le fait de le revoir m’ait fait énormément chaud au cœur, je ne peux le laisser emprunter cette route, je dois le retrouver et faire le nécessaire pour lui faire retrouver la raison. J’ai vingt-six ans maintenant, cela fait sept ans que je le recherche.
J’ai rencontré Navi Estel lors de mon arrivée au Bosquet, le lieu de vie des sylvaris. J’étais à la recherche d’un pisteur afin d’enquêter plus aisément sur Yoremi. Elle s’est proposée à une seule condition : que je l’aide à mener une opération contre la Cour des Cauchemars, une population qui est très hostile envers le Bosquet et son peuple.
Nous étions à une centaine de pas d’une base de la Cour des Cauchemars, afin de libérer des prisonniers sylvaris et des molosses réduits à l’état d’esclaves. Pour cela, rien de mieux que de se déguiser et se faire passer pour des courtisanes du Cauchemar.
— Tu en es sûr Kim, me demandait Navi d’une voix peu rassurée.
— Sûr et certaine Navi, il est inutile de tuer des gens pour chercher des vêtements. Mes illusions vont faire le travail sur nous.
— Donc, Navi semblait perdue dans ses réflexions, si je comprends bien, tu vas nous jeter un sort sur nous et on va ressembler à des adeptes du cauchemar ?
— C’est à peu près ça. Vous êtes prêt ?
— Euh, Navi regarde Flamme d’un air curieux, oui, on te fait confiance.
Je me concentrais et dessinais un cercle avec ma main devant nous trois. Un halo de lumière se mit à nous entourer et explosa en une lumière éblouissante. Je regardais Navi et Flamme, le sort avait fonctionné, car je n’arrivais même pas à les reconnaître sous leurs nouveaux traits.
— Wouahou Kim ! Je ne te reconnais même plus ! Ca a fonctionné ! Tu es super douée !
— Ce n’est pas un sort bien difficile. Par contre, si nous rencontrons des personnes avec une forte résistance mentale ou un envoûteur confirmé, notre supercherie risquera d’être découverte.
— L’important c’est d’agir vite et de ne pas trop éveiller l’attention.
Nous nous mirent en route vers la Cour des Cauchemars, le trajet fut rapide, nous arrivâmes devant la porte de la cour, deux courtisans nous accueillirent, le sort semblait fonctionner à merveille avec eux.
— Bonjour, nous revenons d’une mission de reconnaissance et venons vous informer des prochains mouvements ennemis.
— Oh, bien. La courtisane en chef est avec les jeunes recrues, je pense que vous pourrez aller la voir d’ici une petite heure, sauf si cela est urgent.
— Non, pas vraiment, nous pouvons entrer en attendant ?
— Bien entendu, passez je vous prie.
Nous entrâmes dans le domaine. La flore y était florissante, les plantes se répandaient le long des falaises, les arbres proéminents entouraient la zone. Leur « bosquet », si on peut l’appeler ainsi, semblait bien camouflé et protégé. Des racines fermaient l’entrée et ne répondirent qu’aux gardes. Nous avons pu les voir se refermer derrière nous. Nous marchâmes quelques pas pour nous éloigner des gardes et de quelques soldats qui passaient près de nous.
— Nous y sommes Kim. Si la chef est occupée, cela nous laisse une occasion à ne pas manquer. Navi observait autour d’elle, regarde, les cages renferment des molosses captifs.
Je m’appliquais à regarder à l’intérieur des cages et pouvais observer les molosses allongés et même des petits chiots sylvins ramassés entre eux. Le spectacle me prit au cœur.
— Les pauvres… Nous ne devons pas perdre plus de temps. Il faut les libérer. As-tu une idée d’où ils enfermeraient tes semblables, Navi ?
— Je pense un peu plus loin. Regarde au fond, je peux deviner des cages de racines au pied des immenses arbres rougeâtres.
— Je… Je ne vois pas vraiment, j’avais beau insister, je ne voyais que les arbres et le feuillage rouge. Tes yeux sont bien plus perçants que les miens. On va devoir se rapprocher. Tu as remarqué ? Il y a une espèce de garde à chaque cage. Je propose que nous nous débrouillions cage par cage. L’un de nous devra distraire le garde et l’autre ouvrir les racines. Qu’en penses-tu ?
— C’est une très bonne idée. Je te désigne pour distraire les gardes. Tu as déjà fais de superbes prouesses avec ton enchantement, je suis certaine que tu pourras recommencer.
— C’est comme si c’était fait !
— Et toi Flamme, tu es prêt toi aussi ?
Flamme nous avais écouté du début à la fin, il était très attentif. A la question de sa maîtresse, il acquiesça d’un signe de tête. Nous reprîmes notre marche vers le premier garde et du coup, vers la première cage. Navi commença à s’éloigner de moi lentement pendant que je me dirigeai droit vers le garde. Lorsqu’il posa les yeux sur moi, je suis esquissai un sourire. Il prit un air surprit mais finit par me le rendre au moment où je me pointai devant lui. Je me mis à discuter avec lui. Après quelques petites répliques et un ou deux compliments, il se prit à la conversation… si ce n’était que la conversation.
Pendant ce temps, Navi avait prit un peu de distance pour contourner le garde et se rapprocher de la cage. Lorsqu’elle arriva à son pied, les molosses se reculèrent de crainte et mirent les petits derrière eux. Navi avait remarqué leur réaction et fit volontairement des gestes lents et avec l’aide de Flamme, ils brisèrent les racines qui faisaient offices de porte. Les molosses grognaient devant Navi. Flamme voulait s’interposer, mais Navi posa sa main sur sa tête pour l’intimer de ne pas avancer plus. Elle s’engagea lentement et tendit sa main devant les molosses pour qu’ils la sentent, ce qu’ils firent. Au bout de quelques secondes, les molosses se détendirent et entourèrent Navi et la laissa même jouer et réconforter les petits chiots. Navi guida les molosses et les chiots hors de la cage et elle les cacha un peu plus loin. Lorsqu’elle eu finit, elle me fit un signe de tête. Je la remarquai et mit fin à la discussion avec le garde qui reprit sa ronde. Je retournai vers Navi et Flamme.
— Bien, nous avons précisément trente minutes pour libérer les autres molosses. Ils gardent les cages à tour de rôle en faisant des rondes. Il met une demi-heure à faire sa ronde, expliquai-je à Navi.
— Et bien, tu n’as pas chômé non plus ! Très bien, c’est amplement suffisant. As-tu des informations à propos des prisonniers sylvaris ?
— Ils les regroupent dans une seule cellule, celle que tu as vue derrière le gros arbre.
— Cela va nous faciliter la tâche. Continuons !
Nous reprirent notre objectif et travaillions efficacement à la libération des molosses. Personnes ne nous remarquèrent, les cages étant bien éloignées des zones de regroupements. Finalement, le délai de trente minutes ne nous pressa pas trop. Le garde que j’avais plus ou moins charmé revenait à la première cellule. Je décidai d’aller à sa rencontre afin d’assurer la diversion afin que Navi et Flamme puissent libérer les prisonniers sylvaris. Il y avait un garde devant, mais Flamme alla le distraire.
Navi expliqua à Flamme ce qu’il devait faire. Il comprit et alla à la rencontre du garde. Il commença à faire le pitre devant lui, mais le garde fut plus étonné que distrait.
— Que fait un molosse sylvin en liberté ?
A ces mots, Flamme se figea, ainsi que Navi qui était derrière l’arbre. Elle se tourna vers moi et s’écria.
— Je crois qu’on a un problème Kim !
Je contournai mon garde et observai la situation et je compris très rapidement : le soldat qui gardait les sylvaris était un envoûteur, et apparemment, un suffisamment bon pour découvrir la supercherie.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Deux par Yoremi Crow
Ma dague remonta le long de son ventre jusqu’à atteindre le cœur. Je retirai ma dague et le sang fusa. Le corps inerte s’écroula par terre. J’observai autour de moi, il y avait toujours cette brume épaisse qui réduisait ma vision. Je me tenais sur mes gardes, d’autres allaient encore arriver. Ca n’arrêtait pas, tout autour de moi, des soldats combattaient dans des combats à mort. Je ne savais pas où j’étais, ni qui était toutes ces personnes, ni pourquoi ils combattaient, mais nous étions bel et bien en guerre.
J’entendis le souffle d’une épée derrière moi, je pivotai rapidement tout en déviant la lame avec ma dague de la main droite, en m’accroupissant, je poignardai la poitrine de l’ennemi. Il se stoppa net, je lui fis tomber son épée et l’achevai en plantant mon autre dague dans sa gorge. Je retirai rapidement mes lames du corps pour me préparer face à un nouvel ennemi. Celui-ci se rua sur moi avec un espadon qui se préparait à fendre le ciel. Je courrai à sa rencontre et plongeai au sol sur le dos juste devant lui. Il planta son arme au sol, mais je pus esquiver avec ma glissade et passai entre ses jambes où je lui tranchai ses chevilles. Je me relevai, il tomba.
C’était ça pendant des heures, je ne savais pas quand ça allait finir, si ça allait finir un jour. L’épuisement commençait à se lire sur mes traits, j’en étais sûr, mon souffle était court et rapide. Il fallait que je découvre rapidement où je suis et comment m’en sortir. J’essayai de scruter le plus loin possible derrière la brume, mais impossible d’en voir le bout, je restai un petit instant en plus pour insister et ce fût là mon erreur.
Une dague se planta sur mon flanc, la douleur me surprit mais je me suis très vite ressaisit et j’ai attrapé le bras qui tenait cette arme en moi et le fit basculer en avant. Je soulevai un corps bien plus grand que moi au-dessus du mien et le plaquai contre le sol. La chute le fit expirer. J’attrapai une de mes dagues et la dirigeai vers sa gorge et je me retins lorsque je vis une grande femme aux longs cheveux noir et des yeux d’un bleu éclatant, elle portait un masque autour de sa bouche, je ne pouvais pas voir ses lèvres. Elle profita de mon instant d’hésitation pour entourer ma gorge de sa jambe et me fit passer au-dessus d’elle. Avec une grande souplesse, après m’avoir plaqué au sol à son tour, elle pivota pour se mettre sur moi et attrapa la dague qu’elle m’avait planté pour la sortir et la rediriger vers ma gorge. Je bloquai sa main avec les deux miennes en les croisant et lui donna deux coups de genoux contre ses côtes avant de repousser vivement son poignard contre son front. Elle fut sonnée juste assez de temps pour que je me dégage de son étreinte.
Je me relevai et attrapai mes deux dagues. Elle se releva aussi rapidement.
— Qui es-tu, lui demandai-je.
Elle ne me répondit pas. Par contre, elle se mit à regarder au-dessus de moi. Je tournai rapidement la tête et vis un énorme golem pulvériser tout le champ de bataille et les combattants avec. Je retournai la tête vers la jeune femme, elle avait disparu.
Je me retournai une nouvelle fois pour faire face au golem. Comment pourrai-je réussir à le vaincre ? Il marcha vers moi en balayant tous les soldats du château sur lequel j’ai apparu. Aucun d’eux ne m’avaient attaqué, j’ai l’impression que ce n’était pas des ennemis dans cette guerre. Pour en parler d’alliés, j’allai bientôt le savoir.
Je saisi l’un d’eux qui courait vers le golem, il s’arrêta et me regarda sans dire un mot. J’en profitai.
— Sur ce champ de bataille, vous avez bien des armes de sièges, non ?
— Oui… La plupart ont été détruites, elles sont en reconstruction.
— Bien, prends des hommes avec toi et trouves une catapulte. Cherche également un expert, car il ne faudra pas que vous ratiez votre coup.
— Mais… Je ne suis qu’un simple…
— … Homme ! Comme nous tous ! Allez ! Je vais essayer de le retenir.
L’homme s’exécuta et je le vis disparaître dans la brume. C’était à mon tour de jouer. Le golem faisait bien trois mètres de haut, je le regardai marcher vers moi sa main droite brandissant une masse énorme. Lorsqu’il l’abatis vers moi, je lançai un fumigène sur moi, et disparu de sa vision. J’entendis le fracas du marteau exploser le sol, je pris une forte impulsion et plantai une dague sur sa cuisse gauche qui creusa le métal à l’intérieur. Je posai mon pied sur la dague et en plantai une deuxième sur son flanc droit avant de poser un nouveau pied dessus. A peine avait-il eu le temps de soulever son marteau que je dégainai un pistolet afin de lui mitrailler son visage de métal. Les balles perforantes creusèrent sa carcasse.
Mon assaut terminé, je vis son poing gauche se ruer sur moi, je me propulsai sur mes appuis afin de sauter en arrière et d’esquiver. A peine ais-je eu le temps de me réceptionner qu’il s’apprêtait à écraser sa masse sur moi. Je sautai sur le côté par réflexe et me réceptionnai mal. Je sentis une jambe énorme élancée à toute vitesse m’écraser la poitrine, je toussai et fus propulsé sur quatre ou cinq mètres. J’étais allongé et me tenais lourdement les côtes. Sa force de frappe était hallucinante. Je l’entendis courir vers moi, je tournai la tête vers lui et vis sa masse s’abattre une nouvelle fois sur moi. Je dégainai vivement et tirai sur l’articulation de son bras ce qui lui fit perdre sa précision et sa masse frappa le sol juste à côté de moi. Je n’ai pas eu le temps de réaliser la chance que j’ai eu qu’il balaya le sol avec sa masse et moi avec. Il me fit voltiger à plusieurs mètres au-dessus du sol et je m’écrasai à nouveau.
Il fallait que je réagisse très vite. Je me relevai mais je chutai lorsque j’avais essayé de m’appuyer sur ma cheville gauche. Je la regardai, elle était en sang, il me l’avait tordu. Cela compliquait les choses. Je le vis se ruer sur moi encore avec sa masse et je vis mes dagues toujours plantées en lui. Je le laissai venir et lorsqu’il arriva à ma hauteur, je pris toute l’impulsion possible sur mon pied droit et sautai entre ses jambes. En plein vol, j’attrapai ma dague qui fut plantée sur sa cuisse et la fit continuer sa route tout autour de la cuisse ce qui la fendit pratiquement en deux. Le golem mit son genou à terre et arrêta son assaut, j’en profitai pour saisir ma seconde dague et ouvrit tout son flanc gauche. Je détruisis une partie de son mécanisme interne et il mit du temps à réagir, c’était le moment.
— Feu ! Faîtes feu, hurlais-je.
La catapulte qui était arrivée sur place balança son premier boulet enflammé. Le soldat que j’avais envoyé avait dû trouver un expert, car le boulet s’écrasa en plein sur le golem qui explosa en des centaines de petites pièces de métal. Les soldats crièrent de joie, je les regardai et souris de soulagement. Je rengainai mes dagues et fit face au champ de bataille qui semblait s’être calmé. Mais ce n’était qu’un semblant, je vis une centaine, voire un millier de soldats sortir de la brume en courant arme à la main vers moi. J’allai reprendre les armes quand une poudre aveuglante éclata entre les soldats et moi et je sentis une aiguille me piquer la nuque. L’effet fut immédiat, je me sentis lourd, j’entendis gravement des voix qui s’élevaient mais elles furent incompréhensible, un voile noire se posa lentement sur ma vue jusqu’au moment où je n’entendis plus rien, je ne voyais plus rien et je n’arrivai plus à bouger mes membres. Je tombai dans le néant.
Ma dague remonta le long de son ventre jusqu’à atteindre le cœur. Je retirai ma dague et le sang fusa. Le corps inerte s’écroula par terre. J’observai autour de moi, il y avait toujours cette brume épaisse qui réduisait ma vision. Je me tenais sur mes gardes, d’autres allaient encore arriver. Ca n’arrêtait pas, tout autour de moi, des soldats combattaient dans des combats à mort. Je ne savais pas où j’étais, ni qui était toutes ces personnes, ni pourquoi ils combattaient, mais nous étions bel et bien en guerre.
J’entendis le souffle d’une épée derrière moi, je pivotai rapidement tout en déviant la lame avec ma dague de la main droite, en m’accroupissant, je poignardai la poitrine de l’ennemi. Il se stoppa net, je lui fis tomber son épée et l’achevai en plantant mon autre dague dans sa gorge. Je retirai rapidement mes lames du corps pour me préparer face à un nouvel ennemi. Celui-ci se rua sur moi avec un espadon qui se préparait à fendre le ciel. Je courrai à sa rencontre et plongeai au sol sur le dos juste devant lui. Il planta son arme au sol, mais je pus esquiver avec ma glissade et passai entre ses jambes où je lui tranchai ses chevilles. Je me relevai, il tomba.
C’était ça pendant des heures, je ne savais pas quand ça allait finir, si ça allait finir un jour. L’épuisement commençait à se lire sur mes traits, j’en étais sûr, mon souffle était court et rapide. Il fallait que je découvre rapidement où je suis et comment m’en sortir. J’essayai de scruter le plus loin possible derrière la brume, mais impossible d’en voir le bout, je restai un petit instant en plus pour insister et ce fût là mon erreur.
Une dague se planta sur mon flanc, la douleur me surprit mais je me suis très vite ressaisit et j’ai attrapé le bras qui tenait cette arme en moi et le fit basculer en avant. Je soulevai un corps bien plus grand que moi au-dessus du mien et le plaquai contre le sol. La chute le fit expirer. J’attrapai une de mes dagues et la dirigeai vers sa gorge et je me retins lorsque je vis une grande femme aux longs cheveux noir et des yeux d’un bleu éclatant, elle portait un masque autour de sa bouche, je ne pouvais pas voir ses lèvres. Elle profita de mon instant d’hésitation pour entourer ma gorge de sa jambe et me fit passer au-dessus d’elle. Avec une grande souplesse, après m’avoir plaqué au sol à son tour, elle pivota pour se mettre sur moi et attrapa la dague qu’elle m’avait planté pour la sortir et la rediriger vers ma gorge. Je bloquai sa main avec les deux miennes en les croisant et lui donna deux coups de genoux contre ses côtes avant de repousser vivement son poignard contre son front. Elle fut sonnée juste assez de temps pour que je me dégage de son étreinte.
Je me relevai et attrapai mes deux dagues. Elle se releva aussi rapidement.
— Qui es-tu, lui demandai-je.
Elle ne me répondit pas. Par contre, elle se mit à regarder au-dessus de moi. Je tournai rapidement la tête et vis un énorme golem pulvériser tout le champ de bataille et les combattants avec. Je retournai la tête vers la jeune femme, elle avait disparu.
Je me retournai une nouvelle fois pour faire face au golem. Comment pourrai-je réussir à le vaincre ? Il marcha vers moi en balayant tous les soldats du château sur lequel j’ai apparu. Aucun d’eux ne m’avaient attaqué, j’ai l’impression que ce n’était pas des ennemis dans cette guerre. Pour en parler d’alliés, j’allai bientôt le savoir.
Je saisi l’un d’eux qui courait vers le golem, il s’arrêta et me regarda sans dire un mot. J’en profitai.
— Sur ce champ de bataille, vous avez bien des armes de sièges, non ?
— Oui… La plupart ont été détruites, elles sont en reconstruction.
— Bien, prends des hommes avec toi et trouves une catapulte. Cherche également un expert, car il ne faudra pas que vous ratiez votre coup.
— Mais… Je ne suis qu’un simple…
— … Homme ! Comme nous tous ! Allez ! Je vais essayer de le retenir.
L’homme s’exécuta et je le vis disparaître dans la brume. C’était à mon tour de jouer. Le golem faisait bien trois mètres de haut, je le regardai marcher vers moi sa main droite brandissant une masse énorme. Lorsqu’il l’abatis vers moi, je lançai un fumigène sur moi, et disparu de sa vision. J’entendis le fracas du marteau exploser le sol, je pris une forte impulsion et plantai une dague sur sa cuisse gauche qui creusa le métal à l’intérieur. Je posai mon pied sur la dague et en plantai une deuxième sur son flanc droit avant de poser un nouveau pied dessus. A peine avait-il eu le temps de soulever son marteau que je dégainai un pistolet afin de lui mitrailler son visage de métal. Les balles perforantes creusèrent sa carcasse.
Mon assaut terminé, je vis son poing gauche se ruer sur moi, je me propulsai sur mes appuis afin de sauter en arrière et d’esquiver. A peine ais-je eu le temps de me réceptionner qu’il s’apprêtait à écraser sa masse sur moi. Je sautai sur le côté par réflexe et me réceptionnai mal. Je sentis une jambe énorme élancée à toute vitesse m’écraser la poitrine, je toussai et fus propulsé sur quatre ou cinq mètres. J’étais allongé et me tenais lourdement les côtes. Sa force de frappe était hallucinante. Je l’entendis courir vers moi, je tournai la tête vers lui et vis sa masse s’abattre une nouvelle fois sur moi. Je dégainai vivement et tirai sur l’articulation de son bras ce qui lui fit perdre sa précision et sa masse frappa le sol juste à côté de moi. Je n’ai pas eu le temps de réaliser la chance que j’ai eu qu’il balaya le sol avec sa masse et moi avec. Il me fit voltiger à plusieurs mètres au-dessus du sol et je m’écrasai à nouveau.
Il fallait que je réagisse très vite. Je me relevai mais je chutai lorsque j’avais essayé de m’appuyer sur ma cheville gauche. Je la regardai, elle était en sang, il me l’avait tordu. Cela compliquait les choses. Je le vis se ruer sur moi encore avec sa masse et je vis mes dagues toujours plantées en lui. Je le laissai venir et lorsqu’il arriva à ma hauteur, je pris toute l’impulsion possible sur mon pied droit et sautai entre ses jambes. En plein vol, j’attrapai ma dague qui fut plantée sur sa cuisse et la fit continuer sa route tout autour de la cuisse ce qui la fendit pratiquement en deux. Le golem mit son genou à terre et arrêta son assaut, j’en profitai pour saisir ma seconde dague et ouvrit tout son flanc gauche. Je détruisis une partie de son mécanisme interne et il mit du temps à réagir, c’était le moment.
— Feu ! Faîtes feu, hurlais-je.
La catapulte qui était arrivée sur place balança son premier boulet enflammé. Le soldat que j’avais envoyé avait dû trouver un expert, car le boulet s’écrasa en plein sur le golem qui explosa en des centaines de petites pièces de métal. Les soldats crièrent de joie, je les regardai et souris de soulagement. Je rengainai mes dagues et fit face au champ de bataille qui semblait s’être calmé. Mais ce n’était qu’un semblant, je vis une centaine, voire un millier de soldats sortir de la brume en courant arme à la main vers moi. J’allai reprendre les armes quand une poudre aveuglante éclata entre les soldats et moi et je sentis une aiguille me piquer la nuque. L’effet fut immédiat, je me sentis lourd, j’entendis gravement des voix qui s’élevaient mais elles furent incompréhensible, un voile noire se posa lentement sur ma vue jusqu’au moment où je n’entendis plus rien, je ne voyais plus rien et je n’arrivai plus à bouger mes membres. Je tombai dans le néant.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Trois par Kim Eliana
Le garde se retourna vers moi et planta son épée dans mon ventre. Il me transperça de part en part avant que mon corps ne s’évanouisse dans une poussière d’étoiles violettes. Lorsque le garde comprit qu’il n’avait rien transpercé mis à part un fantasme, il se retourna et je lui assénai un grand coup avec la crosse de mon pistolet. Il tomba à terre, dans les pommes. Je rejoignis Flamme et je constatai qu’il mordait avec acharnement l’envoûteur. Ou plutôt, un de ses fantasmes, Navi suivit son animal et allait se découvrir pour lui décocher un flèche.
— Non, lui hurlai-je.
Trop tard, elle s’est découverte et tira une flèche sur le fantasme qui se dissipa aussitôt. Par contre, l’envoûteur savait où elle se cachait, il n’attendit pas une seule seconde, il se dévoila derrière elle et s’apprêta à lancer un sort lorsque je lui lançai une décharge mentale pendant ma course pour les rejoindre. Le rayon le heurta de plein fouet, Navi se rendit compte de son erreur et fit un saut de côté afin de s’éloigner du garde. Elle le vit immobilisé, elle ne perdit pas un seul instant, elle décocha une flèche en plein dans son crâne. Cette vision me choqua, je stoppai net mon attaque. Elle me vit me bloquer, Flamme également, ils accoururent vers moi.
— Kim ? Qu’est ce que tu as ?
— Je… ce n’est rien… Mais… je ne pensais pas qu’on allait tuer des gens. Même s’ils sont mauvais.
— Je n’aime pas plus que toi cette idée, tu sais… Mais c’était lui ou nous. Il faut se dépêcher, leurs renforts arrivent.
Je gardai un goût amer dans la bouche. Je n’avais jamais tué, voire même blessé quelqu’un. Au mieux je lançai un charme pour les manipuler un peu ou pour me faire oublier. Et voilà que j’avais assommé une personne et aidé à tuer un autre homme. Mais je devais me ressaisir, d’autres ennemis approchaient, si je voulais éviter de recommencer, il fallait agir vite.
L’envoûteur mort, Navi brisa la cage des prisonniers. Les sylvaris furent sous le choc et agréablement soulagés. Navi les guida jusqu’à moi avec l’aide de Flamme. Tous rassemblés, nous préparâmes la fuite alors que les ennemis approchèrent à toute vitesse. Avec volonté et détermination, les prisonniers voulaient affronter leurs agresseurs, alors que certains commençaient déjà à lancer des sorts, tirer ou décocher des flèches. Survint alors les molosses que nous avions libérés sauter sur les ennemis qui se préparaient à attaquer. Cela nous donnait juste le temps d’embarquer les prisonniers vers une échappatoire.
Navi siffla aux molosses de nous rejoindre, ceux-ci n’hésitèrent pas une seule seconde. Les soldats commencèrent à se relever, dont la chef qui, folle de rage, décocha une flèche en direction de Navi. Celle-ci l’avait vu et esquiva, mais pas suffisamment rapide, la flèche la toucha à son épaule gauche avant de finir sa route contre un rocher. Flamme vit sa maîtresse blessée, il sprinta vers la chef ennemie, mais son molosse du cauchemar lui barra la route. La chef prépara une nouvelle flèche, mais cette fois je lui invoquai des fantasmes autour d’elle qui l’entravèrent.
J’intimai à Navi de guider les prisonniers vers la sortie, il ne fallait plus perdre une seule seconde, les soldats commençaient à se battre contre les prisonniers, et ils avaient un fort avantage : ils étaient en pleine forme et nourris, les prisonniers n’avaient pas mangé depuis quelques jours, mis à part de l’eau et du pain. Navi obtempéra, elle alla retrouver les prisonniers qui combattaient pour les faire se replier petit à petit, le temps de mettre hors d’état de nuire la vétéran du cauchemar.
Celle-ci s’était débarrassée de mes fantasmes et décocha une flèche en plein dans ma direction. Je ne bougeai plus. La flèche ricocha dans l’air, quelques pas devant moi, et se retourna dans la jambe de l’ennemie.
— Ah ! Comment as-tu fais ça ? Me hurla la capitaine du cauchemar.
— C’est un bouclier fantasmagorique, lui répondais-je en m’avançant vers elle.
— Je vais te tuer !
— Nous pouvons éviter de verser du sang. La capitaine s’interrompit. Vous avez fait prisonniers des sylvaris pour des raisons que j’ignore, mais peu importe. Nous sommes seulement venues les libérer. Je ne souhaite pas verser plus de sang pour une simple tentative d’évasion. Reconnaissez votre échec, nous nous en allons sans perdre de temps.
— Mon échec ? Que je reconnaisse mon échec ? Je commande ici pour détruire le Rêve et ses fanatiques ! Je ne vais pas rester les bras croisés pendant que vous libériez mes prisonniers !
Je soupirai, elle dégaina un pistolet avant de tirer sur moi. La balle fit éclater ma tête en une poussière lumineuse et violette. Je surgissai de derrière elle et lui plantai mon épée dans son ventre qui la transperça. Elle suffoqua, son pistolet tomba, j’attrapai sa nuque et posa sa tête sur mon épaule. J’entendis ses dernières respirations et je ne pu m’empêcher de verser des larmes. Je le sais, je n’avais pas le choix, je lui ai demandé de poser les armes, je n’en voulais pas plus. Mais elle a refusé et c’était elle ou moi. Je savais tout ça, mais, c’était une sensation vraiment horrible.
Je ne l’entendis plus, elle était inerte, sa tête contre moi. Je la reposai délicatement au sol. J’avais tué une personne pour la première fois de ma vie, je ne connaissais même pas son nom.
Le molosse qui affronta Flamme vit sa maîtresse inerte. Il aboya de rage avant de mettre un coup de patte féroce sur la tête de Flamme. Celui-ci se sentit un peu sonné et alla riposter avant de constater que son adversaire n’était plus là. Il courra vers moi à une vitesse folle, je n’allai pas résister à ses assauts. Mais il ne fit pas ce que je pensai. Il s’arrêta net devant moi et se posa contre son ancienne maîtresse et la pleura. Il me brisa le cœur, Flamme resta sans bouger également. Je regardai le molosse près de sa maîtresse, je tentai de m’approcher et tendis une main vers lui. Il leva sa tête et m’aboya violemment. Il ne m’attaqua pas, mais montra son immense tristesse et sa rage. Navi arriva vers moi.
— Il faut se dépêcher Kim. Tu ne peux rien faire pour lui. Tu as tué sa maîtresse, il est forcément triste, il ne t’attaque pas, car il ne sent rien de mauvais en toi. Ne perdons pas de temps, les soldats nous entravent suffisamment comme ça.
Je le regardai une dernière fois avant de suivre Navi, Flamme et le groupe. Les soldats s’étaient postés devant la sortie et bloquaient efficacement le passage. Je n’avais pas le choix, il fallait que j’intervienne une nouvelle fois. Je pris la tête de notre groupe et leva mon sceptre au-dessus de moi afin d’invoquer un sortilège. Un symbole lumineux apparu au-dessus de mon arme, le sort était chargé. Les soldats me regardèrent avec méfiance et se préparaient à attaquer au moindre de mes mouvements, mais ils n’auront pas le temps. Je dirigeai mon sceptre vers eux et le sort s’activa. Tous les soldats reçurent un choc mental qui les mirent dans un état total de confusion.
— Allons-y maintenant ! Le sort ne dure que quelques secondes, criai-je à tout le groupe, essoufflée.
Les sylvaris et les molosses se suivirent avec hâte vers la sortie. Navi et Flamme se mirent à ma hauteur, Navi me regarda avec curiosité.
— Ca ne va pas Kim ?
— Si, c’est seulement ce sort qui a drainé presque toutes mes forces. Aller, partons d’ici !
Navi, Flamme et moi fermâmes la marche des sylvaris et molosses à nouveau libre.
Le garde se retourna vers moi et planta son épée dans mon ventre. Il me transperça de part en part avant que mon corps ne s’évanouisse dans une poussière d’étoiles violettes. Lorsque le garde comprit qu’il n’avait rien transpercé mis à part un fantasme, il se retourna et je lui assénai un grand coup avec la crosse de mon pistolet. Il tomba à terre, dans les pommes. Je rejoignis Flamme et je constatai qu’il mordait avec acharnement l’envoûteur. Ou plutôt, un de ses fantasmes, Navi suivit son animal et allait se découvrir pour lui décocher un flèche.
— Non, lui hurlai-je.
Trop tard, elle s’est découverte et tira une flèche sur le fantasme qui se dissipa aussitôt. Par contre, l’envoûteur savait où elle se cachait, il n’attendit pas une seule seconde, il se dévoila derrière elle et s’apprêta à lancer un sort lorsque je lui lançai une décharge mentale pendant ma course pour les rejoindre. Le rayon le heurta de plein fouet, Navi se rendit compte de son erreur et fit un saut de côté afin de s’éloigner du garde. Elle le vit immobilisé, elle ne perdit pas un seul instant, elle décocha une flèche en plein dans son crâne. Cette vision me choqua, je stoppai net mon attaque. Elle me vit me bloquer, Flamme également, ils accoururent vers moi.
— Kim ? Qu’est ce que tu as ?
— Je… ce n’est rien… Mais… je ne pensais pas qu’on allait tuer des gens. Même s’ils sont mauvais.
— Je n’aime pas plus que toi cette idée, tu sais… Mais c’était lui ou nous. Il faut se dépêcher, leurs renforts arrivent.
Je gardai un goût amer dans la bouche. Je n’avais jamais tué, voire même blessé quelqu’un. Au mieux je lançai un charme pour les manipuler un peu ou pour me faire oublier. Et voilà que j’avais assommé une personne et aidé à tuer un autre homme. Mais je devais me ressaisir, d’autres ennemis approchaient, si je voulais éviter de recommencer, il fallait agir vite.
L’envoûteur mort, Navi brisa la cage des prisonniers. Les sylvaris furent sous le choc et agréablement soulagés. Navi les guida jusqu’à moi avec l’aide de Flamme. Tous rassemblés, nous préparâmes la fuite alors que les ennemis approchèrent à toute vitesse. Avec volonté et détermination, les prisonniers voulaient affronter leurs agresseurs, alors que certains commençaient déjà à lancer des sorts, tirer ou décocher des flèches. Survint alors les molosses que nous avions libérés sauter sur les ennemis qui se préparaient à attaquer. Cela nous donnait juste le temps d’embarquer les prisonniers vers une échappatoire.
Navi siffla aux molosses de nous rejoindre, ceux-ci n’hésitèrent pas une seule seconde. Les soldats commencèrent à se relever, dont la chef qui, folle de rage, décocha une flèche en direction de Navi. Celle-ci l’avait vu et esquiva, mais pas suffisamment rapide, la flèche la toucha à son épaule gauche avant de finir sa route contre un rocher. Flamme vit sa maîtresse blessée, il sprinta vers la chef ennemie, mais son molosse du cauchemar lui barra la route. La chef prépara une nouvelle flèche, mais cette fois je lui invoquai des fantasmes autour d’elle qui l’entravèrent.
J’intimai à Navi de guider les prisonniers vers la sortie, il ne fallait plus perdre une seule seconde, les soldats commençaient à se battre contre les prisonniers, et ils avaient un fort avantage : ils étaient en pleine forme et nourris, les prisonniers n’avaient pas mangé depuis quelques jours, mis à part de l’eau et du pain. Navi obtempéra, elle alla retrouver les prisonniers qui combattaient pour les faire se replier petit à petit, le temps de mettre hors d’état de nuire la vétéran du cauchemar.
Celle-ci s’était débarrassée de mes fantasmes et décocha une flèche en plein dans ma direction. Je ne bougeai plus. La flèche ricocha dans l’air, quelques pas devant moi, et se retourna dans la jambe de l’ennemie.
— Ah ! Comment as-tu fais ça ? Me hurla la capitaine du cauchemar.
— C’est un bouclier fantasmagorique, lui répondais-je en m’avançant vers elle.
— Je vais te tuer !
— Nous pouvons éviter de verser du sang. La capitaine s’interrompit. Vous avez fait prisonniers des sylvaris pour des raisons que j’ignore, mais peu importe. Nous sommes seulement venues les libérer. Je ne souhaite pas verser plus de sang pour une simple tentative d’évasion. Reconnaissez votre échec, nous nous en allons sans perdre de temps.
— Mon échec ? Que je reconnaisse mon échec ? Je commande ici pour détruire le Rêve et ses fanatiques ! Je ne vais pas rester les bras croisés pendant que vous libériez mes prisonniers !
Je soupirai, elle dégaina un pistolet avant de tirer sur moi. La balle fit éclater ma tête en une poussière lumineuse et violette. Je surgissai de derrière elle et lui plantai mon épée dans son ventre qui la transperça. Elle suffoqua, son pistolet tomba, j’attrapai sa nuque et posa sa tête sur mon épaule. J’entendis ses dernières respirations et je ne pu m’empêcher de verser des larmes. Je le sais, je n’avais pas le choix, je lui ai demandé de poser les armes, je n’en voulais pas plus. Mais elle a refusé et c’était elle ou moi. Je savais tout ça, mais, c’était une sensation vraiment horrible.
Je ne l’entendis plus, elle était inerte, sa tête contre moi. Je la reposai délicatement au sol. J’avais tué une personne pour la première fois de ma vie, je ne connaissais même pas son nom.
Le molosse qui affronta Flamme vit sa maîtresse inerte. Il aboya de rage avant de mettre un coup de patte féroce sur la tête de Flamme. Celui-ci se sentit un peu sonné et alla riposter avant de constater que son adversaire n’était plus là. Il courra vers moi à une vitesse folle, je n’allai pas résister à ses assauts. Mais il ne fit pas ce que je pensai. Il s’arrêta net devant moi et se posa contre son ancienne maîtresse et la pleura. Il me brisa le cœur, Flamme resta sans bouger également. Je regardai le molosse près de sa maîtresse, je tentai de m’approcher et tendis une main vers lui. Il leva sa tête et m’aboya violemment. Il ne m’attaqua pas, mais montra son immense tristesse et sa rage. Navi arriva vers moi.
— Il faut se dépêcher Kim. Tu ne peux rien faire pour lui. Tu as tué sa maîtresse, il est forcément triste, il ne t’attaque pas, car il ne sent rien de mauvais en toi. Ne perdons pas de temps, les soldats nous entravent suffisamment comme ça.
Je le regardai une dernière fois avant de suivre Navi, Flamme et le groupe. Les soldats s’étaient postés devant la sortie et bloquaient efficacement le passage. Je n’avais pas le choix, il fallait que j’intervienne une nouvelle fois. Je pris la tête de notre groupe et leva mon sceptre au-dessus de moi afin d’invoquer un sortilège. Un symbole lumineux apparu au-dessus de mon arme, le sort était chargé. Les soldats me regardèrent avec méfiance et se préparaient à attaquer au moindre de mes mouvements, mais ils n’auront pas le temps. Je dirigeai mon sceptre vers eux et le sort s’activa. Tous les soldats reçurent un choc mental qui les mirent dans un état total de confusion.
— Allons-y maintenant ! Le sort ne dure que quelques secondes, criai-je à tout le groupe, essoufflée.
Les sylvaris et les molosses se suivirent avec hâte vers la sortie. Navi et Flamme se mirent à ma hauteur, Navi me regarda avec curiosité.
— Ca ne va pas Kim ?
— Si, c’est seulement ce sort qui a drainé presque toutes mes forces. Aller, partons d’ici !
Navi, Flamme et moi fermâmes la marche des sylvaris et molosses à nouveau libre.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Quatre par Yoremi Crow
— Pourquoi m’as-tu sauvé ?
Ma voix était encore un peu rauque, je me réveillais à peine. Un petit feu dansait devant moi, j’étais allongé sur une couverture. Il faisait nuit, une brume nous entourait toujours. Il faisait frais, mais c’était supportable. La jeune femme était assise à côté de moi, devant le feu, elle me dévisagea.
— Tu n’es pas venu ici pour mourir, mais pour survivre.
— Alors pourquoi m’avoir attaqué avant l’assaut du golem ?
La jeune femme se mit à ricaner. Elle me regarda encore avant de me tendre un pot de terre avec une espèce de ragoût dedans. Je pris la poterie encore chaude et saisi la cuillère qu’elle me tendit aussitôt.
— Je ne suis pas ici avec toi pour me prendre la tête, sinon j’aurais déjà décroché la tienne. Discutons, plutôt.
— Très bien. Qui es-tu ?
— Normalement, je ne dis pas qui je suis à une personne qui le demande et qui ne se présente pas. Mais, je vois que la politesse n’est pas ton fort. Je m’appelle Sélina Isiris, je suis une nécromante. Comme toi, j’ai été envoyée ici. Sais-tu où nous sommes ?
— Yoremi. Mon nom de famille n’a plus d’importance. Non, je ne sais pas où nous sommes. Je sais juste qu’on m’y a envoyé.
— Nous nous trouvons dans les Champs de Batailles Eternelles.
— Les Champs de… ? Où ça se trouve ? En Kryte ?
Sélina se remit à rire une nouvelle fois. Avais-je l’air vraiment si drôle ? En même temps, l’érudit ne m’a rien dit de ce qui allait se passer après m’avoir lancé ce sort. Ce doit être un entraînement pour moi. Il ne m’avait pas dit non plus que d’autres personnes allaient être envoyées aussi. Sélina semble bien différente de tous les soldats que j’ai pu rencontrer depuis mon arrivée.
— Non Yoremi. Tu n’y es pas du tout. Nous sommes dans une sorte de réalité parallèle. Comme toi j’y ai été envoyée, mais… Par moi-même.
— Pourquoi ? Pourquoi t’être envoyée ici ? Comment ça une réalité parallèle ?
— J’ai appris l’existence de cet endroit il y a quelques temps. Depuis, j’ai toujours voulu le visiter. Après avoir appris le sortilège, j’ai réussi à envoyer ma propre conscience ici. Nous nous trouvons dans une sorte d’illusion, une espèce de rêve. Il n’y a que ta conscience qui est présente, ton corps, tes habits, tes armes. Tout ça, c’est toi qui l’imagines.
Tout en dégustant le ragoût que Sélina avait cuisiné, je l’écoutais avec attention. Ca me semblait de plus en plus intéressant. Cet érudit ne s’était pas moqué de moi quand il m’avait dit qu’il allait mettre mon mental à de rudes épreuves. Tout ce que je faisais physiquement, j’apprenais psychologiquement. Maintenant, une seule question restait dans ma tête.
— Comment faisons-nous pour quitter cet endroit ?
— Ca… C’est la question à un million.
— Ne me fais pas croire ça, je la regardais dans les yeux avec insistance, elle ne détourna pas son regard. Tu ne te ferais pas venir ici sans connaître un moyen d’y sortir.
Sélina souriait, elle baissa la tête, la chevelure brune tomba par dessus sa tête, avant de la ramener derrière sa nuque avec la main. Elle releva sa tête et me regarda à nouveau.
— Je commence à comprendre ce qu’il y a derrière ce visage aussi dur et froid que tu portes Yoremi. Bien sur que oui, j’ai bien une idée pour revenir dans notre monde. Mais rien de concret, car je ne l’ai pas vu de mes propres yeux.
— Je t’écoute.
— Oh oh oh ! Ah non, mon cher. Je ne te dirais rien à propos de cette issue. Je ne te connais pas très bien encore. Et je suis loin de te faire confiance. Non, j’ai une bien meilleure idée.
Je fixai son regard. Elle pouvait lire en moi une colère féroce et un certain désappointement. Par contre, je pouvais lire en elle une volonté et un sourire vicieux qui ne cachaient aucun doute sur son intention et ses capacités.
— Je ne peux pas aller jusqu’à l’endroit en question toute seule… Je vais me servir de toi.
Les flammes du feu qui se trouvait devant nous s’interposèrent entre nos visages. Je me rendis enfin compte à qui j’avais à faire. Cette femme n’est pas n’importe qui. Elle est dangereuse, très dangereuse, je dois me méfier d’elle. Mais, je ne suis pas à la hauteur. J’en suis bien conscient. Elle dégage une aura très impressionnante qui écrase toutes mes forces, toutes mes capacités, toute mon audace. Elle veut m’utiliser. Non, elle ne veut pas seulement m’utiliser, elle me contraint à la laisser m’utiliser. Elle est vraiment très impressionnante. Je dois me préparer. Peu importe son plan, je devrais la suivre jusqu’à cette soi-disante « issue ». Je dois être prêt pour la contrecarrer le moment venu et saisir l’opportunité.
Tu dis commencer à me connaître… Tu dis vouloir m’utiliser… A ta guise… Tu vas apprendre à tes dépends que personne ne me contrôle.
Ses yeux me transperçaient toujours. J’avais posé le pot de terre. Je ne savais pas si elle voulait vraiment me mettre mal à l’aise. Surtout après avoir fait tout ça. Par contre, son regard était absolument enivrant.
— Te servir de moi ? Je te trouve assez sûr de toi. Si je refuse ?
— Tu comptes rester ici ? Dans ce monde que tu ne connais pas ?
— Non.
— Tu sais comment retourner dans ton monde ?
— Non plus.
— Que comptes-tu faire tout seul, alors ?
— Trouver ma propre sortie.
— Tu n’y arriveras pas tout seul.
— Comment le sais-tu ?
— Je te trouve plutôt mal informé sur où nous sommes et tu te crois capable de survivre tout seul. Alors que moi-même, j’ai besoin d’aide. Qui est sûr de soi, là ?
— Tu n’as pas demandé d’aide. Tu as réclamé te servir de moi.
Sur ces derniers mots, son expression sur son visage exprima une certaine déception et elle se senti blessée. Elle tourna la tête et regarda le feu. Le temps passa et, je me rendis compte qu’il ne servait plus à rien de la regarder. Je tournai également la tête vers le feu. Un long silence passa.
— Tu ne sais rien de cet endroit. Tu ne sais pas quoi faire pour sortir d’ici. Bien sur que je compte t’utiliser, comment faire autrement ?
— Tu pourrais me raconter tout ce que tu sais.
— Ca ne changerait rien à comment nous nous y prendrons pour la suite.
Sélina se leva, elle rangea quelques affaires dans son sac. Je la voyais, éclairée partiellement par les flammes, je ne m’étais pas rendu compte, mais elle était grande, ses courbes prononcées, sa tenue mettait en valeur sa féminité. Elle se retourna vers moi et me tendit mes dagues et mes pistolets. Je ne m’étais même pas rendu compte que je ne les portais pas.
— Tu peux les reprendre et partir. Je sais ce que tu penses. Et, même si tu es convaincu que je ne te connais pas du tout, tu te trompes. Tu es sûr de toi, tu connais tes capacités et tes limites. Tu ne t’ouvres pas aux gens. Tu as sûrement dû perdre une ou plusieurs personnes chères. Tu es solitaire. Tu ne fais confiance à personne et tu refuses une aide quelconque.
— Sélina…
— Ca ne me dérange pas. Tu es comme tu es. Et je me débrouillerais sans toi. Par contre, si je peux te donner un conseil avant que tu partes, il va falloir que tu te remettes sérieusement en question. Je ne sais pas à quoi tu aspires dans ta vie, mais tu ne peux pas continuer tout seul.
Je restais silencieux. Je ne savais pas quoi dire, quoi répondre. J’avais l’impression de m’être trompé sur toute la ligne avec elle. Etait-elle sincère ? Pourquoi suis-je si froid et distant avec n’importe qui ? Dans tous les cas, qu’elle fut franche ou non, je n’en saurais pas plus. Je devais continuer seul, elle aussi.
— Je te remercie pour ce que tu as fais, Sélina.
— Ne le sois pas, j’ai fais ce que j’ai supposé être nécessaire de faire. Prends tes armes et fais bonne route.
— Merci… Bonne chance à toi, j’espère que tu trouveras ce que tu cherches.
— Je l’espère aussi. Adieu Yoremi.
Sur ses derniers mots, je n’ai rien su lui dire. Je pris mes armes, les rangeai à ma ceinture. Je souhaitais croiser son regard, mais, une fois mes affaires récupérées, elle se détourna de moi et s’éloigna vers le feu. Je me tournai à mon tour et repris ma route, en pleine nuit.
Comment ai-je pu la juger aussi rapidement et aussi durement ?
— Pourquoi m’as-tu sauvé ?
Ma voix était encore un peu rauque, je me réveillais à peine. Un petit feu dansait devant moi, j’étais allongé sur une couverture. Il faisait nuit, une brume nous entourait toujours. Il faisait frais, mais c’était supportable. La jeune femme était assise à côté de moi, devant le feu, elle me dévisagea.
— Tu n’es pas venu ici pour mourir, mais pour survivre.
— Alors pourquoi m’avoir attaqué avant l’assaut du golem ?
La jeune femme se mit à ricaner. Elle me regarda encore avant de me tendre un pot de terre avec une espèce de ragoût dedans. Je pris la poterie encore chaude et saisi la cuillère qu’elle me tendit aussitôt.
— Je ne suis pas ici avec toi pour me prendre la tête, sinon j’aurais déjà décroché la tienne. Discutons, plutôt.
— Très bien. Qui es-tu ?
— Normalement, je ne dis pas qui je suis à une personne qui le demande et qui ne se présente pas. Mais, je vois que la politesse n’est pas ton fort. Je m’appelle Sélina Isiris, je suis une nécromante. Comme toi, j’ai été envoyée ici. Sais-tu où nous sommes ?
— Yoremi. Mon nom de famille n’a plus d’importance. Non, je ne sais pas où nous sommes. Je sais juste qu’on m’y a envoyé.
— Nous nous trouvons dans les Champs de Batailles Eternelles.
— Les Champs de… ? Où ça se trouve ? En Kryte ?
Sélina se remit à rire une nouvelle fois. Avais-je l’air vraiment si drôle ? En même temps, l’érudit ne m’a rien dit de ce qui allait se passer après m’avoir lancé ce sort. Ce doit être un entraînement pour moi. Il ne m’avait pas dit non plus que d’autres personnes allaient être envoyées aussi. Sélina semble bien différente de tous les soldats que j’ai pu rencontrer depuis mon arrivée.
— Non Yoremi. Tu n’y es pas du tout. Nous sommes dans une sorte de réalité parallèle. Comme toi j’y ai été envoyée, mais… Par moi-même.
— Pourquoi ? Pourquoi t’être envoyée ici ? Comment ça une réalité parallèle ?
— J’ai appris l’existence de cet endroit il y a quelques temps. Depuis, j’ai toujours voulu le visiter. Après avoir appris le sortilège, j’ai réussi à envoyer ma propre conscience ici. Nous nous trouvons dans une sorte d’illusion, une espèce de rêve. Il n’y a que ta conscience qui est présente, ton corps, tes habits, tes armes. Tout ça, c’est toi qui l’imagines.
Tout en dégustant le ragoût que Sélina avait cuisiné, je l’écoutais avec attention. Ca me semblait de plus en plus intéressant. Cet érudit ne s’était pas moqué de moi quand il m’avait dit qu’il allait mettre mon mental à de rudes épreuves. Tout ce que je faisais physiquement, j’apprenais psychologiquement. Maintenant, une seule question restait dans ma tête.
— Comment faisons-nous pour quitter cet endroit ?
— Ca… C’est la question à un million.
— Ne me fais pas croire ça, je la regardais dans les yeux avec insistance, elle ne détourna pas son regard. Tu ne te ferais pas venir ici sans connaître un moyen d’y sortir.
Sélina souriait, elle baissa la tête, la chevelure brune tomba par dessus sa tête, avant de la ramener derrière sa nuque avec la main. Elle releva sa tête et me regarda à nouveau.
— Je commence à comprendre ce qu’il y a derrière ce visage aussi dur et froid que tu portes Yoremi. Bien sur que oui, j’ai bien une idée pour revenir dans notre monde. Mais rien de concret, car je ne l’ai pas vu de mes propres yeux.
— Je t’écoute.
— Oh oh oh ! Ah non, mon cher. Je ne te dirais rien à propos de cette issue. Je ne te connais pas très bien encore. Et je suis loin de te faire confiance. Non, j’ai une bien meilleure idée.
Je fixai son regard. Elle pouvait lire en moi une colère féroce et un certain désappointement. Par contre, je pouvais lire en elle une volonté et un sourire vicieux qui ne cachaient aucun doute sur son intention et ses capacités.
— Je ne peux pas aller jusqu’à l’endroit en question toute seule… Je vais me servir de toi.
Les flammes du feu qui se trouvait devant nous s’interposèrent entre nos visages. Je me rendis enfin compte à qui j’avais à faire. Cette femme n’est pas n’importe qui. Elle est dangereuse, très dangereuse, je dois me méfier d’elle. Mais, je ne suis pas à la hauteur. J’en suis bien conscient. Elle dégage une aura très impressionnante qui écrase toutes mes forces, toutes mes capacités, toute mon audace. Elle veut m’utiliser. Non, elle ne veut pas seulement m’utiliser, elle me contraint à la laisser m’utiliser. Elle est vraiment très impressionnante. Je dois me préparer. Peu importe son plan, je devrais la suivre jusqu’à cette soi-disante « issue ». Je dois être prêt pour la contrecarrer le moment venu et saisir l’opportunité.
Tu dis commencer à me connaître… Tu dis vouloir m’utiliser… A ta guise… Tu vas apprendre à tes dépends que personne ne me contrôle.
Ses yeux me transperçaient toujours. J’avais posé le pot de terre. Je ne savais pas si elle voulait vraiment me mettre mal à l’aise. Surtout après avoir fait tout ça. Par contre, son regard était absolument enivrant.
— Te servir de moi ? Je te trouve assez sûr de toi. Si je refuse ?
— Tu comptes rester ici ? Dans ce monde que tu ne connais pas ?
— Non.
— Tu sais comment retourner dans ton monde ?
— Non plus.
— Que comptes-tu faire tout seul, alors ?
— Trouver ma propre sortie.
— Tu n’y arriveras pas tout seul.
— Comment le sais-tu ?
— Je te trouve plutôt mal informé sur où nous sommes et tu te crois capable de survivre tout seul. Alors que moi-même, j’ai besoin d’aide. Qui est sûr de soi, là ?
— Tu n’as pas demandé d’aide. Tu as réclamé te servir de moi.
Sur ces derniers mots, son expression sur son visage exprima une certaine déception et elle se senti blessée. Elle tourna la tête et regarda le feu. Le temps passa et, je me rendis compte qu’il ne servait plus à rien de la regarder. Je tournai également la tête vers le feu. Un long silence passa.
— Tu ne sais rien de cet endroit. Tu ne sais pas quoi faire pour sortir d’ici. Bien sur que je compte t’utiliser, comment faire autrement ?
— Tu pourrais me raconter tout ce que tu sais.
— Ca ne changerait rien à comment nous nous y prendrons pour la suite.
Sélina se leva, elle rangea quelques affaires dans son sac. Je la voyais, éclairée partiellement par les flammes, je ne m’étais pas rendu compte, mais elle était grande, ses courbes prononcées, sa tenue mettait en valeur sa féminité. Elle se retourna vers moi et me tendit mes dagues et mes pistolets. Je ne m’étais même pas rendu compte que je ne les portais pas.
— Tu peux les reprendre et partir. Je sais ce que tu penses. Et, même si tu es convaincu que je ne te connais pas du tout, tu te trompes. Tu es sûr de toi, tu connais tes capacités et tes limites. Tu ne t’ouvres pas aux gens. Tu as sûrement dû perdre une ou plusieurs personnes chères. Tu es solitaire. Tu ne fais confiance à personne et tu refuses une aide quelconque.
— Sélina…
— Ca ne me dérange pas. Tu es comme tu es. Et je me débrouillerais sans toi. Par contre, si je peux te donner un conseil avant que tu partes, il va falloir que tu te remettes sérieusement en question. Je ne sais pas à quoi tu aspires dans ta vie, mais tu ne peux pas continuer tout seul.
Je restais silencieux. Je ne savais pas quoi dire, quoi répondre. J’avais l’impression de m’être trompé sur toute la ligne avec elle. Etait-elle sincère ? Pourquoi suis-je si froid et distant avec n’importe qui ? Dans tous les cas, qu’elle fut franche ou non, je n’en saurais pas plus. Je devais continuer seul, elle aussi.
— Je te remercie pour ce que tu as fais, Sélina.
— Ne le sois pas, j’ai fais ce que j’ai supposé être nécessaire de faire. Prends tes armes et fais bonne route.
— Merci… Bonne chance à toi, j’espère que tu trouveras ce que tu cherches.
— Je l’espère aussi. Adieu Yoremi.
Sur ses derniers mots, je n’ai rien su lui dire. Je pris mes armes, les rangeai à ma ceinture. Je souhaitais croiser son regard, mais, une fois mes affaires récupérées, elle se détourna de moi et s’éloigna vers le feu. Je me tournai à mon tour et repris ma route, en pleine nuit.
Comment ai-je pu la juger aussi rapidement et aussi durement ?
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Cinq par Kim Eliana
Les prisonniers avaient retrouvé leurs familles, leurs amis. Ce fut un véritable succès, l’un des commandant nous remercia et nous affirma que cela allait beaucoup influencer le cours de la bataille. Les molosses sylvaris avaient également retrouvé leurs maîtres ou leurs familles. Tous nous remercièrent de ce que nous avions fait, ce fut un moment très chaleureux et agréable. Malgré ça, je ne pouvais pas oublier ce que j’ai été obligé de faire pour que la mission réussisse et pour que l’on puisse tous s’en sortir vivant. Je gardais toujours une boule au ventre et une sorte de dégoût au fond de la gorge.
J’étais partie m’isoler sur les terrasses du Bosquet, la vue était fabuleuse, l’air frais, la nuit apaisante. Je me tenais debout mais je me reposais. Jamais je ne m’aurais cru capable de faire ce que j’ai fais. Je n’avais pas peur de mes pouvoirs, j’ai depuis longtemps appris à les utiliser et les contrôler, mais, je restais surprise de la puissance de mes capacités. Je sais très bien qu’il y a bien plus fort que moi, mais je n’ai jamais voulu que ma magie grandisse autant, et pourtant. Plus le temps passait, plus elle n’arrêtait pas de croître en moi. J’arrive à la sentir, elle m’appelle, parfois, je la sent vouloir exploser en moi, comme si elle avait besoin de montrer sa force au monde entier.
J’avais six ans lorsque j’ai découvert, ou plutôt, que mes parents ont découvert ma magie avec étonnement. J’avais fait une bêtise un après-midi, et du coup, ma mère m’avait punie. Et je ne voulais pas aller dans ma chambre, elle a insisté, moi aussi, encore et encore, jusqu’au moment où elle a lâché prise et m’a laissé tranquille d’un seul coup. Mon père, qui était juste dehors a senti la magie se dégager de moi, il a accouru vers nous et nous a vite rassuré sur ce qu’il venait de se passer, car, moi-même, je ne comprenais pas la réaction de ma mère, je voulais simplement l’embêter un peu plus. Depuis, mon père m’a appris à contrôler, développer et maîtriser la magie en moi, tout en me montrant divers sorts et aptitudes qui pourraient me servir avec le temps, mais toujours avec de sévères règles d’usages qu’il m’avait inculqué.
J’étais vraiment fière de mes parents. Je suis bien consciente que j’ai beaucoup de chance d’avoir eu l’éducation que j’ai reçu, ainsi que la famille que j’ai eu. Je ne pourrais jamais les remercier assez de m’être fait devenir comme je suis. J’ai le sentiment maintenant, depuis quelques heures, de les avoir déçu, d’avoir fait des choses contraires à ce qu’ils m’avaient appris.
— Tu es perdue dans tes pensées Kim ?
Je tournai la tête et vis Navi s’approcher de moi. Flamme la suivait avant d’aller s’amuser avec ses confrères. Kim se posa à côté de moi et semblait attendre une réponse.
— Oui et non… Enfin… Je ne sais pas trop quoi penser de cette journée. Plein de choses errent dans ma tête. Nous avons libéré des prisonniers, sauvé des molosses, contrecarré des plans d’attaques, mais…
— On a dû tuer pour ça. C’est ça ?
— Oui… Ca ne m’est jamais arrivé. Enfin, je veux dire… Tuer une personne ! Ce n’est pas rien ! Même si elle était mauvaise. Ce n’était pas à moi d’en juger.
Navi me regarda attentivement et m’écouta avec attention. Elle semblait parfaitement comprendre le mal-être que je ressentais. Peut-être avait-elle senti ça avant ?
— Nous sommes en guerre. De mon côté, je suis un soldat et c’était un soldat ennemi. Je n’ai pas à réfléchir longtemps avant de prendre une telle décision. Mais Kim, je comprends ce que tu ressens.
— Comment puis-je vivre avec ça ?
— Tu vas y arriver. Nous y arrivons tous. Cet homme voulait te tuer, tu n’as fais que te défendre Kim. Si tu n’avais rien fait, tu serais morte. Il n’aurait pas hésité une seule seconde à te tuer.
Ses derniers mots me firent réfléchir. Elle avait raison sur toute la ligne. Mais je ne m’étais simplement pas préparé à ça. Comment une noble jeune femme du Promontoire qui vient toute juste de terminer ses études arrive jusqu’au Bosquet pour mener une opération de sauvetage sylvari et tue des ennemis sur la route ? C’est l’histoire de ma vie.
— Tuer ou être tué. Ca ressemble à ça ton explication.
— Malheureusement oui. A certains moments, on comprend tout le sens de cette phrase. Et c’est ce qui me maintient en vie. Je n’ai jamais de plaisir à tuer, mais si je ne le fais pas, c’est moi qui y passerais.
— Je comprends. J’espère simplement pouvoir surmonter ça.
— Ne t’en fais pas. Prends le temps qu’il te faut. Nous restons une nuit ici, profite pour te reposer.
— Merci Navi, bonne nuit.
— Bonne nuit Kim.
Navi caressa mon épaule avant de faire demi-tour et retourner à notre logement d’appoint. J’attendis un moment profitant de cette plénitude avant d’aller la rejoindre et de m’endormir très rapidement.
— Je ne vais pas mourir ici et ces personnes derrières moi non plus. Dis-moi qui tu es.
— Je te l’ai déjà dit, à quoi mon nom te sera utile dans les abîmes de l’Enfer ? Je suis la mort incarnée et… tu vas mourir ici.
Il faisait froid. Il neigeait. Le vent me fit frissonner. Yoremi se tenait à quelques mètres de moi, mais il me tourna le dos. Son corps faisait face à un spectre immense et ténébreux. Les deux combattants s’observèrent avant de se lancer dans un terrible combat. Je vis également une femme et un jeune enfant derrière Yoremi. Qui étaient-ils ? Yoremi semblait les protéger férocement.
Ca y est, le combat fut lancé. Je vis mon ami se déchaîner comme jamais. Il était gracieux, rapide, précis et violent. Il était impressionnant et très beau à voir. Je sentais qu’il avait ça dans son sang. Il appelait à combattre, il se délectait de chaque coup porté. Mais le spectre reprit la main. Il contre-attaqua et Yoremi se retrouva complètement acculé. Ce fut horrible. J’essayai de courir l’aider mais il m’était impossible de bouger. Je n’étais pas bloqué ou étreint, simplement mon esprit ne voulait pas bouger, je n’étais qu’une spectatrice de ce massacre. Tout comme la femme et l’enfant.
Yoremi fut projeté contre une paroi et le spectre le taillada sur tout le corps à une vitesse effroyable. Mes mains cachèrent ma bouche, des larmes coulèrent sur mes joues, je criais, j’hurlais ! Je devais arrêter ça ! D’un coup, Yoremi fut planté contre un rocher, des lames s’étaient plantées dans tous ses membres, je failli vomir quand je vis tout son sang se verser dans la neige.
Yoremi… Qu’est ce qui s’est passé ? Qu’est ce qui t’arrive ? Est ce une prémonition ? Un simple cauchemar ? Est ce que ça t’est arrivé ?
Un brouillard s’installa et me transporta ailleurs. J’étais dans un champ. L’air était doux, mais je sentis une odeur de brûlé, comme si on brûlait de la paille ou du bois. Je vis au loin un village en feu, des gardes combattre des brigands. Je m’attardais sur la bataille et je reconnu finalement Yoremi. Il venait de planter une de ses dagues dans le cœur d’un bandit. Il le laissa s’effondrer avant de disparaître dans une lueur aveuglante.
Je le vis se rapprocher de la même femme et du même enfant que tout à l’heure. Je le vis discuter, s’ouvrir à des gens, bien qu’il gardait ses distances. Ils se mirent à faire route ensemble. Des flashs se succédèrent et je le vis se rapprocher petit à petit de la femme et de l’enfant. Ce-dernier rigolait avec Yoremi. La jeune femme qui semblait avoir un air perpétuellement triste se rapprocha sensiblement de Yoremi et montrait du soulagement.
Une vague noire se projeta sur moi et me ramena à la première scène. Je vis les corps de la femme et de l’enfant au sol, ils ne bougeaient plus et du sang sortait sous le corps de la mère. J’eus encore un haussement de cœur. Je cherchais Yoremi et je le vis toujours planté contre la paroi, son sang inondant le sol. Le spectre était à son niveau, il avait posé une main sur le torse de Yoremi et une lumière éblouissante éclata son buste et son cri déchira le ciel.
Je me réveillai en sursaut et complètement en sueur.
Les prisonniers avaient retrouvé leurs familles, leurs amis. Ce fut un véritable succès, l’un des commandant nous remercia et nous affirma que cela allait beaucoup influencer le cours de la bataille. Les molosses sylvaris avaient également retrouvé leurs maîtres ou leurs familles. Tous nous remercièrent de ce que nous avions fait, ce fut un moment très chaleureux et agréable. Malgré ça, je ne pouvais pas oublier ce que j’ai été obligé de faire pour que la mission réussisse et pour que l’on puisse tous s’en sortir vivant. Je gardais toujours une boule au ventre et une sorte de dégoût au fond de la gorge.
J’étais partie m’isoler sur les terrasses du Bosquet, la vue était fabuleuse, l’air frais, la nuit apaisante. Je me tenais debout mais je me reposais. Jamais je ne m’aurais cru capable de faire ce que j’ai fais. Je n’avais pas peur de mes pouvoirs, j’ai depuis longtemps appris à les utiliser et les contrôler, mais, je restais surprise de la puissance de mes capacités. Je sais très bien qu’il y a bien plus fort que moi, mais je n’ai jamais voulu que ma magie grandisse autant, et pourtant. Plus le temps passait, plus elle n’arrêtait pas de croître en moi. J’arrive à la sentir, elle m’appelle, parfois, je la sent vouloir exploser en moi, comme si elle avait besoin de montrer sa force au monde entier.
J’avais six ans lorsque j’ai découvert, ou plutôt, que mes parents ont découvert ma magie avec étonnement. J’avais fait une bêtise un après-midi, et du coup, ma mère m’avait punie. Et je ne voulais pas aller dans ma chambre, elle a insisté, moi aussi, encore et encore, jusqu’au moment où elle a lâché prise et m’a laissé tranquille d’un seul coup. Mon père, qui était juste dehors a senti la magie se dégager de moi, il a accouru vers nous et nous a vite rassuré sur ce qu’il venait de se passer, car, moi-même, je ne comprenais pas la réaction de ma mère, je voulais simplement l’embêter un peu plus. Depuis, mon père m’a appris à contrôler, développer et maîtriser la magie en moi, tout en me montrant divers sorts et aptitudes qui pourraient me servir avec le temps, mais toujours avec de sévères règles d’usages qu’il m’avait inculqué.
J’étais vraiment fière de mes parents. Je suis bien consciente que j’ai beaucoup de chance d’avoir eu l’éducation que j’ai reçu, ainsi que la famille que j’ai eu. Je ne pourrais jamais les remercier assez de m’être fait devenir comme je suis. J’ai le sentiment maintenant, depuis quelques heures, de les avoir déçu, d’avoir fait des choses contraires à ce qu’ils m’avaient appris.
— Tu es perdue dans tes pensées Kim ?
Je tournai la tête et vis Navi s’approcher de moi. Flamme la suivait avant d’aller s’amuser avec ses confrères. Kim se posa à côté de moi et semblait attendre une réponse.
— Oui et non… Enfin… Je ne sais pas trop quoi penser de cette journée. Plein de choses errent dans ma tête. Nous avons libéré des prisonniers, sauvé des molosses, contrecarré des plans d’attaques, mais…
— On a dû tuer pour ça. C’est ça ?
— Oui… Ca ne m’est jamais arrivé. Enfin, je veux dire… Tuer une personne ! Ce n’est pas rien ! Même si elle était mauvaise. Ce n’était pas à moi d’en juger.
Navi me regarda attentivement et m’écouta avec attention. Elle semblait parfaitement comprendre le mal-être que je ressentais. Peut-être avait-elle senti ça avant ?
— Nous sommes en guerre. De mon côté, je suis un soldat et c’était un soldat ennemi. Je n’ai pas à réfléchir longtemps avant de prendre une telle décision. Mais Kim, je comprends ce que tu ressens.
— Comment puis-je vivre avec ça ?
— Tu vas y arriver. Nous y arrivons tous. Cet homme voulait te tuer, tu n’as fais que te défendre Kim. Si tu n’avais rien fait, tu serais morte. Il n’aurait pas hésité une seule seconde à te tuer.
Ses derniers mots me firent réfléchir. Elle avait raison sur toute la ligne. Mais je ne m’étais simplement pas préparé à ça. Comment une noble jeune femme du Promontoire qui vient toute juste de terminer ses études arrive jusqu’au Bosquet pour mener une opération de sauvetage sylvari et tue des ennemis sur la route ? C’est l’histoire de ma vie.
— Tuer ou être tué. Ca ressemble à ça ton explication.
— Malheureusement oui. A certains moments, on comprend tout le sens de cette phrase. Et c’est ce qui me maintient en vie. Je n’ai jamais de plaisir à tuer, mais si je ne le fais pas, c’est moi qui y passerais.
— Je comprends. J’espère simplement pouvoir surmonter ça.
— Ne t’en fais pas. Prends le temps qu’il te faut. Nous restons une nuit ici, profite pour te reposer.
— Merci Navi, bonne nuit.
— Bonne nuit Kim.
Navi caressa mon épaule avant de faire demi-tour et retourner à notre logement d’appoint. J’attendis un moment profitant de cette plénitude avant d’aller la rejoindre et de m’endormir très rapidement.
— Je ne vais pas mourir ici et ces personnes derrières moi non plus. Dis-moi qui tu es.
— Je te l’ai déjà dit, à quoi mon nom te sera utile dans les abîmes de l’Enfer ? Je suis la mort incarnée et… tu vas mourir ici.
Il faisait froid. Il neigeait. Le vent me fit frissonner. Yoremi se tenait à quelques mètres de moi, mais il me tourna le dos. Son corps faisait face à un spectre immense et ténébreux. Les deux combattants s’observèrent avant de se lancer dans un terrible combat. Je vis également une femme et un jeune enfant derrière Yoremi. Qui étaient-ils ? Yoremi semblait les protéger férocement.
Ca y est, le combat fut lancé. Je vis mon ami se déchaîner comme jamais. Il était gracieux, rapide, précis et violent. Il était impressionnant et très beau à voir. Je sentais qu’il avait ça dans son sang. Il appelait à combattre, il se délectait de chaque coup porté. Mais le spectre reprit la main. Il contre-attaqua et Yoremi se retrouva complètement acculé. Ce fut horrible. J’essayai de courir l’aider mais il m’était impossible de bouger. Je n’étais pas bloqué ou étreint, simplement mon esprit ne voulait pas bouger, je n’étais qu’une spectatrice de ce massacre. Tout comme la femme et l’enfant.
Yoremi fut projeté contre une paroi et le spectre le taillada sur tout le corps à une vitesse effroyable. Mes mains cachèrent ma bouche, des larmes coulèrent sur mes joues, je criais, j’hurlais ! Je devais arrêter ça ! D’un coup, Yoremi fut planté contre un rocher, des lames s’étaient plantées dans tous ses membres, je failli vomir quand je vis tout son sang se verser dans la neige.
Yoremi… Qu’est ce qui s’est passé ? Qu’est ce qui t’arrive ? Est ce une prémonition ? Un simple cauchemar ? Est ce que ça t’est arrivé ?
Un brouillard s’installa et me transporta ailleurs. J’étais dans un champ. L’air était doux, mais je sentis une odeur de brûlé, comme si on brûlait de la paille ou du bois. Je vis au loin un village en feu, des gardes combattre des brigands. Je m’attardais sur la bataille et je reconnu finalement Yoremi. Il venait de planter une de ses dagues dans le cœur d’un bandit. Il le laissa s’effondrer avant de disparaître dans une lueur aveuglante.
Je le vis se rapprocher de la même femme et du même enfant que tout à l’heure. Je le vis discuter, s’ouvrir à des gens, bien qu’il gardait ses distances. Ils se mirent à faire route ensemble. Des flashs se succédèrent et je le vis se rapprocher petit à petit de la femme et de l’enfant. Ce-dernier rigolait avec Yoremi. La jeune femme qui semblait avoir un air perpétuellement triste se rapprocha sensiblement de Yoremi et montrait du soulagement.
Une vague noire se projeta sur moi et me ramena à la première scène. Je vis les corps de la femme et de l’enfant au sol, ils ne bougeaient plus et du sang sortait sous le corps de la mère. J’eus encore un haussement de cœur. Je cherchais Yoremi et je le vis toujours planté contre la paroi, son sang inondant le sol. Le spectre était à son niveau, il avait posé une main sur le torse de Yoremi et une lumière éblouissante éclata son buste et son cri déchira le ciel.
Je me réveillai en sursaut et complètement en sueur.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Six par Yoremi Crow
Nous étions acculés. Enfermés dans le donjon, entourés de soldats, nous ne trouvions aucune échappatoire. Nous soufflions. Les soldats se postèrent simplement autour de nous, leurs épées nous pointant. Je gardai mes dagues en mains, je n’abandonnerai pas, bien que je connaissais l’issu.
L’attente fut insupportable, je tournai ma tête en direction de ma sœur d’armes… Sélina. Son regard était comme le mien, son expression… Nous en étions là et pourtant… Tout était si bien préparé. Notre plan étais si précis, si calculé et finalement, nous avons réussi à nous faire prendre de vitesse et en embuscade. La porte de sortie était si proche. A bien y réfléchir, il y a quelques heures, je n’aurais jamais cru être aussi proche de cette sortie.
Quatre heures plus tôt.
J’avais l’habitude de vivre et de faire avec mes erreurs. Ce n’était pas tant ça qui me rongea l’esprit, mais d’avoir mit en porte-à-faux une personne qui était d’une franchise sans faille. Elle était forte, honnête et compétente. Elle ne me connaissait pas, mais elle a senti en moi quelque chose qu’elle se devait de sauver. J’ai réduit à néant toute cette bonté par mes sentiments et mes convictions totalement arbitraires. Et pour ne rien gâcher, c’est moi qui me retrouve coincé sur ce champ de batailles.
Il fallait que je change, ça je l’avais comprit. Dois-je également remettre en question tout ce que m’a enseigné mon maître ? Il est tout de même venu de très loin et il m’avait choisi alors que je n’avais que douze ans. Ses intentions ne pouvaient être mauvaises avec la tragédie que je venais juste de subir. Peut-être que j’ai maintenant l’occasion d’étendre encore plus mes capacités et mes pouvoirs et que je pourrais bientôt le surpasser. C’est encore trop tôt pour le dire. Je devais avant tout trouver un moyen de quitter cette illusion pour revenir en Tyrie.
Je repris une route vers le château sur lequel j’étais apparu, les soldats qui s’y trouvèrent ne semblaient pas vouloir m’attaquer, par rapport aux autres. Je pourrais peut-être obtenir quelques réponses à mes questions. Bien sur, j’évitais les routes et passais par les forêts et les plaines. Au fil du temps, je commençais à me précipiter et faire de moins en moins attention par où j’allais. Je voyais le château non loin devant moi. D’un coup, encore plus proche de moi, je vis une flamme au sol à une centaine de pas, je m’arrêtai net, c’était un feu de camp. Je n’étais plus seul. Je repris une attitude furtive tout en espérant ne pas avoir été trop bruyant juste avant.
Je m’approchais silencieusement du camp, je m’aidais des arbres et des buissons pour me cacher, il faisait nuit, c’était idéal. Je distinguais quatre silhouettes autour du feu, ils mangeaient. A la vue de l’équipement réduit qu’ils avaient, de leurs tenues très sombres, j’étais certain que c’était une bande de voleurs. Je ne distinguais aucune arme, ils les avaient sur eux. Si j’espérais continuer vers le château, j’allais devoir les affronter ou bien faire un très grand détour, la vigilance des voleurs étant très grande, je ne devais prendre aucun risque. Je me laissais séduire par la seconde option quand une pointe en métal se posa sur ma nuque.
— Lève-toi délicatement et sans geste brusque. Tu le sais comme moi que je te planterai avant que tu ais essayé quoi que ce soit.
Je ne cherchais pas à répondre, il m’avait eu et il avait raison, tenter quoi que ce soit maintenant était peine perdue. J’obtempérais, il me conduisit au fameux feu de camp. Les autres voleurs me voyant arriver posèrent leurs soupes, se levèrent et sortirent leurs armes. Finalement ils étaient cinq, pas quatre. Ils me mirent à genoux.
— Que viens-tu faire ici ? Qui es-tu et d’où viens-tu ?
Je ne répondis pas. Je devais trouver une solution pour contre-attaquer à la moindre occasion. Je gagnerais du temps le moment venu.
— Tu fais le muet ? Tu es sourd peut-être ? Les deux ensembles ?
L’homme qui me parlait m’adressa un coup de poing en pleine figure, une gerbe de sang fusa de ma bouche. Son coup était d’une force rare. Il fit un signe à ses semblables et celui derrière moi me retira mon haut de corps et je me retrouvais torse nu. Il pu découvrir ma ceinture avec tout mon armement. Il me retira mes dagues, mes pistolets, mon grappin, mes bombes et quelques outils.
— Et bien ! Tu n’es pas un homme ordinaire, toi !
— Je ne pense pas qu’il y ait des hommes ordinaires ici…
— Tu as bien raison. D’ailleurs, nous allons te le prouver. Voilà ce qui va se passer, nous allons voler toutes tes affaires et te tuer. Je suis désolé pour toi.
— Non c’est faux, tu ne l’es pas. Fais ce que tu as à faire.
— Tu souris face à la mort ? Il n’y a vraiment personne de normal et censé ici, ah ah ah !
Il sorti sa dague et d’un coup de revers il exécuta sa sentence, sauf qu’une flèche lui transperça l’avant-bras ce qui le stoppa dans sa course. Dès l’instant, je lançais ma tête en arrière et frappa violemment l’homme derrière moi, son nez éclata, je me retournai et saisi la dague qui devait me trancher la gorge pour la planter dans le cœur de l’homme qui saignait du nez. L’action avait à peine durée deux secondes, l’homme qui devait me tuer tenait son avant-bras transpercé, les trois autres guettaient tout autour d’eux afin de repérer l’archer, sans succès.
Mais l’action continua, je me jetai sur l’homme au bras transpercé pour finir le travail. Je laissai sa dague dans un de ses poumons. Il cracha du sang.
— M… Mais… Qui… Qui es-tu ?
— L’Ange de la Mort.
Je tournai la dague dans son poumon d’un coup sec pour abréger ses souffrances. Je vis l’un des voleurs se ruer vers moi. Sa vitesse était impressionnante, Je dû faire une foulée de l’ombre afin de l’esquiver. Cette dernière me fatigua aisément mais je me donnais un second souffle afin de l’attaquer lorsqu’une flèche se planta dans son crâne. Surpris de l’effet, je laissais tomber le mort par terre et ramassai mes dagues. Je me projetai sur les deux derniers, armés de dagues eux-aussi, nos armes s’entrechoquèrent à une vitesse ahurissante, ma vitesse était légèrement supérieure, je pris l’ascendant sur un et je le tranchai sur différentes artères de la cuisse et des bras. Le dernier allait trancher mon dos lorsqu’une nouvelle flèche vint me sauver la vie.
Je tournai la tête vers l’archer. Ce fut plutôt une archère.
— Je savais que tu allais avoir besoin de moi.
Sa remarque me fit sourire, je la regardai dans les yeux.
— A ce qu’il paraît tu aurais aussi besoin de moi.
— Tu m’es redevable maintenant.
Dès la fin de sa phrase je lançai une dague dans sa direction. Elle fut si surprise du geste qu’elle ne bougea même pas. La dague se planta en plein dans le buste d’une silhouette derrière elle. Sélina me regarda d’un air surpris mais détendu. Je lui fis signe d’approcher.
— Plus maintenant.
Elle descendit la motte de terre en rigolant…
— Ca te paraît un bon plan ?
— Et bien je n’y trouve rien à y redire. Rapide et efficace, c’est comme ça que je me débrouille le mieux Sélina.
— A la bonne heure.
Nous étions derrière les fortifications du château, au pied d’une tour. Sélina banda son arc et tira une flèche sur le garde de la tour, celui-ci l’a reçu dans la mâchoire, son menton perforé, il s’écroula net. J’armai mon grappin et tirai sur la tour, le grappin s’accrocha. Tout en tenant le grappin, je laissai Sélina monter en premier puis je la suivi. Première étape effectuée. La fameuse sortie était une porte de téléportation, similaire à un passage asura. Elle devrait se trouver dans la tour principale du château et nous devions y aller furtivement, même si j’avais aidé ce château à mon arrivé, aucun soldat ne me reconnaîtrait.
Accéder à la tour ne fut pas très difficile, il n’y avait pas grand monde sur les extérieurs mis à part sur les tours et les murailles. Grâce au grappin nous avons pu faire une sorte de tyrolienne jusqu’à une ouverture dans la tour. Toujours en silence, nous commençâmes à monter en pensant que la porte serait toute en haut de cette tour. Voyant presque le bout de l’escalier, nous commençâmes à accélérer le mouvement en espérant pouvoir rapidement quitter ce monde. D’un coup, j’heurtai de plein fouet un bouclier, Sélina s’arrêta net devant moi et je compris l’expression d’effroi de son visage lorsque je vis le groupe de soldats qui descendait de la tour, ils étaient une bonne cinquantaine, voire plus. Il était clair qu’ils furent tous aussi surpris que nous. Du coup, nous ne perdîmes pas un seul instant et nous rebroussions chemin vers le bas de la tour pour trouver un autre moyen d’accéder au sommet.
Nous dévalions les escaliers bien plus vite que lorsque nous les montions, on entendait la course des soldats derrière nous, ils étaient bien trop nombreux pour que nous puissions les affronter. Fin de l’escalier, nous franchîmes la porte et tombons sur une grande salle… remplie de soldats.
— Ce n’est pas vrai…
— C’est une blague, répondais-je à Sélina.
Les soldats se tournèrent vers nous avec étonnement. Ils n’attendirent pas un seul instant pour nous encercler avec ceux qui venaient d’arriver du haut de la tour. Il y avait près de cent soldats armés et équipés pour une guerre.
— Nous y voilà…
— On était si près du but… Je suis désolé Yoremi de t’avoir embarqué là-dedans.
— Tu n’as pas à l’être, j’ai fais mon choix moi aussi.
Je pris mes pistolets en mains et les sortis de leurs holsters. Bien que je connaissais l’issu, je n’allais pas abandonner non plus.
— Déposez vos armes.
La voix provenait d’un Charr extrêmement imposant, il surplombait tout le monde, la pièce se rétrécissait à sa vue. Il s’approcha de nous, tous les soldats se poussèrent afin de ne pas le gêner. Lorsqu’il se pointa devant nous, j’arrivais à peine à sa ceinture. Ma tête n’était pas plus grosse qu’une orange pour ses mains. Sa coiffure brune, son pelage orange tigré, sa musculature et ses griffes imposaient le respect : ça s’annonçait très mal.
— Je suis le capitaine Ragnark Cendredent. Déposez vos armes. Si ce n’est pas mes soldats, ce sera moi qui vous fracasserais si vous ne faîtes pas ce que je vous dis.
— Tu ne nous connais pas. Comment peux-tu savoir que tu pourrais nous battre ?
— Chère Dame, j’ai plus de guerres et de combats que toute ta famille réunie. Je sais rapidement jauger les gens. Vous avez fuit devant quarante-cinq soldats dans la tour, nous sommes ici cent-quinze. Je le répète une dernière fois : déposez vos armes.
Je restais silencieux. Je l’observais. J’observais les soldats, les alentours. Je ne savais pas ce que comptait faire Sélina, mais il fallait agir vite. D’un coup, je sentis son regard posé sur moi. Je la regardais et je pus lire dans ses yeux… Bien sur, c’est une nécromante… Cette fois encore, ça risque de me pomper beaucoup d’énergie, mais, je n’avais pas le choix.
Je rangeai mes pistolets. Je vis un léger sourire sur le charr. Lorsque je posai mes mains sur mes dagues, il fit la grimace. Je fléchissais légèrement mes jambes, empoignais mes dagues, Ragnark grogna, la tempête éclata. Je partais dans un tourbillon avec mes dagues qui découpaient tout ce qu’elles rencontraient. Je partais en direction des soldats qui essayaient de se protéger tant bien que mal, mais la violence et la célérité des coups firent craquer leurs boucliers et leurs armures. Les soldats tombèrent un à un dans des morts sanglantes. Je tournais autour de Sélina afin de la protéger et je découpais tout ce qui tentait de s’approcher.
Les secondes passèrent, des dizaines de cadavres entouraient Sélina. De mon côté, la fatigue se fit sentir, je relâchais mon attaque et la tempête prit fin. La riposte ne se fit pas attendre, Ragnark empoigna ma gorge, me souleva et se mit à courir en me brandissant devant lui.
— A toi de jouer maintenant Sélina !!
Ragnark me plaqua d’une férocité et d’une puissance jamais vue contre le mur, celui-ci se fissura derrière moi. Je crachai du sang et fut à moitié sonné. Mais ce n’était pas finit, il me fit passer par-dessus lui toujours avec un bras et m’éclata contre le sol. Ce dernier se fissura également. Mon sang sortit de ma bouche. Je devais réagir. J’écrasais son poignet avec mes deux avant-bras croisés, il perdit sa force, contraint de lâcher, il lâcha prise mais me colla une gauche ultra-puissante en pleine figure, il me fit décoller du sol et je fis un bon de trois mètres.
L’atterrissage était rude. Je me soulevais avec grande peine. D’un coup, j’avais l’impression que nous étions que Ragnark et moi dans la pièce. J’ouvrai les yeux et regardai le talent à l’œuvre de Sélina. Tous les morts que j’avais faits autour d’elle, elle les a ramené à la vie pour qu’ils combattent avec nous. C’était inimaginable ! Tous les soldats étaient occupés à combattre des corps sans vies mais qui se battaient avec ardeur. Moi aussi, je devais reprendre le combat, assez tergiversé. A peine ai-je le temps d’y penser qu’une patte aussi puissante que musclée s’enfonça dans mon ventre pour me faire décoller une nouvelle fois. Le coup était si violent que je failli vomir.
— Yoremi ! C’est quand tu veux !
Bien, le signal de Sélina. Ragnark courrait une nouvelle fois vers moi. Je me mis accroupis. Je vis sa jambe se ruer sur moi. D’un coup vif je sautai par-dessus sa jambe et plantai mes dagues dans ses deux cuisses avant de lancer une bombe fumigène. La fumée remplissait toute la pièce, Ragnark ne me voyait plus, mais il semblait plus occupé à retirer les lames de ses jambes. Je fis une foulée de l’ombre vers Sélina. Je l’attrapais par la main et la guidais vers les escaliers de la tour.
Nous avalions les marches quatre à quatre, nous devions fuir maintenant ! Quelques secondes passèrent, nous pouvions entendre Ragnark rugir et monter les escaliers avec ses soldats. Nous arrivions enfin au sommet de la tour et le portail s’y trouvait aussi. Nous nous regardâmes avec Sélina, nous avions plein de choses à nous dire, mais le temps ne s’y prêtait pas. Elle me tendit sa main, sans un mot, je compris ses intentions. Je la pris avec la mienne et nous sautions dans le portail.
Ce fut le noir complet.
Nous étions acculés. Enfermés dans le donjon, entourés de soldats, nous ne trouvions aucune échappatoire. Nous soufflions. Les soldats se postèrent simplement autour de nous, leurs épées nous pointant. Je gardai mes dagues en mains, je n’abandonnerai pas, bien que je connaissais l’issu.
L’attente fut insupportable, je tournai ma tête en direction de ma sœur d’armes… Sélina. Son regard était comme le mien, son expression… Nous en étions là et pourtant… Tout était si bien préparé. Notre plan étais si précis, si calculé et finalement, nous avons réussi à nous faire prendre de vitesse et en embuscade. La porte de sortie était si proche. A bien y réfléchir, il y a quelques heures, je n’aurais jamais cru être aussi proche de cette sortie.
Quatre heures plus tôt.
J’avais l’habitude de vivre et de faire avec mes erreurs. Ce n’était pas tant ça qui me rongea l’esprit, mais d’avoir mit en porte-à-faux une personne qui était d’une franchise sans faille. Elle était forte, honnête et compétente. Elle ne me connaissait pas, mais elle a senti en moi quelque chose qu’elle se devait de sauver. J’ai réduit à néant toute cette bonté par mes sentiments et mes convictions totalement arbitraires. Et pour ne rien gâcher, c’est moi qui me retrouve coincé sur ce champ de batailles.
Il fallait que je change, ça je l’avais comprit. Dois-je également remettre en question tout ce que m’a enseigné mon maître ? Il est tout de même venu de très loin et il m’avait choisi alors que je n’avais que douze ans. Ses intentions ne pouvaient être mauvaises avec la tragédie que je venais juste de subir. Peut-être que j’ai maintenant l’occasion d’étendre encore plus mes capacités et mes pouvoirs et que je pourrais bientôt le surpasser. C’est encore trop tôt pour le dire. Je devais avant tout trouver un moyen de quitter cette illusion pour revenir en Tyrie.
Je repris une route vers le château sur lequel j’étais apparu, les soldats qui s’y trouvèrent ne semblaient pas vouloir m’attaquer, par rapport aux autres. Je pourrais peut-être obtenir quelques réponses à mes questions. Bien sur, j’évitais les routes et passais par les forêts et les plaines. Au fil du temps, je commençais à me précipiter et faire de moins en moins attention par où j’allais. Je voyais le château non loin devant moi. D’un coup, encore plus proche de moi, je vis une flamme au sol à une centaine de pas, je m’arrêtai net, c’était un feu de camp. Je n’étais plus seul. Je repris une attitude furtive tout en espérant ne pas avoir été trop bruyant juste avant.
Je m’approchais silencieusement du camp, je m’aidais des arbres et des buissons pour me cacher, il faisait nuit, c’était idéal. Je distinguais quatre silhouettes autour du feu, ils mangeaient. A la vue de l’équipement réduit qu’ils avaient, de leurs tenues très sombres, j’étais certain que c’était une bande de voleurs. Je ne distinguais aucune arme, ils les avaient sur eux. Si j’espérais continuer vers le château, j’allais devoir les affronter ou bien faire un très grand détour, la vigilance des voleurs étant très grande, je ne devais prendre aucun risque. Je me laissais séduire par la seconde option quand une pointe en métal se posa sur ma nuque.
— Lève-toi délicatement et sans geste brusque. Tu le sais comme moi que je te planterai avant que tu ais essayé quoi que ce soit.
Je ne cherchais pas à répondre, il m’avait eu et il avait raison, tenter quoi que ce soit maintenant était peine perdue. J’obtempérais, il me conduisit au fameux feu de camp. Les autres voleurs me voyant arriver posèrent leurs soupes, se levèrent et sortirent leurs armes. Finalement ils étaient cinq, pas quatre. Ils me mirent à genoux.
— Que viens-tu faire ici ? Qui es-tu et d’où viens-tu ?
Je ne répondis pas. Je devais trouver une solution pour contre-attaquer à la moindre occasion. Je gagnerais du temps le moment venu.
— Tu fais le muet ? Tu es sourd peut-être ? Les deux ensembles ?
L’homme qui me parlait m’adressa un coup de poing en pleine figure, une gerbe de sang fusa de ma bouche. Son coup était d’une force rare. Il fit un signe à ses semblables et celui derrière moi me retira mon haut de corps et je me retrouvais torse nu. Il pu découvrir ma ceinture avec tout mon armement. Il me retira mes dagues, mes pistolets, mon grappin, mes bombes et quelques outils.
— Et bien ! Tu n’es pas un homme ordinaire, toi !
— Je ne pense pas qu’il y ait des hommes ordinaires ici…
— Tu as bien raison. D’ailleurs, nous allons te le prouver. Voilà ce qui va se passer, nous allons voler toutes tes affaires et te tuer. Je suis désolé pour toi.
— Non c’est faux, tu ne l’es pas. Fais ce que tu as à faire.
— Tu souris face à la mort ? Il n’y a vraiment personne de normal et censé ici, ah ah ah !
Il sorti sa dague et d’un coup de revers il exécuta sa sentence, sauf qu’une flèche lui transperça l’avant-bras ce qui le stoppa dans sa course. Dès l’instant, je lançais ma tête en arrière et frappa violemment l’homme derrière moi, son nez éclata, je me retournai et saisi la dague qui devait me trancher la gorge pour la planter dans le cœur de l’homme qui saignait du nez. L’action avait à peine durée deux secondes, l’homme qui devait me tuer tenait son avant-bras transpercé, les trois autres guettaient tout autour d’eux afin de repérer l’archer, sans succès.
Mais l’action continua, je me jetai sur l’homme au bras transpercé pour finir le travail. Je laissai sa dague dans un de ses poumons. Il cracha du sang.
— M… Mais… Qui… Qui es-tu ?
— L’Ange de la Mort.
Je tournai la dague dans son poumon d’un coup sec pour abréger ses souffrances. Je vis l’un des voleurs se ruer vers moi. Sa vitesse était impressionnante, Je dû faire une foulée de l’ombre afin de l’esquiver. Cette dernière me fatigua aisément mais je me donnais un second souffle afin de l’attaquer lorsqu’une flèche se planta dans son crâne. Surpris de l’effet, je laissais tomber le mort par terre et ramassai mes dagues. Je me projetai sur les deux derniers, armés de dagues eux-aussi, nos armes s’entrechoquèrent à une vitesse ahurissante, ma vitesse était légèrement supérieure, je pris l’ascendant sur un et je le tranchai sur différentes artères de la cuisse et des bras. Le dernier allait trancher mon dos lorsqu’une nouvelle flèche vint me sauver la vie.
Je tournai la tête vers l’archer. Ce fut plutôt une archère.
— Je savais que tu allais avoir besoin de moi.
Sa remarque me fit sourire, je la regardai dans les yeux.
— A ce qu’il paraît tu aurais aussi besoin de moi.
— Tu m’es redevable maintenant.
Dès la fin de sa phrase je lançai une dague dans sa direction. Elle fut si surprise du geste qu’elle ne bougea même pas. La dague se planta en plein dans le buste d’une silhouette derrière elle. Sélina me regarda d’un air surpris mais détendu. Je lui fis signe d’approcher.
— Plus maintenant.
Elle descendit la motte de terre en rigolant…
— Ca te paraît un bon plan ?
— Et bien je n’y trouve rien à y redire. Rapide et efficace, c’est comme ça que je me débrouille le mieux Sélina.
— A la bonne heure.
Nous étions derrière les fortifications du château, au pied d’une tour. Sélina banda son arc et tira une flèche sur le garde de la tour, celui-ci l’a reçu dans la mâchoire, son menton perforé, il s’écroula net. J’armai mon grappin et tirai sur la tour, le grappin s’accrocha. Tout en tenant le grappin, je laissai Sélina monter en premier puis je la suivi. Première étape effectuée. La fameuse sortie était une porte de téléportation, similaire à un passage asura. Elle devrait se trouver dans la tour principale du château et nous devions y aller furtivement, même si j’avais aidé ce château à mon arrivé, aucun soldat ne me reconnaîtrait.
Accéder à la tour ne fut pas très difficile, il n’y avait pas grand monde sur les extérieurs mis à part sur les tours et les murailles. Grâce au grappin nous avons pu faire une sorte de tyrolienne jusqu’à une ouverture dans la tour. Toujours en silence, nous commençâmes à monter en pensant que la porte serait toute en haut de cette tour. Voyant presque le bout de l’escalier, nous commençâmes à accélérer le mouvement en espérant pouvoir rapidement quitter ce monde. D’un coup, j’heurtai de plein fouet un bouclier, Sélina s’arrêta net devant moi et je compris l’expression d’effroi de son visage lorsque je vis le groupe de soldats qui descendait de la tour, ils étaient une bonne cinquantaine, voire plus. Il était clair qu’ils furent tous aussi surpris que nous. Du coup, nous ne perdîmes pas un seul instant et nous rebroussions chemin vers le bas de la tour pour trouver un autre moyen d’accéder au sommet.
Nous dévalions les escaliers bien plus vite que lorsque nous les montions, on entendait la course des soldats derrière nous, ils étaient bien trop nombreux pour que nous puissions les affronter. Fin de l’escalier, nous franchîmes la porte et tombons sur une grande salle… remplie de soldats.
— Ce n’est pas vrai…
— C’est une blague, répondais-je à Sélina.
Les soldats se tournèrent vers nous avec étonnement. Ils n’attendirent pas un seul instant pour nous encercler avec ceux qui venaient d’arriver du haut de la tour. Il y avait près de cent soldats armés et équipés pour une guerre.
— Nous y voilà…
— On était si près du but… Je suis désolé Yoremi de t’avoir embarqué là-dedans.
— Tu n’as pas à l’être, j’ai fais mon choix moi aussi.
Je pris mes pistolets en mains et les sortis de leurs holsters. Bien que je connaissais l’issu, je n’allais pas abandonner non plus.
— Déposez vos armes.
La voix provenait d’un Charr extrêmement imposant, il surplombait tout le monde, la pièce se rétrécissait à sa vue. Il s’approcha de nous, tous les soldats se poussèrent afin de ne pas le gêner. Lorsqu’il se pointa devant nous, j’arrivais à peine à sa ceinture. Ma tête n’était pas plus grosse qu’une orange pour ses mains. Sa coiffure brune, son pelage orange tigré, sa musculature et ses griffes imposaient le respect : ça s’annonçait très mal.
— Je suis le capitaine Ragnark Cendredent. Déposez vos armes. Si ce n’est pas mes soldats, ce sera moi qui vous fracasserais si vous ne faîtes pas ce que je vous dis.
— Tu ne nous connais pas. Comment peux-tu savoir que tu pourrais nous battre ?
— Chère Dame, j’ai plus de guerres et de combats que toute ta famille réunie. Je sais rapidement jauger les gens. Vous avez fuit devant quarante-cinq soldats dans la tour, nous sommes ici cent-quinze. Je le répète une dernière fois : déposez vos armes.
Je restais silencieux. Je l’observais. J’observais les soldats, les alentours. Je ne savais pas ce que comptait faire Sélina, mais il fallait agir vite. D’un coup, je sentis son regard posé sur moi. Je la regardais et je pus lire dans ses yeux… Bien sur, c’est une nécromante… Cette fois encore, ça risque de me pomper beaucoup d’énergie, mais, je n’avais pas le choix.
Je rangeai mes pistolets. Je vis un léger sourire sur le charr. Lorsque je posai mes mains sur mes dagues, il fit la grimace. Je fléchissais légèrement mes jambes, empoignais mes dagues, Ragnark grogna, la tempête éclata. Je partais dans un tourbillon avec mes dagues qui découpaient tout ce qu’elles rencontraient. Je partais en direction des soldats qui essayaient de se protéger tant bien que mal, mais la violence et la célérité des coups firent craquer leurs boucliers et leurs armures. Les soldats tombèrent un à un dans des morts sanglantes. Je tournais autour de Sélina afin de la protéger et je découpais tout ce qui tentait de s’approcher.
Les secondes passèrent, des dizaines de cadavres entouraient Sélina. De mon côté, la fatigue se fit sentir, je relâchais mon attaque et la tempête prit fin. La riposte ne se fit pas attendre, Ragnark empoigna ma gorge, me souleva et se mit à courir en me brandissant devant lui.
— A toi de jouer maintenant Sélina !!
Ragnark me plaqua d’une férocité et d’une puissance jamais vue contre le mur, celui-ci se fissura derrière moi. Je crachai du sang et fut à moitié sonné. Mais ce n’était pas finit, il me fit passer par-dessus lui toujours avec un bras et m’éclata contre le sol. Ce dernier se fissura également. Mon sang sortit de ma bouche. Je devais réagir. J’écrasais son poignet avec mes deux avant-bras croisés, il perdit sa force, contraint de lâcher, il lâcha prise mais me colla une gauche ultra-puissante en pleine figure, il me fit décoller du sol et je fis un bon de trois mètres.
L’atterrissage était rude. Je me soulevais avec grande peine. D’un coup, j’avais l’impression que nous étions que Ragnark et moi dans la pièce. J’ouvrai les yeux et regardai le talent à l’œuvre de Sélina. Tous les morts que j’avais faits autour d’elle, elle les a ramené à la vie pour qu’ils combattent avec nous. C’était inimaginable ! Tous les soldats étaient occupés à combattre des corps sans vies mais qui se battaient avec ardeur. Moi aussi, je devais reprendre le combat, assez tergiversé. A peine ai-je le temps d’y penser qu’une patte aussi puissante que musclée s’enfonça dans mon ventre pour me faire décoller une nouvelle fois. Le coup était si violent que je failli vomir.
— Yoremi ! C’est quand tu veux !
Bien, le signal de Sélina. Ragnark courrait une nouvelle fois vers moi. Je me mis accroupis. Je vis sa jambe se ruer sur moi. D’un coup vif je sautai par-dessus sa jambe et plantai mes dagues dans ses deux cuisses avant de lancer une bombe fumigène. La fumée remplissait toute la pièce, Ragnark ne me voyait plus, mais il semblait plus occupé à retirer les lames de ses jambes. Je fis une foulée de l’ombre vers Sélina. Je l’attrapais par la main et la guidais vers les escaliers de la tour.
Nous avalions les marches quatre à quatre, nous devions fuir maintenant ! Quelques secondes passèrent, nous pouvions entendre Ragnark rugir et monter les escaliers avec ses soldats. Nous arrivions enfin au sommet de la tour et le portail s’y trouvait aussi. Nous nous regardâmes avec Sélina, nous avions plein de choses à nous dire, mais le temps ne s’y prêtait pas. Elle me tendit sa main, sans un mot, je compris ses intentions. Je la pris avec la mienne et nous sautions dans le portail.
Ce fut le noir complet.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Sept par Kim Eliana
De la sueur coula de mon front. Je passai un doigt. Mon souffle fut saccadé. Je tournai mon regard vers Navi. Elle était sur son lit, dormant profondément. Flamme fut allongé par terre à ses côtés. Il devait être tôt, il régnait un silence dans toute la maison. Je me levai de mon lit, je devais prendre l’air. Mes pas furent aussi silencieux que possible afin de ne réveiller personne. Je m’habillai d’un simple drap et me mit sur la terrasse, accoudée à la barrière.
Mes yeux contemplèrent la beauté du Bosquet, la verdure, les arbres et le feuillage parsemèrent le paysage. Malgré le magnifique spectacle, des images de mon cauchemar revenaient en flash et hantèrent mon esprit. Etait-ce la réalité ? Etait-ce mon imagination ? Avec tout ce que j’ai vécu depuis que j’étais partie à sa recherche, mon esprit me jouait-il des tours ? Tant de questions où je ne trouvais aucune réponse. J’essayais de fermer les yeux, essayant de masquer ces images. Je cachais mes yeux avec mes mains. Je sentis une main se poser contre mon dos.
— Kim ? Ca ne va pas
— Oh… Navi… Je t’ai réveillée ? Je suis…
— Non, non. Ne t’en fais pas, je suis une lève tôt ! Je me lève toujours avant le levé du soleil. Flamme, lui par contre, roupille comme un vrai flemmard. Ca n’a pas l’air d’aller, est ce encore avec ce qui s’est passé ces derniers jours ?
— Non, pas cette fois. J’ai fais un mauvais rêve… Un cauchemar même.
— Peut-être que ça ira mieux si tu me le racontais. Avec un peu de chance, je pourrais tenter de t’en livrer mon interprétation. Tu sais que les sylvaris sont plutôt doués avec les rêves et ce qui s’y rapporte.
Navi rigola doucement et me prit par le bras afin de m’emmener à l’intérieur et m’assit sur un fauteuil. Elle me posa une tasse de thé sur la petite table devant moi avant de s’asseoir sur le deuxième fauteuil. Elle s’y installa confortablement, les jambes croisées sur l’assise, prête à m’écouter.
— J’ai rêvé de Yoremi, l’homme que l’on recherche. Je me trouvais à quelques mètres de lui au début. Il parlait avec une espèce d’entité spectrale qui semblait on ne peut plus malfaisante. Ils se provoquaient. Le spectre en avait vraisemblablement contre Yoremi.
— Tu as une idée de ce que peut être ce fantôme ? L’aurais-tu déjà vu ou aperçu quelque part ?
— Alors là… Certainement pas. Je suis convaincue qu’une silhouette pareille, je n’aurais jamais pu l’oublier.
— D’accord. Des indices sur son nom, ce qu’il est, ou autre chose ?
Navi prit une gorgée de son thé. Je fermai les yeux afin de me remémorer les images que j’ai eu.
— Je suis la mort incarnée. Voilà ce qu’il a dit à Yoremi.
Avoir répété cette phrase me fit frissonner. Je sentais en moi le froid mordant mes os à son approche, la peur qu’il provoquait, la puissance qu’il incarnait.
— Heu… Je ne connais aucune entité s’autoproclamant comme la Mort. Je ne peux pas te dire si c’est une métaphore ou vraiment la… Mort. T’aurait-il parlé par hasard ?
— Non… En fait, j’étais plutôt une spectatrice, je n’arrivais pas à bouger ni même à émettre un seul son de ma bouche. Je ne pouvais qu’assister à la scène, impuissante.
— Impuissante ? Que s’est-il passé ensuite ?
Mes mains tremblaient, je ne voulais pas revivre ces images dans ma tête. Toute cette violence. Tout ce sang… son sang. Je transpirais. Ma main tremblante tenta de poser la tasse mais je la renversai et tout le thé se déversa sur la table. Je blanchis.
— Kim ?!
— Navi… Je… je suis désolé.
— Mais non, ce n’est pas grave.
Navi se précipita sur la table afin d’éponger le thé renversé, Flamme se posa à côté de moi et me regarda d’un air songeur. Il sentait que je n’étais pas bien, il posa sa tête sur ma cuisse et je posais mes mains sur lui.
Navi termina d’éponger la table, elle se rassit sur son fauteuil. Elle avait des tas de questions à me poser, ça se voyait à son visage. Elle voulait absolument m’aider.
— Il y avait d’autres personnes que je ne connaissais pas dans mon rêve.
— Des personnes que tu ne connaissais pas ?
— Oui, une femme et un enfant, ils ne me disent absolument rien. Yoremi semblait les protéger contre le spectre.
— Bon… Ca confirme ce que je pensais.
— Comment ça ?
— Kim… Ce que tu as vu… Ce n’est pas un… rêve. Ni même un cauchemar. Tu as bien eu une vision. Ton cerveau ne peut pas créer des personnes que tu n’as jamais vues. Un spectre ou un fantôme, c’est une allégorie, je ne pouvais pas en être certaine avec ça, mais si tu me dis que tu as vu des humains mais qu’ils te sont inconnus, alors je suis catégorique.
Je blêmis de plus belle. Yoremi. Yoremi a vécu ce que j’ai vu ? Est-il mort ? Ma quête est-elle réduite à néant ? Ce qu’il a subit, toute cette souffrance, toute cette rage, cette haine… S’il est vivant, est-il encore humain ? A-t-il encore des sentiments, des souvenirs, de l’amour en lui ? Sa quête l’a conduit encore plus loin dans le noir que je ne l’aurais cru.
— Que se passe-t-il Kim ?
— Je ne sais pas s’il est encore vivant…
— Pourquoi dis-tu ça ? Que s’est-il passé, Kim ? Qu’as-tu vu ?
— Lui et le spectre. Ils se sont battus. Le combat était d’une violence que je n’ai jamais vue. Il y avait du sang. Beaucoup de sang. Tout ce sang était à mon ami. Il était meurtri. Ensuite. Le spectre a brisé la nuque de l’enfant. Il est tombé tel un corps inerte. Il a crevé les yeux à la femme. Puis lui a arraché la langue. Elle s’est vidée de son sang à côté de son enfant. Yoremi ne pouvait rien faire. Tous ses membres étaient plantés par des dagues. Il continuait de saigner. Le spectre souleva son corps et fit exploser son torse d’une lumière noire. Diabolique. Je suis me réveillée.
Ma voix était plate, déconcertée. Navi avait les yeux exorbités. Je crois qu’elle n’en croyait pas ses oreilles. Flamme avait comprit ce que je disais, il grogna sa fureur. Je ne savais pas quoi dire d’autre.
Quelques minutes passèrent sans un mot. Navi cligna des yeux, elle redescendit avec nous.
— Heu… Je ne sais pas quoi te dire pour ce qui est arrivé à ton ami, Kim… Mais par contre, je peux t’assurer une chose.
— Quoi donc ?
— Il est vivant.
— Comment peux-tu…
— C’est lui qui t’a envoyé cette vision.
— Comment… Explique-moi.
— Ton ami est bien vivant et absolument conscient. Je ne sais pas ce que tu peux penser de lui. Tu m’as déjà expliqué que tu veux l’empêcher de partir dans la dangereuse et fatale voie de la vengeance. Qu’il s’est renfermé sur lui-même et qu’il tuerait quiconque se dresserait sur son chemin. En faisant ça, Yoremi nous prouve plusieurs choses. D’abord, il ne se renferme plus sur lui-même, en transmettant une vision à quelqu’un c’est qu’il en a besoin. Il a besoin d’un contact, il a besoin d’être entouré, soit pour aller mieux, soit pour retrouver sa sœur. De plus, avoir été capable de te transmettre une vision, c’est une preuve indubitable que votre lien est très puissant, vos sentiments l’un à l’autre sont forts et réels. Enfin, penser et réussir à se connecter à une personne démontre qu’il est loin d’être perdu dans les ombres et les ténèbres. Yoremi est vivant Kim, et il a besoin de toi.
Sur ses derniers mots, j’éclatais en sanglot et me jetais dans ses bras. Elle me serait fort contre elle et je la serrais fort contre moi. Yoremi était vivant, il avait besoin de moi. Moi aussi j’ai besoin de lui. Navi… Je ne pourrais jamais te remercier assez de ce que tu fais pour nous… J’arrive Yoremi.
— J’ai une autre bonne nouvelle, Kim.
— Oh… Vraiment ? Je ne vois pas ce que tu pourrais me dire de plus.
— Tu m’as dis qu’il y avait de la neige, des montagnes. S’il est vivant, il a forcément été secouru, du coup, la ville principale la plus proche est…
— L’Arche du Lion !
— Et ça tombe bien, il y a un passage asura juste au Bosquet pour y aller. Alors, qu’attendons-nous ?
Depuis que j’ai quitté le Promontoire Divin, je ne me suis jamais sentie aussi proche de Yoremi.
De la sueur coula de mon front. Je passai un doigt. Mon souffle fut saccadé. Je tournai mon regard vers Navi. Elle était sur son lit, dormant profondément. Flamme fut allongé par terre à ses côtés. Il devait être tôt, il régnait un silence dans toute la maison. Je me levai de mon lit, je devais prendre l’air. Mes pas furent aussi silencieux que possible afin de ne réveiller personne. Je m’habillai d’un simple drap et me mit sur la terrasse, accoudée à la barrière.
Mes yeux contemplèrent la beauté du Bosquet, la verdure, les arbres et le feuillage parsemèrent le paysage. Malgré le magnifique spectacle, des images de mon cauchemar revenaient en flash et hantèrent mon esprit. Etait-ce la réalité ? Etait-ce mon imagination ? Avec tout ce que j’ai vécu depuis que j’étais partie à sa recherche, mon esprit me jouait-il des tours ? Tant de questions où je ne trouvais aucune réponse. J’essayais de fermer les yeux, essayant de masquer ces images. Je cachais mes yeux avec mes mains. Je sentis une main se poser contre mon dos.
— Kim ? Ca ne va pas
— Oh… Navi… Je t’ai réveillée ? Je suis…
— Non, non. Ne t’en fais pas, je suis une lève tôt ! Je me lève toujours avant le levé du soleil. Flamme, lui par contre, roupille comme un vrai flemmard. Ca n’a pas l’air d’aller, est ce encore avec ce qui s’est passé ces derniers jours ?
— Non, pas cette fois. J’ai fais un mauvais rêve… Un cauchemar même.
— Peut-être que ça ira mieux si tu me le racontais. Avec un peu de chance, je pourrais tenter de t’en livrer mon interprétation. Tu sais que les sylvaris sont plutôt doués avec les rêves et ce qui s’y rapporte.
Navi rigola doucement et me prit par le bras afin de m’emmener à l’intérieur et m’assit sur un fauteuil. Elle me posa une tasse de thé sur la petite table devant moi avant de s’asseoir sur le deuxième fauteuil. Elle s’y installa confortablement, les jambes croisées sur l’assise, prête à m’écouter.
— J’ai rêvé de Yoremi, l’homme que l’on recherche. Je me trouvais à quelques mètres de lui au début. Il parlait avec une espèce d’entité spectrale qui semblait on ne peut plus malfaisante. Ils se provoquaient. Le spectre en avait vraisemblablement contre Yoremi.
— Tu as une idée de ce que peut être ce fantôme ? L’aurais-tu déjà vu ou aperçu quelque part ?
— Alors là… Certainement pas. Je suis convaincue qu’une silhouette pareille, je n’aurais jamais pu l’oublier.
— D’accord. Des indices sur son nom, ce qu’il est, ou autre chose ?
Navi prit une gorgée de son thé. Je fermai les yeux afin de me remémorer les images que j’ai eu.
— Je suis la mort incarnée. Voilà ce qu’il a dit à Yoremi.
Avoir répété cette phrase me fit frissonner. Je sentais en moi le froid mordant mes os à son approche, la peur qu’il provoquait, la puissance qu’il incarnait.
— Heu… Je ne connais aucune entité s’autoproclamant comme la Mort. Je ne peux pas te dire si c’est une métaphore ou vraiment la… Mort. T’aurait-il parlé par hasard ?
— Non… En fait, j’étais plutôt une spectatrice, je n’arrivais pas à bouger ni même à émettre un seul son de ma bouche. Je ne pouvais qu’assister à la scène, impuissante.
— Impuissante ? Que s’est-il passé ensuite ?
Mes mains tremblaient, je ne voulais pas revivre ces images dans ma tête. Toute cette violence. Tout ce sang… son sang. Je transpirais. Ma main tremblante tenta de poser la tasse mais je la renversai et tout le thé se déversa sur la table. Je blanchis.
— Kim ?!
— Navi… Je… je suis désolé.
— Mais non, ce n’est pas grave.
Navi se précipita sur la table afin d’éponger le thé renversé, Flamme se posa à côté de moi et me regarda d’un air songeur. Il sentait que je n’étais pas bien, il posa sa tête sur ma cuisse et je posais mes mains sur lui.
Navi termina d’éponger la table, elle se rassit sur son fauteuil. Elle avait des tas de questions à me poser, ça se voyait à son visage. Elle voulait absolument m’aider.
— Il y avait d’autres personnes que je ne connaissais pas dans mon rêve.
— Des personnes que tu ne connaissais pas ?
— Oui, une femme et un enfant, ils ne me disent absolument rien. Yoremi semblait les protéger contre le spectre.
— Bon… Ca confirme ce que je pensais.
— Comment ça ?
— Kim… Ce que tu as vu… Ce n’est pas un… rêve. Ni même un cauchemar. Tu as bien eu une vision. Ton cerveau ne peut pas créer des personnes que tu n’as jamais vues. Un spectre ou un fantôme, c’est une allégorie, je ne pouvais pas en être certaine avec ça, mais si tu me dis que tu as vu des humains mais qu’ils te sont inconnus, alors je suis catégorique.
Je blêmis de plus belle. Yoremi. Yoremi a vécu ce que j’ai vu ? Est-il mort ? Ma quête est-elle réduite à néant ? Ce qu’il a subit, toute cette souffrance, toute cette rage, cette haine… S’il est vivant, est-il encore humain ? A-t-il encore des sentiments, des souvenirs, de l’amour en lui ? Sa quête l’a conduit encore plus loin dans le noir que je ne l’aurais cru.
— Que se passe-t-il Kim ?
— Je ne sais pas s’il est encore vivant…
— Pourquoi dis-tu ça ? Que s’est-il passé, Kim ? Qu’as-tu vu ?
— Lui et le spectre. Ils se sont battus. Le combat était d’une violence que je n’ai jamais vue. Il y avait du sang. Beaucoup de sang. Tout ce sang était à mon ami. Il était meurtri. Ensuite. Le spectre a brisé la nuque de l’enfant. Il est tombé tel un corps inerte. Il a crevé les yeux à la femme. Puis lui a arraché la langue. Elle s’est vidée de son sang à côté de son enfant. Yoremi ne pouvait rien faire. Tous ses membres étaient plantés par des dagues. Il continuait de saigner. Le spectre souleva son corps et fit exploser son torse d’une lumière noire. Diabolique. Je suis me réveillée.
Ma voix était plate, déconcertée. Navi avait les yeux exorbités. Je crois qu’elle n’en croyait pas ses oreilles. Flamme avait comprit ce que je disais, il grogna sa fureur. Je ne savais pas quoi dire d’autre.
Quelques minutes passèrent sans un mot. Navi cligna des yeux, elle redescendit avec nous.
— Heu… Je ne sais pas quoi te dire pour ce qui est arrivé à ton ami, Kim… Mais par contre, je peux t’assurer une chose.
— Quoi donc ?
— Il est vivant.
— Comment peux-tu…
— C’est lui qui t’a envoyé cette vision.
— Comment… Explique-moi.
— Ton ami est bien vivant et absolument conscient. Je ne sais pas ce que tu peux penser de lui. Tu m’as déjà expliqué que tu veux l’empêcher de partir dans la dangereuse et fatale voie de la vengeance. Qu’il s’est renfermé sur lui-même et qu’il tuerait quiconque se dresserait sur son chemin. En faisant ça, Yoremi nous prouve plusieurs choses. D’abord, il ne se renferme plus sur lui-même, en transmettant une vision à quelqu’un c’est qu’il en a besoin. Il a besoin d’un contact, il a besoin d’être entouré, soit pour aller mieux, soit pour retrouver sa sœur. De plus, avoir été capable de te transmettre une vision, c’est une preuve indubitable que votre lien est très puissant, vos sentiments l’un à l’autre sont forts et réels. Enfin, penser et réussir à se connecter à une personne démontre qu’il est loin d’être perdu dans les ombres et les ténèbres. Yoremi est vivant Kim, et il a besoin de toi.
Sur ses derniers mots, j’éclatais en sanglot et me jetais dans ses bras. Elle me serait fort contre elle et je la serrais fort contre moi. Yoremi était vivant, il avait besoin de moi. Moi aussi j’ai besoin de lui. Navi… Je ne pourrais jamais te remercier assez de ce que tu fais pour nous… J’arrive Yoremi.
— J’ai une autre bonne nouvelle, Kim.
— Oh… Vraiment ? Je ne vois pas ce que tu pourrais me dire de plus.
— Tu m’as dis qu’il y avait de la neige, des montagnes. S’il est vivant, il a forcément été secouru, du coup, la ville principale la plus proche est…
— L’Arche du Lion !
— Et ça tombe bien, il y a un passage asura juste au Bosquet pour y aller. Alors, qu’attendons-nous ?
Depuis que j’ai quitté le Promontoire Divin, je ne me suis jamais sentie aussi proche de Yoremi.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Huit par Yoremi Crow
Le stigmate de Kralkatorrik, là où tout a commencé, là où tout se terminera…
Depuis mon retour, j’avais gardé ce mot précieusement avec moi. Ce mot que Sélina m’avait glissé dans le creux de ma main avant notre séparation. Il me restait tant à faire ici… Mais je ne pouvais pas abandonner ma sœur. Les érudits du Prieuré m’avaient indiqué tout ce qu’ils savaient concernant les stigmates du dragon. Même s’il me reste encore beaucoup à découvrir, j’avançais très clairement.
Là où tout a commencé, là où tout se terminera…
Cette phrase, les érudits n’ont pas pu m’aider. Mais je le découvrirais en temps utile. Il n’était pas le moment d’y penser. En effet, j’étais allongé sur un symbole magique très puissant, des érudits m’entouraient et se préparèrent à un nouveau rituel, j’étais à leur merci.
Je n’étais pas encore guéri. A mon retour au monde réel, je me sentie bien mieux, entraîné, renforcé, psychologiquement et physiquement. J’étais prêt. Je suis parti quelques jours plus tard avec des mercenaires dans une crypte. J’appris de leur part que des spectres s’étaient réveillés et qu’ils menaçaient le monde. Je ne savais pas s’il y avait une relation avec le fantôme qui avait tué Semia et Rius, mais je devais en avoir le cœur net.
Dans cette crypte, nous avions trouvé un livre, celui-ci semblait très ancien et extrêmement puissant car il permettait de détruire les spectres. Ils étaient au nombre de quatre et l’un d’eux nous rendirent une petite visite tentant de contrecarrer nos plans. Dès son arrivée, le sceau qui retenait la marque noire sur mon torse se brisa et la marque réveilla tout son mal en moi et me paralysa pendant presque tout le combat dans la crypte. J’appris que le spectre qui tentait de nous contrecarrer s’appelait… Mort.
Je suis la mort incarnée.
Dès cet instant, je compris. Je compris que ce qui avait tué Semia et Rius et qui m’avait poussé dans mes derniers retranchements était une puissance bien supérieure à nous tous et bien plus ancienne. Qu’à l’heure actuelle nous étions loin de faire le poids et que sa marque allait être bien plus difficile à contenir, si ce n’est soigner, que ce que pouvaient penser les érudits du Prieuré.
Je fus relevé grâce à Jihna. La plupart des combattants s’étaient fait balayer par la puissance écrasante du spectre. Avec Sylfris, nous nous lancions dans une attaque combinée qui paralysa Mort. Pas un seul d’entre nous ne perdit un instant, nous fuyions l’endroit et retournèrent sans tarder à l’Arche du Lion. Mais pas sans mal, le retour fut des plus désagréable avec la marque qui s’éveilla de plus en plus en moi. Sylfris l’avait remarqué, Jihna m’aida à retourner jusqu’à l’Arche.
A mon retour, je ne perdis pas un seul instant et expliquai mon cas aux érudits. Lorsqu’ils comprirent qu’ils avaient à faire aux quatre spectres, ils ne pouvaient que reconnaître que le sceau qu’ils m’avaient donné était impuissant face à la marque de Mort. C’est à ce moment qu’ils organisèrent une réunion afin de proposer un autre sceau sur mon corps. Je ne compris qu’après le pourquoi d’une réunion avant le lancer le sceau : il était aussi risqué et dangereux pour la marque que pour moi et même eux. Sa puissance était telle qu’il mettait en danger les hommes qui le lancèrent.
Après plusieurs heures de délibération, les érudits acceptèrent de prendre le risque, voyant en moi un changement radical depuis mon arrivée. Six mages m’entouraient donc, un mage pour une porte émotionnelle m’avaient-ils expliqué auparavant. Le sceau des six émotions. C’est un sceau qui annihile toute émotion surdimensionnée ou parasitant un individu. Il fait une table-rase sur les émotions de celui qui le reçoit : la joie, la tristesse, le dégoût, la peur, la surprise et la colère. Le point crucial et le plus dangereux pour les érudits sera de concentrer chaque « émotion » du sceau en coordination sur la marque que je porte et non sur moi. Sur un être humain, le sceau le rend en état de paralysie psychologique totale, ne ressentant plus aucun émotion. Ce sceau était autrefois utilisé pour contrôler des individus dangereux et les forcer à arrêter leurs méfaits. La dangerosité pour les érudits se trouvait dans le fait qu’ils devaient absolument être synchrone pour viser ma marque, sinon le pouvoir concentré se retourne immanquablement contre celui qui n’était pas dans le timing. Une fois expliqué, je comprenais le risque qu’ils prenaient pour moi. A moi de m’en montrer digne.
Les érudits commencèrent. Ils avaient tous une pierre précieuse entre leurs mains qui servaient de catalyseur. Ils entonnèrent un chant très mélodieux à tour de rôle. Chacun récitait un quatrain différent avec des intonations différentes : l’un joyeux, l’autre triste, un autre apeuré, celui qui suivait tenait un air de dégoût, suivit un érudit en colère et enfin un dernier s’exclamait de surprise à chaque ver. Bien que la peur du rituel m’enivrait, le chant était reposant et extrêmement impressionnant. J’en restait bouche-bée. Mais le temps passait, et tous à tour de rôle récitait un quatrain, le chant en lui même devait avoir plusieurs dizaines de strophes, car ils ont bien tous récité aux moins quatre fois. Puis d’un coup, le calme. Les pierres s’enflammèrent, chacune d’une couleur différente : rouge, bleu, vert, violet, jaune, orange. Les érudits firent tous un pas vers moi, tenant toujours leur pierre devant eux, ils s’agenouillèrent et abaissaient leurs mains juste devant eux vers la main noire sur mon torse. Il régnait un silence insoutenable. Les érudits se regardèrent et d’un coup, posèrent leurs pierres sur la marque, tous au même moment. Les flammes sortirent des pierres pour rentrer en moi, tout autour de la marque. Je ne sentis absolument rien, mais je pouvais voir six petites flammes noires dessinées sur moi autour de la main noire qui se grisa à vue d’œil jusqu’à disparaître, laissant une légère cicatrice de brûlure en forme de main.
— Yoremi, comment vous sentez-vous ?
— Je… Je vais bien. Enfin, je crois.
— Bien… Bien. Tout c’est absolument bien déroulé, je suis ravi.
— Vous avez l’air fatigué.
— Ne vous en faites pas, c’est tout à fait normal après ce genre de rituel. Ca nous demande énormément de ressources physiques et spirituelles. Nous nous reposerons et tout ira bien.
— Mais… La main noire a disparu. Cela veut dire…
— Non. Elle est toujours en vous. Une fois un sceau marqué, seul le lanceur peut le détruire. Nous ne faisons que superposer un autre sceau pour essayer de le contenir. Il n’y a pas d’échappatoire à un sceau, sinon de retrouver le lanceur pour qu’il vous le retire, et encore, s’il vous l’a mit, il ne le retirera pas, et certains sceaux ne peuvent pas être annulés. Certains vivent avec un sceau contenant le sceau d’origine contre eux à vie et cela se passe bien. Il faudra surveiller le votre. A vos explications sur l’individu qui vous a marqué, il vaudrait mieux être prudent.
— Je comprends. Je ne sais pas comment vous remercier.
— Ne vous en faites pas Yoremi. Si nous l’avons fait, c’est que nous avons nos raisons. Ce sont des gens comme vous qui changeront le monde. J’ai confiance en vous.
Un vent froid piquait mon visage. Je restais immobile et silencieux. Mes mains croisées devant moi, j’abaissais ma tête et fermais mes yeux. Devant moi fut dressé deux croix en bois plantées à même le sol enneigé par les tempêtes incessantes. Semia… Rius… Ici, ils reposèrent en paix.
Ce fut la première fois que je leur rendis visite. Depuis mon périple à sens unique où j’ai refoulé le moindre sentiment qui pouvait m’affaiblir : amitié, compassion, amour… Ils furent ceux qui me réveillèrent à la lumière. Ils ont réussis à commencer à me faire sortir des ténèbres sans pour autant remettre à mal mon objectif. Ce que Kim avait essayé de faire, Semia et Rius avaient réussi.
Je ne pourrais pas dire, même maintenant, si c’est à cause de mon rapprochement avec eux que j’ai été faible face à Mort. D’un côté, je sais que si je n’aurais pas eu ces sentiments en moi, j’aurais pu me battre différemment, car je savais que je ne devais pas mourir, mais d’un autre côté, ces mêmes sentiments m’ont donné une force que je n’ai jamais eu auparavant. En tout cas, à l’heure actuelle, j’ai appris beaucoup. J’ai survécu au combat, j’ai survécu à mon passage dans les Brumes, j’ai survécu à ma seconde rencontre avec Mort et j’ai survécu au sceau lancé par les érudits du Prieuré. Je sais pertinemment que je vais retrouver ma sœur. Je connais les risques, je connais les conséquences. Je sais que j’ai encore le temps, je sais que je dois me préparer encore une dernière fois avant de reprendre ma quête.
Semia, Rius, vous n’êtes pas mort en vain. Vous n’auriez jamais dû faire parti de ma vie, voilà ce qu’il en coûte. Par contre, votre sacrifice pèse un lourd poids à mon avantage sur cette balance fatale de la vie et de la mort et pour la réussite de mon objectif. Grâce à vous, je suis prêt.
— Yoremi Unmei.
La voix masculine provenait de derrière moi. Je n’avais aucune idée de qui c’était.
— Yoremi Unmei, c’est bien vous ?
Je me retournais et vis une douzaine de soldats séraphins en formation avec un lieutenant avancé vers moi.
— C’est bien moi, mais la famille Unmei est morte depuis longtemps.
— Oui, nous sommes au courant de l’assassinat de vos parents et de votre sœur, ainsi que de cette femme et son enfant derrière vous. Nous venons exprès pour ça.
— C’est-à-dire ?
— Yoremi Unmei, vous êtes accusé du meurtre de Jake Unmei, Hélène Unmei, Lucia Unmei, ainsi que ceux de Semia Light et Rius Light. Sous autorité de la Reine Jennah, j’ai le devoir de vous arrêter afin que vous soyez jugé au tribunal du Promontoire Divin.
— Et si je refuse ?
— J’ai également l’autorisation de vous tuer en cas de résistance de votre part.
— Partez. Vous ne voulez pas verser de sang pour ma simple arrestation ?
— Il n’est pas question de discuter avec vous. Vous n’êtes pas une "simple" arrestation, vous avez tué cinq personnes. Séraphins, encerclez-le
Son escouade s’exécuta, je fus complètement encerclé.
— Je ne vous veux aucun mal, lieutenant. Maintenant, partez.
— Bien, ça commence à bien faire, Séraphins, à l’attaque !
Les quatre premiers séraphins qui s’étaient approchés tombèrent par terre. J’avais utilisé ma célérité afin de trancher leurs jambes. Les coupures étaient justes assez profondes pour qu’ils restent sages durant le combat et qu’ils ne meurent pas.
— Lieutenant, c’est mon dernier avertissement. Ni vous, ni la reine ne sait ce qu’il s’est passé pour ma famille et pour Semia et son fils. J’ai quelque chose à faire pour rétablir l’ordre. Vous n’êtes pas à la hauteur contre moi. Je sais que vous devez m’arrêter, mais vous n’êtes pas assez fort, ça ne sert strictement à rien de continuer ce combat.
— Nous ne savons rien, et c’est pour ça que tu n’es pas coupable. Tu n’es que suspect mais en faisait ça tu n’arranges pas ton cas.
— Parce que vous pensez que j’en ai quelque chose à faire de votre justice ?! C’est votre justice qui m’a privé de mes parents, de ma sœur, de Semia et de Rius ! Je dois faire justice moi-même, et quiconque ou quoi que ce soit qui se mettra en travers de mon chemin en fera les frais : des bandits, des soldats, des pays, des dragons, peu importe.
Tout l’escadron de séraphins tomba par terre. J’utilisai une nouvelle fois ma célérité afin de les mettre au sol. Je me retrouvai derrière le lieutenant en lui plaçant une dague à sa gorge. Il ne bougea plus. Il regarda simplement ses hommes se morfondre sur le sol.
— Vous m’accusez de cinq meurtres. Regardez tout autour de vous. Aucun de vos hommes ne mourra aujourd’hui. Mais vous ne m’attraperez pas, pas avant que ma justice soit faîtes. Si je suis encore vivant après ça, j’irais me rendre au Promontoire Divin, je vous en fais la promesse.
Je ne perdis pas un seul instant après ça. J’utilisai une bombe fumigène afin de disparaître de leurs yeux et je repartais vivement vers l’Arche du Lion.
A mon arrivée, je retrouvai les érudits du Prieuré et annonçai mes intentions. Le sceau étant verrouillé grâce à leur contre-sort, j’avais décidé de reprendre la route avec mes compagnons afin de mettre un terme aux agissements des spectres. Une fois cette affaire terminée, je pourrais reprendre ma route pour retrouver Lucia.
Le chemin était encore long. L’issue était très lointaine. Mais je n’ai jamais été aussi convaincu de ma victoire, de notre victoire.
Le stigmate de Kralkatorrik, là où tout a commencé, là où tout se terminera…
Depuis mon retour, j’avais gardé ce mot précieusement avec moi. Ce mot que Sélina m’avait glissé dans le creux de ma main avant notre séparation. Il me restait tant à faire ici… Mais je ne pouvais pas abandonner ma sœur. Les érudits du Prieuré m’avaient indiqué tout ce qu’ils savaient concernant les stigmates du dragon. Même s’il me reste encore beaucoup à découvrir, j’avançais très clairement.
Là où tout a commencé, là où tout se terminera…
Cette phrase, les érudits n’ont pas pu m’aider. Mais je le découvrirais en temps utile. Il n’était pas le moment d’y penser. En effet, j’étais allongé sur un symbole magique très puissant, des érudits m’entouraient et se préparèrent à un nouveau rituel, j’étais à leur merci.
Je n’étais pas encore guéri. A mon retour au monde réel, je me sentie bien mieux, entraîné, renforcé, psychologiquement et physiquement. J’étais prêt. Je suis parti quelques jours plus tard avec des mercenaires dans une crypte. J’appris de leur part que des spectres s’étaient réveillés et qu’ils menaçaient le monde. Je ne savais pas s’il y avait une relation avec le fantôme qui avait tué Semia et Rius, mais je devais en avoir le cœur net.
Dans cette crypte, nous avions trouvé un livre, celui-ci semblait très ancien et extrêmement puissant car il permettait de détruire les spectres. Ils étaient au nombre de quatre et l’un d’eux nous rendirent une petite visite tentant de contrecarrer nos plans. Dès son arrivée, le sceau qui retenait la marque noire sur mon torse se brisa et la marque réveilla tout son mal en moi et me paralysa pendant presque tout le combat dans la crypte. J’appris que le spectre qui tentait de nous contrecarrer s’appelait… Mort.
Je suis la mort incarnée.
Dès cet instant, je compris. Je compris que ce qui avait tué Semia et Rius et qui m’avait poussé dans mes derniers retranchements était une puissance bien supérieure à nous tous et bien plus ancienne. Qu’à l’heure actuelle nous étions loin de faire le poids et que sa marque allait être bien plus difficile à contenir, si ce n’est soigner, que ce que pouvaient penser les érudits du Prieuré.
Je fus relevé grâce à Jihna. La plupart des combattants s’étaient fait balayer par la puissance écrasante du spectre. Avec Sylfris, nous nous lancions dans une attaque combinée qui paralysa Mort. Pas un seul d’entre nous ne perdit un instant, nous fuyions l’endroit et retournèrent sans tarder à l’Arche du Lion. Mais pas sans mal, le retour fut des plus désagréable avec la marque qui s’éveilla de plus en plus en moi. Sylfris l’avait remarqué, Jihna m’aida à retourner jusqu’à l’Arche.
A mon retour, je ne perdis pas un seul instant et expliquai mon cas aux érudits. Lorsqu’ils comprirent qu’ils avaient à faire aux quatre spectres, ils ne pouvaient que reconnaître que le sceau qu’ils m’avaient donné était impuissant face à la marque de Mort. C’est à ce moment qu’ils organisèrent une réunion afin de proposer un autre sceau sur mon corps. Je ne compris qu’après le pourquoi d’une réunion avant le lancer le sceau : il était aussi risqué et dangereux pour la marque que pour moi et même eux. Sa puissance était telle qu’il mettait en danger les hommes qui le lancèrent.
Après plusieurs heures de délibération, les érudits acceptèrent de prendre le risque, voyant en moi un changement radical depuis mon arrivée. Six mages m’entouraient donc, un mage pour une porte émotionnelle m’avaient-ils expliqué auparavant. Le sceau des six émotions. C’est un sceau qui annihile toute émotion surdimensionnée ou parasitant un individu. Il fait une table-rase sur les émotions de celui qui le reçoit : la joie, la tristesse, le dégoût, la peur, la surprise et la colère. Le point crucial et le plus dangereux pour les érudits sera de concentrer chaque « émotion » du sceau en coordination sur la marque que je porte et non sur moi. Sur un être humain, le sceau le rend en état de paralysie psychologique totale, ne ressentant plus aucun émotion. Ce sceau était autrefois utilisé pour contrôler des individus dangereux et les forcer à arrêter leurs méfaits. La dangerosité pour les érudits se trouvait dans le fait qu’ils devaient absolument être synchrone pour viser ma marque, sinon le pouvoir concentré se retourne immanquablement contre celui qui n’était pas dans le timing. Une fois expliqué, je comprenais le risque qu’ils prenaient pour moi. A moi de m’en montrer digne.
Les érudits commencèrent. Ils avaient tous une pierre précieuse entre leurs mains qui servaient de catalyseur. Ils entonnèrent un chant très mélodieux à tour de rôle. Chacun récitait un quatrain différent avec des intonations différentes : l’un joyeux, l’autre triste, un autre apeuré, celui qui suivait tenait un air de dégoût, suivit un érudit en colère et enfin un dernier s’exclamait de surprise à chaque ver. Bien que la peur du rituel m’enivrait, le chant était reposant et extrêmement impressionnant. J’en restait bouche-bée. Mais le temps passait, et tous à tour de rôle récitait un quatrain, le chant en lui même devait avoir plusieurs dizaines de strophes, car ils ont bien tous récité aux moins quatre fois. Puis d’un coup, le calme. Les pierres s’enflammèrent, chacune d’une couleur différente : rouge, bleu, vert, violet, jaune, orange. Les érudits firent tous un pas vers moi, tenant toujours leur pierre devant eux, ils s’agenouillèrent et abaissaient leurs mains juste devant eux vers la main noire sur mon torse. Il régnait un silence insoutenable. Les érudits se regardèrent et d’un coup, posèrent leurs pierres sur la marque, tous au même moment. Les flammes sortirent des pierres pour rentrer en moi, tout autour de la marque. Je ne sentis absolument rien, mais je pouvais voir six petites flammes noires dessinées sur moi autour de la main noire qui se grisa à vue d’œil jusqu’à disparaître, laissant une légère cicatrice de brûlure en forme de main.
— Yoremi, comment vous sentez-vous ?
— Je… Je vais bien. Enfin, je crois.
— Bien… Bien. Tout c’est absolument bien déroulé, je suis ravi.
— Vous avez l’air fatigué.
— Ne vous en faites pas, c’est tout à fait normal après ce genre de rituel. Ca nous demande énormément de ressources physiques et spirituelles. Nous nous reposerons et tout ira bien.
— Mais… La main noire a disparu. Cela veut dire…
— Non. Elle est toujours en vous. Une fois un sceau marqué, seul le lanceur peut le détruire. Nous ne faisons que superposer un autre sceau pour essayer de le contenir. Il n’y a pas d’échappatoire à un sceau, sinon de retrouver le lanceur pour qu’il vous le retire, et encore, s’il vous l’a mit, il ne le retirera pas, et certains sceaux ne peuvent pas être annulés. Certains vivent avec un sceau contenant le sceau d’origine contre eux à vie et cela se passe bien. Il faudra surveiller le votre. A vos explications sur l’individu qui vous a marqué, il vaudrait mieux être prudent.
— Je comprends. Je ne sais pas comment vous remercier.
— Ne vous en faites pas Yoremi. Si nous l’avons fait, c’est que nous avons nos raisons. Ce sont des gens comme vous qui changeront le monde. J’ai confiance en vous.
Un vent froid piquait mon visage. Je restais immobile et silencieux. Mes mains croisées devant moi, j’abaissais ma tête et fermais mes yeux. Devant moi fut dressé deux croix en bois plantées à même le sol enneigé par les tempêtes incessantes. Semia… Rius… Ici, ils reposèrent en paix.
Ce fut la première fois que je leur rendis visite. Depuis mon périple à sens unique où j’ai refoulé le moindre sentiment qui pouvait m’affaiblir : amitié, compassion, amour… Ils furent ceux qui me réveillèrent à la lumière. Ils ont réussis à commencer à me faire sortir des ténèbres sans pour autant remettre à mal mon objectif. Ce que Kim avait essayé de faire, Semia et Rius avaient réussi.
Je ne pourrais pas dire, même maintenant, si c’est à cause de mon rapprochement avec eux que j’ai été faible face à Mort. D’un côté, je sais que si je n’aurais pas eu ces sentiments en moi, j’aurais pu me battre différemment, car je savais que je ne devais pas mourir, mais d’un autre côté, ces mêmes sentiments m’ont donné une force que je n’ai jamais eu auparavant. En tout cas, à l’heure actuelle, j’ai appris beaucoup. J’ai survécu au combat, j’ai survécu à mon passage dans les Brumes, j’ai survécu à ma seconde rencontre avec Mort et j’ai survécu au sceau lancé par les érudits du Prieuré. Je sais pertinemment que je vais retrouver ma sœur. Je connais les risques, je connais les conséquences. Je sais que j’ai encore le temps, je sais que je dois me préparer encore une dernière fois avant de reprendre ma quête.
Semia, Rius, vous n’êtes pas mort en vain. Vous n’auriez jamais dû faire parti de ma vie, voilà ce qu’il en coûte. Par contre, votre sacrifice pèse un lourd poids à mon avantage sur cette balance fatale de la vie et de la mort et pour la réussite de mon objectif. Grâce à vous, je suis prêt.
— Yoremi Unmei.
La voix masculine provenait de derrière moi. Je n’avais aucune idée de qui c’était.
— Yoremi Unmei, c’est bien vous ?
Je me retournais et vis une douzaine de soldats séraphins en formation avec un lieutenant avancé vers moi.
— C’est bien moi, mais la famille Unmei est morte depuis longtemps.
— Oui, nous sommes au courant de l’assassinat de vos parents et de votre sœur, ainsi que de cette femme et son enfant derrière vous. Nous venons exprès pour ça.
— C’est-à-dire ?
— Yoremi Unmei, vous êtes accusé du meurtre de Jake Unmei, Hélène Unmei, Lucia Unmei, ainsi que ceux de Semia Light et Rius Light. Sous autorité de la Reine Jennah, j’ai le devoir de vous arrêter afin que vous soyez jugé au tribunal du Promontoire Divin.
— Et si je refuse ?
— J’ai également l’autorisation de vous tuer en cas de résistance de votre part.
— Partez. Vous ne voulez pas verser de sang pour ma simple arrestation ?
— Il n’est pas question de discuter avec vous. Vous n’êtes pas une "simple" arrestation, vous avez tué cinq personnes. Séraphins, encerclez-le
Son escouade s’exécuta, je fus complètement encerclé.
— Je ne vous veux aucun mal, lieutenant. Maintenant, partez.
— Bien, ça commence à bien faire, Séraphins, à l’attaque !
Les quatre premiers séraphins qui s’étaient approchés tombèrent par terre. J’avais utilisé ma célérité afin de trancher leurs jambes. Les coupures étaient justes assez profondes pour qu’ils restent sages durant le combat et qu’ils ne meurent pas.
— Lieutenant, c’est mon dernier avertissement. Ni vous, ni la reine ne sait ce qu’il s’est passé pour ma famille et pour Semia et son fils. J’ai quelque chose à faire pour rétablir l’ordre. Vous n’êtes pas à la hauteur contre moi. Je sais que vous devez m’arrêter, mais vous n’êtes pas assez fort, ça ne sert strictement à rien de continuer ce combat.
— Nous ne savons rien, et c’est pour ça que tu n’es pas coupable. Tu n’es que suspect mais en faisait ça tu n’arranges pas ton cas.
— Parce que vous pensez que j’en ai quelque chose à faire de votre justice ?! C’est votre justice qui m’a privé de mes parents, de ma sœur, de Semia et de Rius ! Je dois faire justice moi-même, et quiconque ou quoi que ce soit qui se mettra en travers de mon chemin en fera les frais : des bandits, des soldats, des pays, des dragons, peu importe.
Tout l’escadron de séraphins tomba par terre. J’utilisai une nouvelle fois ma célérité afin de les mettre au sol. Je me retrouvai derrière le lieutenant en lui plaçant une dague à sa gorge. Il ne bougea plus. Il regarda simplement ses hommes se morfondre sur le sol.
— Vous m’accusez de cinq meurtres. Regardez tout autour de vous. Aucun de vos hommes ne mourra aujourd’hui. Mais vous ne m’attraperez pas, pas avant que ma justice soit faîtes. Si je suis encore vivant après ça, j’irais me rendre au Promontoire Divin, je vous en fais la promesse.
Je ne perdis pas un seul instant après ça. J’utilisai une bombe fumigène afin de disparaître de leurs yeux et je repartais vivement vers l’Arche du Lion.
A mon arrivée, je retrouvai les érudits du Prieuré et annonçai mes intentions. Le sceau étant verrouillé grâce à leur contre-sort, j’avais décidé de reprendre la route avec mes compagnons afin de mettre un terme aux agissements des spectres. Une fois cette affaire terminée, je pourrais reprendre ma route pour retrouver Lucia.
Le chemin était encore long. L’issue était très lointaine. Mais je n’ai jamais été aussi convaincu de ma victoire, de notre victoire.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Neuf par Navi Estel
— Voici l’Arche du Lion, Navi !
Je restai bouche-bée. Ce décor, cette architecture, cette clarté, ces couleurs ! Je fus totalement dépaysée par ce que j’avais devant les yeux. Je ne pouvais pas comparer avec le Bosquet. Lui aussi est magnifique, mais totalement différent. Il y avait des tas de constructions, plus grandes les unes que les autres, le soleil illuminait toute cette roche, cette terre, ce sable. Le ciel était dégagé et l’on pouvait admirer des tas d’oiseaux voler au niveau du port. Le spectacle fut une réelle réussite. J’entendis Kim rire.
— Ta tête me rappelle la mienne lorsque je suis arrivée au Bosquet. J’imagine que le décor doit te troubler ?
— Non… Troubler… Pas vraiment… Mais c’est très différent ! Je ne pourrais pas dire si c’est joli ou non, mais c’est admirable !
— C’est ce qu’on appelle le choc des cultures, répondit Kim en rigolant. Je lui souris à mon tour.
— Bien… Maintenant, c’est toi la guide Kim, je ne sais plus où aller.
— Oui… Alors réfléchissons. Ma vision m’indiquait un endroit enneigé. Yoremi vient de Kryte. Le seul endroit enneigé vers l’ouest… Les Cimes d’Aveugleneige ! Ce n’est pas très vaste, nous aurons tôt fait de retrouver l’endroit précis de ma vision.
— Alors en route ! Flamme, ne te perd pas !
Flamme aboya joyeusement et nous partîmes vers la sortie ouest de l’Arche. Nous traversâmes une place de marché, de nombreux commerçants proposèrent des articles divers et variés, des choses que je ne connaissais pas. Nous passâmes au travers d’un quartier légèrement chic. Les femmes étaient très raffinées, elles me faisaient penser à Kim. Elle aussi, elle appartient aux nobles du Promontoire Divin. Malgré qu’elle soit toujours aussi ravissante, elle est devenue une véritable rôdeuse comme moi qui crapahute un peu partout.
Nous quittâmes finalement l’Arche du Lion.
— Ouh ! Il fait froid Kim !
— Oui, je m’en doutais, j’avais prévu des manteaux, tiens, prends-en un.
— Merci.
Tandis que j’enfilais mon manteau, je remarquai que j’avais perdu Flamme de vue.
— Flamme ? Où es tu passé ?
— Tiens ? Oui, c’est vrai ça ! Je ne le vois plus.
Un silence s’abatis. Nous scrutâmes l’horizon afin de percevoir toute trace de mon chien sylvari. D’un coup, je vis une ombre sortir de sous la neige et s’écraser sur moi. J’allai sortir une dague quand je senti une langue me lécher le visage et des aboiement retentir dans mes oreilles.
— Imbécile de chien ! Tu m’as fais peur, grondai-je ironiquement Flamme tout en rigolant.
— Il semble aimer la neige. Au moins, il n’a pas froid.
Nos manteaux enfilés, nous reprîmes notre route vers le sud. Le froid piquait mon visage, mais c’était tenable. Je n’ai jamais été exposée à la glace ou à la neige. A long terme, je pense que cela pourrait avoir des conséquences sur notre système organique. Il n’y a qu’à voir le peu d’arbres présent à cet endroit, ou bien ce sont nos cousins les conifères.
— Navi… Je… Je crois qu’on s’approche. Ce pan de roche… Regarde. Il est fissuré de partout.
— Fissuré de partout, mais… Si on y regarde de plus près, toutes les fissures partent d’un même point central… Ce serait ?
Kim tomba à genoux. Des larmes apparurent à ses yeux. Elle posa une main sur le centre des fissures. La regarder comme ça me brisa le cœur. Que s’était-il bien passé ? Elle ne m’avait sûrement pas tout dit sur ce qu’elle avait vu. Je posai une main sur son épaule avant de regarder aux alentours.
— Kim… Il faut que tu voies ça…
Kim se releva et se dirigea vers moi. Elle dégluti et marcha vers les tombes. Elle s’assied sur ses genoux, devant les deux croix érigées.
— Yoremi… Que s’est-il passé ? Qu’as-tu fais ? N’aurais-tu vraiment rien retenu de notre conversation avant que tu disparaisses de mes bras ?
La voix de Kim était douce, lente, triste. Elle regarda les tombes, puis le sol. Enfin, elle leva les yeux vers le ciel. D’un coup, elle se mit à crier. Ses cris étaient pleins de colère, de mécontentement, mais aussi de désespoir.
— Pourquoi es-tu allé aussi loin ?! Regardes ce que tu as fais ! N’as-tu pas assez souffert ?! Ton entourage n’a-t-il pas assez souffert pour toi ?! Il n’y a pas que toi qui souhaites te venger ! Elle était mon amie aussi ! Il n’y a pas que toi qui souhaites justice ! Je l’aimais aussi ! Il n’y a pas que toi qui souhaites revoir Lucia ! Elle me manque aussi !!
Kim hurla en sanglot ! Je ne pouvais pas la voir comme ça ! Je ne connais pas ce Yoremi, mais quand je vois cette scène, je ne peux pas lui mettre tout sur le dos. Ce qui s’est passé ici est dû à un ensemble d’engrenages et de conséquences. Je couru vers Kim et la pris dans mes bras.
— Kim ! Arrête ! Tu te fais plus de mal qu’autre chose !
— Il est perdu…
— Non il n’est pas perdu ! Tout ça, tout ce qu’il y a ici, il y a bien une raison !
— C’est lui… Il est le mal…
— A ce que tu m’as dis, il a souffert, et il souffre encore. Tu ne peux pas le blâmer sur ses actes. Il est aveuglé par sa peine !
— Il ne doit pas agir ainsi…
— Personne ne doit juger quelqu’un arbitrairement ! Tu devrais le savoir Kim… Ne le juge pas. Nous faisons tous nos propres choix et on en tire les conséquences. Tu ne peux pas le faire agir autrement. S’il a décidé de faire sa propre vengeance, c’est ainsi.
Kim recula doucement et souffla. Elle reprit doucement ses esprits et abandonna sa peine. Flamme tourna autour d’elle et essaya de la réconforter. Elle le caressa avant de me regarder.
— Je ne sais plus quoi faire, Navi.
— Je pense qu’il faut agir autrement. Kim, il faut que tu comprennes que tu ne l’arrêteras pas. S’il a décidé de livrer justice lui-même, tu es son amie, tu dois le soutenir. Par contre, tu peux le retrouver et l’aider à faire des choix intelligents. Il est sûrement très fort, mais face aux meurtriers de sa famille, sa colère et sa haine vont l’aveugler et il ne gagnera pas seul.
— Je suppose que tu as raison. Je n’aurais jamais dû m’interposer contre lui, mais le guider.
— Quand je regarde cet endroit, il a voulu protéger ces deux personnes, il était seul et il avait peur, je suis certaine que c’est pour ça qu’il a perdu.
— Merci Navi… Je n’aurais jamais été aussi loin sans toi.
— Hé ! C’est pour ça que tu m’as embauchée !
— J’ai vu ce que je devais voir ici. Retournons à l’Arche du Lion. Nous devons questionner les gardes, ils ont forcément des indices sur où pourrait être Yoremi.
A l’Arche du Lion, nous interrogeâmes tous les gardes du lion que nous rencontrâmes. Nous savions que les séraphins étaient à sa recherche, mais les gardes du lion ne sont pas sous la même juridiction. Finalement, nous tombâmes sur un garde qui savait quelques petites choses.
— J’ai déjà entendu ce nom : Yoremi. Je l’ai même déjà aperçu. Il se rend assez souvent à la Terrasse de la Grue Blanche, là où se trouvent les érudits du Prieuré. Ca fait un petit moment que je ne l’ai pas vu, par contre. Mais allez voir les érudits, ils vous aideront sûrement.
— Merci beaucoup, garde.
— Je vous en prie mesdames. Passez une belle journée.
Le garde reprit son chemin. Je me tournai vers Kim.
— C’est qui ces gens Kim ? Les érudits du Prieuré ?
— Le Prieuré de Durmand, c’est un ordre séculaire qui protège notre passé, les écrits et les vestiges. Ca ne m’étonne pas qu’il y ait des érudits à l’Arche. Allons voir.
En arrivant sur place, Kim me montra la plage avec le campement des érudits. Nous descendîmes jusqu’à leur niveau. Kim repéra rapidement le magistrat et se présenta.
— Bonjour, je m’appelle Kim Eliana. Je suis à la recherche de quelqu’un que vous pourriez connaître ou avoir vu récemment.
— Bonjour mesdames. Et bien, avez-vous un nom ou quelque chose pour nous indiquer…
— Yoremi Unmei.
— Yoremi… Unmei… Mmh. Pourquoi pensez-vous que nous pourrions le connaître ?
— Plusieurs gardes de l’Arche l’ont aperçu à votre campement.
— Qui êtes-vous donc Kim Eliana ?
— Son amie la plus proche.
A la réponse de Kim, l’érudit perdit sa mine d’instigateur pour prendre une expression désolée.
— Oh… C’est vous…
— Comment ça ? Que savez-vous ?
— Yoremi nous a parlé de vous. Voyez-vous, il a été secouru par des gardes du Lion à Aveugleneige. Grièvement blessé, ils nous l’ont confié afin que nous tentions de le sauver…
— Que voulez-vous dire ?
J’eu une boule au ventre à la phrase de l’érudit. Kim se glaça.
— Non non ! Rassurez-vous, il est vivant ! Mais… Il a reçu un sceau.
— Un sceau ? Quel type de sceau ?
— Oh… Nous ne savons même pas son origine, c’est une marque noire très ancienne et très puissante. Nous avons tenté de le contenir en infligeant un autre sceau sur lui. Celui-ci n’a pas tenu. Yoremi était mal en point, sa marque prenait de l’ampleur. Nous avons donc décidé de lui lancer un autre sceau bien plus puissant, celui-ci a tenu.
— Très bien, où est-il maintenant ?
— Nous ne savons pas, il y a plusieurs jours que nous lui avons fait nos adieux. Il devaient partir pour les Hinterlands haratis avec d’autres aventuriers je crois.
— Très bien, merci beaucoup.
— Je vous en prie.
Kim se retourna vers moi. Je ne l’ai jamais vu aussi déterminée. Elle arborait un air légèrement triste, mais elle avait reprit du courage et j’en fus ravie.
— Bien Navi, nous n’avons plus rien à faire ici.
— Oui, nous connaissons notre prochaine destination. Kim… Je suis contente pour toi. Nous approchons du but.
— Nous n’avons jamais été aussi proche tu veux dire !
— Heu… Excusez-moi mesdames.
— Oui, magistrat.
— Je pense savoir pourquoi vous êtes à sa recherche mademoiselle Eliana. Il a changé vous savez.
— Comment ça ?
— Il n’est plus le même, il a grandit, mûrit, forcit. Il a fait un voyage vers les Brumes.
— Vers les Brumes ?! Vous l’avez envoyé vers les Brumes ?
— C’était une nécessité, il fallait qu’il se débarrasse de son enseignement noir qu’il a reçu étant enfant. Il a connu l’horreur, la souffrance, la haine. Il a pu voir ce que peut être le courage, l’amour, la volonté. Il fait maintenant ses choix en ayant pleinement conscience des conséquences.
— Que voulez-vous dire ?
— Je pense qui va devoir régler une affaire personnelle avant de continuer son chemin vers sa sœur. Le stigmate de Kralkatorrik, c’est sa future destination.
— Il doit aller au stigmate ?! Mais quelle folie devrait l’amener à cet endroit ?
— Oh, c’est loin d’être une folie, croyez-moi. Il était bien sûr de lui et très réfléchit.
— Merci pour tout ce que vous m’avez apporté, cela m’aide beaucoup.
Nous étions de retour vers la place du marché. Kim se tenait droite, de dos, devant moi. Le vent fit onduler sa chevelure. Elle se retourna et me regarda dans les yeux.
— Navi… Je ne te remercierai jamais assez pour toute l’aide que tu m’as apporté. Je ne serais pas ici sans toi. Je n’aurais jamais pu aller aussi loin et me rapprocher d’aussi près de Yoremi.
— Et bien… Tu as demandé une pisteuse Kim… Hi hi ! C’est ce que je suis. Je suis ravie de t’avoir aidée. J’espère que mon aide te permettra de retrouver enfin Yoremi.
— Je suis certaine, Navi. Merci du fond du cœur.
Kim me prit dans ses bras. Je sentie ses convictions et ses motivations à travers elle. J’étais si contente de l’avoir aidée. Flamme aboya subitement auprès de Kim.
— Toi aussi Flamme, tu m’as beaucoup aidé. Viens ici que je te donne un dernier câlin.
Kim étreignit Flamme, ce qui me fit sourire, mais aussi monter les larmes aux yeux. Ce fût une très belle aventure. Kim se releva et dans un dernier regard, se retourna et partit dans la foule.
— Kim ! Attends !
Kim se retourna, l’air interrogateur.
— Si… Tu n’as plus besoin d’une pisteuse… Peut-être que… Tu aurais besoin d’une amie ?
Kim se mit à sourire et des larmes montèrent à nos yeux.
— Je ne pouvais pas espérer mieux !
Notre aventure n’était pas terminée. Bien au contraire, elle ne faisait que commencer.
— Voici l’Arche du Lion, Navi !
Je restai bouche-bée. Ce décor, cette architecture, cette clarté, ces couleurs ! Je fus totalement dépaysée par ce que j’avais devant les yeux. Je ne pouvais pas comparer avec le Bosquet. Lui aussi est magnifique, mais totalement différent. Il y avait des tas de constructions, plus grandes les unes que les autres, le soleil illuminait toute cette roche, cette terre, ce sable. Le ciel était dégagé et l’on pouvait admirer des tas d’oiseaux voler au niveau du port. Le spectacle fut une réelle réussite. J’entendis Kim rire.
— Ta tête me rappelle la mienne lorsque je suis arrivée au Bosquet. J’imagine que le décor doit te troubler ?
— Non… Troubler… Pas vraiment… Mais c’est très différent ! Je ne pourrais pas dire si c’est joli ou non, mais c’est admirable !
— C’est ce qu’on appelle le choc des cultures, répondit Kim en rigolant. Je lui souris à mon tour.
— Bien… Maintenant, c’est toi la guide Kim, je ne sais plus où aller.
— Oui… Alors réfléchissons. Ma vision m’indiquait un endroit enneigé. Yoremi vient de Kryte. Le seul endroit enneigé vers l’ouest… Les Cimes d’Aveugleneige ! Ce n’est pas très vaste, nous aurons tôt fait de retrouver l’endroit précis de ma vision.
— Alors en route ! Flamme, ne te perd pas !
Flamme aboya joyeusement et nous partîmes vers la sortie ouest de l’Arche. Nous traversâmes une place de marché, de nombreux commerçants proposèrent des articles divers et variés, des choses que je ne connaissais pas. Nous passâmes au travers d’un quartier légèrement chic. Les femmes étaient très raffinées, elles me faisaient penser à Kim. Elle aussi, elle appartient aux nobles du Promontoire Divin. Malgré qu’elle soit toujours aussi ravissante, elle est devenue une véritable rôdeuse comme moi qui crapahute un peu partout.
Nous quittâmes finalement l’Arche du Lion.
— Ouh ! Il fait froid Kim !
— Oui, je m’en doutais, j’avais prévu des manteaux, tiens, prends-en un.
— Merci.
Tandis que j’enfilais mon manteau, je remarquai que j’avais perdu Flamme de vue.
— Flamme ? Où es tu passé ?
— Tiens ? Oui, c’est vrai ça ! Je ne le vois plus.
Un silence s’abatis. Nous scrutâmes l’horizon afin de percevoir toute trace de mon chien sylvari. D’un coup, je vis une ombre sortir de sous la neige et s’écraser sur moi. J’allai sortir une dague quand je senti une langue me lécher le visage et des aboiement retentir dans mes oreilles.
— Imbécile de chien ! Tu m’as fais peur, grondai-je ironiquement Flamme tout en rigolant.
— Il semble aimer la neige. Au moins, il n’a pas froid.
Nos manteaux enfilés, nous reprîmes notre route vers le sud. Le froid piquait mon visage, mais c’était tenable. Je n’ai jamais été exposée à la glace ou à la neige. A long terme, je pense que cela pourrait avoir des conséquences sur notre système organique. Il n’y a qu’à voir le peu d’arbres présent à cet endroit, ou bien ce sont nos cousins les conifères.
— Navi… Je… Je crois qu’on s’approche. Ce pan de roche… Regarde. Il est fissuré de partout.
— Fissuré de partout, mais… Si on y regarde de plus près, toutes les fissures partent d’un même point central… Ce serait ?
Kim tomba à genoux. Des larmes apparurent à ses yeux. Elle posa une main sur le centre des fissures. La regarder comme ça me brisa le cœur. Que s’était-il bien passé ? Elle ne m’avait sûrement pas tout dit sur ce qu’elle avait vu. Je posai une main sur son épaule avant de regarder aux alentours.
— Kim… Il faut que tu voies ça…
Kim se releva et se dirigea vers moi. Elle dégluti et marcha vers les tombes. Elle s’assied sur ses genoux, devant les deux croix érigées.
— Yoremi… Que s’est-il passé ? Qu’as-tu fais ? N’aurais-tu vraiment rien retenu de notre conversation avant que tu disparaisses de mes bras ?
La voix de Kim était douce, lente, triste. Elle regarda les tombes, puis le sol. Enfin, elle leva les yeux vers le ciel. D’un coup, elle se mit à crier. Ses cris étaient pleins de colère, de mécontentement, mais aussi de désespoir.
— Pourquoi es-tu allé aussi loin ?! Regardes ce que tu as fais ! N’as-tu pas assez souffert ?! Ton entourage n’a-t-il pas assez souffert pour toi ?! Il n’y a pas que toi qui souhaites te venger ! Elle était mon amie aussi ! Il n’y a pas que toi qui souhaites justice ! Je l’aimais aussi ! Il n’y a pas que toi qui souhaites revoir Lucia ! Elle me manque aussi !!
Kim hurla en sanglot ! Je ne pouvais pas la voir comme ça ! Je ne connais pas ce Yoremi, mais quand je vois cette scène, je ne peux pas lui mettre tout sur le dos. Ce qui s’est passé ici est dû à un ensemble d’engrenages et de conséquences. Je couru vers Kim et la pris dans mes bras.
— Kim ! Arrête ! Tu te fais plus de mal qu’autre chose !
— Il est perdu…
— Non il n’est pas perdu ! Tout ça, tout ce qu’il y a ici, il y a bien une raison !
— C’est lui… Il est le mal…
— A ce que tu m’as dis, il a souffert, et il souffre encore. Tu ne peux pas le blâmer sur ses actes. Il est aveuglé par sa peine !
— Il ne doit pas agir ainsi…
— Personne ne doit juger quelqu’un arbitrairement ! Tu devrais le savoir Kim… Ne le juge pas. Nous faisons tous nos propres choix et on en tire les conséquences. Tu ne peux pas le faire agir autrement. S’il a décidé de faire sa propre vengeance, c’est ainsi.
Kim recula doucement et souffla. Elle reprit doucement ses esprits et abandonna sa peine. Flamme tourna autour d’elle et essaya de la réconforter. Elle le caressa avant de me regarder.
— Je ne sais plus quoi faire, Navi.
— Je pense qu’il faut agir autrement. Kim, il faut que tu comprennes que tu ne l’arrêteras pas. S’il a décidé de livrer justice lui-même, tu es son amie, tu dois le soutenir. Par contre, tu peux le retrouver et l’aider à faire des choix intelligents. Il est sûrement très fort, mais face aux meurtriers de sa famille, sa colère et sa haine vont l’aveugler et il ne gagnera pas seul.
— Je suppose que tu as raison. Je n’aurais jamais dû m’interposer contre lui, mais le guider.
— Quand je regarde cet endroit, il a voulu protéger ces deux personnes, il était seul et il avait peur, je suis certaine que c’est pour ça qu’il a perdu.
— Merci Navi… Je n’aurais jamais été aussi loin sans toi.
— Hé ! C’est pour ça que tu m’as embauchée !
— J’ai vu ce que je devais voir ici. Retournons à l’Arche du Lion. Nous devons questionner les gardes, ils ont forcément des indices sur où pourrait être Yoremi.
A l’Arche du Lion, nous interrogeâmes tous les gardes du lion que nous rencontrâmes. Nous savions que les séraphins étaient à sa recherche, mais les gardes du lion ne sont pas sous la même juridiction. Finalement, nous tombâmes sur un garde qui savait quelques petites choses.
— J’ai déjà entendu ce nom : Yoremi. Je l’ai même déjà aperçu. Il se rend assez souvent à la Terrasse de la Grue Blanche, là où se trouvent les érudits du Prieuré. Ca fait un petit moment que je ne l’ai pas vu, par contre. Mais allez voir les érudits, ils vous aideront sûrement.
— Merci beaucoup, garde.
— Je vous en prie mesdames. Passez une belle journée.
Le garde reprit son chemin. Je me tournai vers Kim.
— C’est qui ces gens Kim ? Les érudits du Prieuré ?
— Le Prieuré de Durmand, c’est un ordre séculaire qui protège notre passé, les écrits et les vestiges. Ca ne m’étonne pas qu’il y ait des érudits à l’Arche. Allons voir.
En arrivant sur place, Kim me montra la plage avec le campement des érudits. Nous descendîmes jusqu’à leur niveau. Kim repéra rapidement le magistrat et se présenta.
— Bonjour, je m’appelle Kim Eliana. Je suis à la recherche de quelqu’un que vous pourriez connaître ou avoir vu récemment.
— Bonjour mesdames. Et bien, avez-vous un nom ou quelque chose pour nous indiquer…
— Yoremi Unmei.
— Yoremi… Unmei… Mmh. Pourquoi pensez-vous que nous pourrions le connaître ?
— Plusieurs gardes de l’Arche l’ont aperçu à votre campement.
— Qui êtes-vous donc Kim Eliana ?
— Son amie la plus proche.
A la réponse de Kim, l’érudit perdit sa mine d’instigateur pour prendre une expression désolée.
— Oh… C’est vous…
— Comment ça ? Que savez-vous ?
— Yoremi nous a parlé de vous. Voyez-vous, il a été secouru par des gardes du Lion à Aveugleneige. Grièvement blessé, ils nous l’ont confié afin que nous tentions de le sauver…
— Que voulez-vous dire ?
J’eu une boule au ventre à la phrase de l’érudit. Kim se glaça.
— Non non ! Rassurez-vous, il est vivant ! Mais… Il a reçu un sceau.
— Un sceau ? Quel type de sceau ?
— Oh… Nous ne savons même pas son origine, c’est une marque noire très ancienne et très puissante. Nous avons tenté de le contenir en infligeant un autre sceau sur lui. Celui-ci n’a pas tenu. Yoremi était mal en point, sa marque prenait de l’ampleur. Nous avons donc décidé de lui lancer un autre sceau bien plus puissant, celui-ci a tenu.
— Très bien, où est-il maintenant ?
— Nous ne savons pas, il y a plusieurs jours que nous lui avons fait nos adieux. Il devaient partir pour les Hinterlands haratis avec d’autres aventuriers je crois.
— Très bien, merci beaucoup.
— Je vous en prie.
Kim se retourna vers moi. Je ne l’ai jamais vu aussi déterminée. Elle arborait un air légèrement triste, mais elle avait reprit du courage et j’en fus ravie.
— Bien Navi, nous n’avons plus rien à faire ici.
— Oui, nous connaissons notre prochaine destination. Kim… Je suis contente pour toi. Nous approchons du but.
— Nous n’avons jamais été aussi proche tu veux dire !
— Heu… Excusez-moi mesdames.
— Oui, magistrat.
— Je pense savoir pourquoi vous êtes à sa recherche mademoiselle Eliana. Il a changé vous savez.
— Comment ça ?
— Il n’est plus le même, il a grandit, mûrit, forcit. Il a fait un voyage vers les Brumes.
— Vers les Brumes ?! Vous l’avez envoyé vers les Brumes ?
— C’était une nécessité, il fallait qu’il se débarrasse de son enseignement noir qu’il a reçu étant enfant. Il a connu l’horreur, la souffrance, la haine. Il a pu voir ce que peut être le courage, l’amour, la volonté. Il fait maintenant ses choix en ayant pleinement conscience des conséquences.
— Que voulez-vous dire ?
— Je pense qui va devoir régler une affaire personnelle avant de continuer son chemin vers sa sœur. Le stigmate de Kralkatorrik, c’est sa future destination.
— Il doit aller au stigmate ?! Mais quelle folie devrait l’amener à cet endroit ?
— Oh, c’est loin d’être une folie, croyez-moi. Il était bien sûr de lui et très réfléchit.
— Merci pour tout ce que vous m’avez apporté, cela m’aide beaucoup.
Nous étions de retour vers la place du marché. Kim se tenait droite, de dos, devant moi. Le vent fit onduler sa chevelure. Elle se retourna et me regarda dans les yeux.
— Navi… Je ne te remercierai jamais assez pour toute l’aide que tu m’as apporté. Je ne serais pas ici sans toi. Je n’aurais jamais pu aller aussi loin et me rapprocher d’aussi près de Yoremi.
— Et bien… Tu as demandé une pisteuse Kim… Hi hi ! C’est ce que je suis. Je suis ravie de t’avoir aidée. J’espère que mon aide te permettra de retrouver enfin Yoremi.
— Je suis certaine, Navi. Merci du fond du cœur.
Kim me prit dans ses bras. Je sentie ses convictions et ses motivations à travers elle. J’étais si contente de l’avoir aidée. Flamme aboya subitement auprès de Kim.
— Toi aussi Flamme, tu m’as beaucoup aidé. Viens ici que je te donne un dernier câlin.
Kim étreignit Flamme, ce qui me fit sourire, mais aussi monter les larmes aux yeux. Ce fût une très belle aventure. Kim se releva et dans un dernier regard, se retourna et partit dans la foule.
— Kim ! Attends !
Kim se retourna, l’air interrogateur.
— Si… Tu n’as plus besoin d’une pisteuse… Peut-être que… Tu aurais besoin d’une amie ?
Kim se mit à sourire et des larmes montèrent à nos yeux.
— Je ne pouvais pas espérer mieux !
Notre aventure n’était pas terminée. Bien au contraire, elle ne faisait que commencer.
Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre II : Ombre et Lumière
Chapitre Dernier
Mes compagnons,
Je ne peux plus regarder mon propre reflet. Je n’ai même pas la force d’écrire ces lignes pour vous. Comment remonter la pente après ça. Je vous ai tourné le dos. Ca me prend aux tripes, je n’arrive même pas à décrire ce que je ressens… De la tristesse, de la déception, de la lâcheté, de la peur ? Il y a tellement de mots, de sentiments pour me décrire en cet instant. Mais toutes ces sensations, ces émotions, cela fait seize ans que je ne les ais pas ressentis. J’ai oublié toutes ces choses qui pourraient m’affaiblir, mon maître m’a éduqué ainsi. Il ne m’était pas question d’être faible, pas un seul instant. Faiblesse est synonyme de mort. Je suis faible.
Je vous abandonne ici, mes compagnons. Votre route est encore longue, mais je n’ai aucun doute sur votre succès. Je n’ai pas réussi une seule fois à tenir mes promesses dans ma vie. Cette fois encore, je ne vais pas tenir ma promesse, mais par contre, je vais vous garder en vie.
Yoremi se résonna ces quelques phrases dans sa tête. Ces phrases qui provenaient d’une lettre qu’il avait laissé à ses compagnons avant de les quitter, de les abandonner. Il était nu, dans un lac, l’eau remontait jusqu’à son ventre. Il la regarda, transparente, pure. Et il regarda sa marque, noire, démoniaque. Le sceau du Prieurié s’était volatilisé, la main noire était revenue entre ses pectoraux. Mais pas uniquement. Ce qui l’inquiéta encore plus, et ce dont pourquoi il a abandonné ses amis, c’est la prolifération de la main sur presque tout son corps. Des veines noires sortaient de la main pour se répandre sur tout son ventre, son dos, ses bras et ses cuisses. En s’éloignant de ses compagnons, les veines avaient arrêtées de se répandre sur son corps. Il avait comprit que malgré sa volonté d’aider ses proches, il les conduirait à leur perte. Yoremi devait leur faire confiance et les laisser s’occuper des spectres.
Il avait un autre objectif en tête, un passage nécessaire avant de continuer sa quête. Des réponses étaient nécessaires à ses interrogations. Des secrets devaient voir la lumière. Son âme elle-même devait s’ouvrir à la lumière.
Pourquoi l’avoir sauvé ? Pourquoi l’avoir entraîné ? Pourquoi l’aider à survivre ? Quel est cet art noir qui lui a été transmit ? Pourquoi avoir fait de lui un justicier implacable, un vengeur, un tueur de tueurs ? Pourquoi cette marque à son œil droit ? Pourquoi lui ?
Ses réponses, il savait où les trouver, il savait qui retrouver pour lui réclamer la lumière, alors qu’il la toujours bercé dans les ténèbres. Le temps était venu, l’heure de la réunion avait sonné. Des comptes devaient être rendus. L’élève devait défier son maître. Yoremi devait affronter son mentor.
Yoremi avait la tête levée vers le ciel, les yeux clos. Le vent soufflait, des oiseaux piaillaient, il faisait doux. Ses yeux se rouvrirent, il esquissa un sourire. Il se retourna et se dirigea vers ses affaires qu’il avait posées au bord de l’eau. Il enfila son pantalon, sa veste. Il mit ses bottes et ses gants. Son masque, il le garda dans son sac. Il fixa sa ceinture qui portait ses dagues, ses pistolets et ses bombes. Il prit son sac sur son dos et reprit sa route. Il savait parfaitement sa destination : le stigmate de Kralkatorrik.
Le sol était fertile, sombre, cendré. Les plantes et buissons étaient tous cristallisés, morts. Les créatures étaient stigmatisées. Elles étaient devenues de sombres esclaves au service du Destructeur. L’air était sec, des cendres étaient en suspension. Il était impossible d’apercevoir le ciel, une aura sombre le masquait, quelques éclairs flashaient le ciel.
Yoremi était droit, le visage dur, il fixait son objectif. Un homme de grande taille, large d’épaule se tenait tout aussi droit et répondait au regard de Yoremi. Pas un bruit ne résonnait entre eux. La température semblait baisser, l’air se chargeait d’électricité. La tension semblait monter entre les deux hommes. Ils ne bougeaient pas d’un iota, mais leurs auras s’affrontaient déjà.
— Ca fait combien de temps, Ange Noir ?
— Huit ans.
— Oui. Huit ans. Je le sais bien. Tu as changé.
— Tu trouves ?
— Tu as fini toi-même ton entraînement, ta formation.
— Ma formation à devenir un tueur, un homme mauvais.
L’homme fit le premier pas, il s’approcha lentement de Yoremi. Celui-ci ne bougea pas.
— Fais attention à ce que tu vas faire.
— Allons, Ange Noir ! Je sais très bien que nous allons nous battre. Cela ne doit pas m’empêcher d’admirer ce que j’ai réussi à faire de toi.
— Ce que tu as réussi à faire de moi ? Tu m’as baigné dans la souffrance, dans la haine et les ténèbres ! Tu es fier de toi ?
— Remontes quelques années en arrière ! Comment te sentais-tu ?! Tu n’étais qu’un gosse pleurant la mort de sa famille ! Tu croyais que j’allais faire quoi de toi ?! J’allais te faire comprendre que la vie est belle ? Que tes pertes ne sont pas graves ? Que tu trouveras une famille adoptive ? Tu avais les yeux grands ouverts et je te les ai laissé ouvert. Tu voulais te venger, je t’ai guidé pour que tu sois prêt pour ta vengeance. Tu as survécu grâce à moi, je t’ai montré tout ce que je savais, pour qu’un jour, tu puisses accomplir ta…
— La vérité !!
Le cri de Yoremi résonna à travers les roches. Le vent s’arrêta, les éclairs se turent. Le visage de Yoremi fut grave et sombre. L’homme eu un regard surprit.
— Je ne joue plus à tes petits jeux Kuro Akuma. Je ne suis pas l’Ange Noir. Tu ne m’as pas sauvé par hasard, tu ne m’as pas apprit tout ce que je sais par hasard. Tu ne m’as pas fais devenir ce que je suis par hasard. Et je ne porte pas cette marque à mon œil par hasard.
— Tu as vraiment changé. Et je suis vraiment fier de ce que tu es devenu… Non. Tu as raison. Je ne t’ai pas sauvé par hasard. Je ne t’ai pas éduqué et entraîné comme je l’ai fait par hasard. Je ne t’ai pas appris cet art ancestral noir canthien par hasard. J’ai fais de toi ce que tu es aujourd’hui pour une raison bien précise. Quand je t’ai vu pour la toute première fois, j’ai simplement saisi l’occasion de ta tragédie.
Les yeux de Yoremi étaient emplis de haine, son visage de colère. Il était trompé, trahi et fou de rage sur les mots de son ancien maître.
— Je vais te tuer.
— Ca mon garçon… Tu n’en n’es pas encore capable.
Yoremi disparu. Kuro tourna sa tête vers la droite et leva une dague sur son côté et para l’attaque de Yoremi. Les dagues s’entrechoquèrent. Kuro leva un pistolet et visa Yoremi, celui-ci fit une pirouette afin d’esquiver, il attrapa le bras gauche de Kuro pour le désarmer. Le pistolet tomba au sol. Yoremi lança son pied sur le visage de son adversaire, il recula sa tête afin d’esquiver. A son tour, Kuro disparu avant de revenir rapidement derrière Yoremi et attrapa son crâne pour se faire s’écraser au sol. Yoremi se laissa faire avant de faire une roulade avant ce qui fit lâcher prise Kuro. Yoremi dégaina ses deux dagues et en lança une sur Kuro. A peine se relevait-il qu’il esquiva qu’à moitié la dague de son ancien élève pour entailler le haut de sa poitrine. Dans le même temps, il lança sa dague ce qui surprit Yoremi qui esquiva d’un coup de tête. Mais du sang coula de sa joue, lui aussi, il a été touché.
— Ca ne va pas être aussi facile que ça.
Les deux adversaires se surprirent de dire la même chose au même moment.
— Tu vas finir par te fatiguer vieillard.
— Jeune et effronté. Tu penses réellement gagner avec ça ?
Yoremi disparu à nouveau et surgit juste devant Kuro, celui-ci ne fut pas surprit et planta une dague sur Yoremi, mais celui-ci disparu à nouveau avant de réapparaître sur le côté de son maître pour lui saisir le bras avec le siens et l’enchaîner de coups de coudes avant de le lâcher pour prendre ses dagues. Kuro sorti les siens et un duel aux poignards s’ensuivi. Les coups furent vifs et d’une effroyable précision. Aucune des lames des deux combattants n’arrivèrent à atteindre l’autre, car les parades furent toutes aussi précises.
Les assauts furent violents, Yoremi sembla perdre pied, il réduisit ses appuis, deux coups de Kuro passèrent au travers de ses parades, il fut touché à l’épaule gauche et sur son flanc droit. Il planta une de ses dagues au sol. Avant de s’écarter vivement des assauts, une lame se planta dans son bras droit. Kuro arrêta ses attaques lorsqu’il vit Yoremi une dizaine de pas plus loin.
— Que fais-tu aussi loin ? Commences-tu enfin à comprendre ?
Yoremi retira la lame de son bras droit. Le sang coula lentement. Kuro alla se lancer vers son élève lorsqu’un piège bloqua son pied gauche. Il lui écrasa complètement sa cheville. Kuro cria. Yoremi saisit l’opportunité. Il surgit sur le côté de Kuro et lui planta une dague dans la main qui allait se saisir de lui. Il asséna un violent coup de poing dans les côtes de son mentor. Le coup fut si puissant qu’il lui brisa les côtes. Yoremi prit sa dernière dague et la planta dans la cuisse de Kuro. Sous le choc de la douleur, il arracha son pied du piège et attrapa la gorge de Yoremi. Sur une jambe, il frappa le crâne de Yoremi de son poing d’une puissance éclatante. Une fois, deux fois, trois fois… Yoremi fut défiguré. Sous son épuisement, ses coups furent de moins en moins violent. Il jeta Yoremi à terre et s’écroula à genoux.
Yoremi, à demi-conscient, hoqueta. Du sang sorti de sa bouche, il essaya tant bien que mal à se mettre sur le côté et cracha le sang de sa bouche. Tremblant, il rampa vers son ancien maître et lui saisit sa dernière dague. Avec le peu de force qu’il lui restait, il retourna Kuro sur le dos et lui fit face. Kuro haleta. Il regarda sa dague dans la main de Yoremi. Il se servit de ses dernières forces pour parler.
— Vas-y… Tue… Moi…
— Pourquoi ?
Yoremi avait une voix cassée, sa mâchoire était déformée. Il serra la dague dans sa main.
— Les mages… Les mages noirs. Je les poursuivais depuis Cantha…
Yoremi eu l’air surprit. Il regarda partout, s’imaginant ce qu’il allait entendre.
— J’ai vu… J’ai vu ce qu’ils ont fait à ta famille… Je t’ai vu défendre ta sœur… Je l’ai vu partir avec eux…
Malgré son manque d’énergie. Cette annonce brisa Yoremi et le mit dans une rage incommensurable.
— Je savais que si j’intervenais je serais mort aussi… Mais je m’en suis toujours voulu… Yoremi… Je t’ai récupéré pour que tu puisses réussir là ou j’ai échoué. Je ne pouvais pas les battre… Yoremi… Je t’ai sauvé… entraîné… éduqué… pour que tu puisses un jour vaincre ces mages… Je… suis… désolé…
Des larmes coulèrent des yeux de Yoremi. La rage et la tristesse se mêlèrent en un sentiment horrible en lui. Il regarda son maître dans les yeux.
— Ne m’as-tu jamais aimé ?
Kuro respirait difficilement, il prit une grande inspiration avant d’essayer de répondre.
— Comme… Comme un père… peut… aimer…
La dague glissa dans son estomac. Kuro se paralysa. Il respira fortement avant d’attraper le bras de Yoremi.
— Yoremi… Tu portes… l’œil… du… démon… Il peut vaincre… la… Guilde… Noire…
Yoremi grinça des dents et lâcha la dague et son maître. Ce-dernier expira une ultime fois. Yoremi, à bout de force, s’écroula.
Une grande et jeune femme le prit dans ses bras. Son parfum réveilla Yoremi qui semblait être parti dans des rêves lointains. Salement défiguré, il réussi tout de même à sourire en voyant qui l’avait récupéré.
— Sé… Sélina ?
— C’est bien moi. Dors, je m’occupe de tout.
Les ténèbres ne pouvaient être plus sombres. Mais quelques torches éclairaient sensiblement cette pièce cylindrique. Au milieu, un autel rectangulaire. Quatre pilonnes dominaient les coins de l’autel. Le corps nu d’une femme se trouvait en plein centre. Ses cheveux noirs étaient pleins de poussière. Des traces de terre, de cendre, des écorchures et des hématomes se répartissaient sur tout le corps de la jeune femme. Elle était sur le dos, allongée, bras et jambes écartés. Des chaînes reliées aux pilonnes étaient fixées à ses membres. Immobilisée, elle respirait.
Douze mages recouverts de capes noires marchaient les uns derrière les autres en cercle autour de l’autel. Un chant était entonné. Les voix étaient graves, résonnantes. Le chant éveilla une douleur dans le corps de la jeune femme. Celle-ci grimaça et se tortilla autant que possible, jusqu’au moment où elle se figea, la tête droite vers le plafond. Un pentagramme d’un violet clair très lumineux s’inscrivit sur son front. Sa douleur était tellement forte qu’elle paralysa tout son corps, elle ouvrit la bouche et hurla. Une lumière très intense sortie de sa bouche et de ses yeux pendant plusieurs secondes.
Elle se tût. La lumière disparu. Le pentagramme s’effaça. Tout redevint noir.
Mes compagnons,
Je ne peux plus regarder mon propre reflet. Je n’ai même pas la force d’écrire ces lignes pour vous. Comment remonter la pente après ça. Je vous ai tourné le dos. Ca me prend aux tripes, je n’arrive même pas à décrire ce que je ressens… De la tristesse, de la déception, de la lâcheté, de la peur ? Il y a tellement de mots, de sentiments pour me décrire en cet instant. Mais toutes ces sensations, ces émotions, cela fait seize ans que je ne les ais pas ressentis. J’ai oublié toutes ces choses qui pourraient m’affaiblir, mon maître m’a éduqué ainsi. Il ne m’était pas question d’être faible, pas un seul instant. Faiblesse est synonyme de mort. Je suis faible.
Je vous abandonne ici, mes compagnons. Votre route est encore longue, mais je n’ai aucun doute sur votre succès. Je n’ai pas réussi une seule fois à tenir mes promesses dans ma vie. Cette fois encore, je ne vais pas tenir ma promesse, mais par contre, je vais vous garder en vie.
Yoremi se résonna ces quelques phrases dans sa tête. Ces phrases qui provenaient d’une lettre qu’il avait laissé à ses compagnons avant de les quitter, de les abandonner. Il était nu, dans un lac, l’eau remontait jusqu’à son ventre. Il la regarda, transparente, pure. Et il regarda sa marque, noire, démoniaque. Le sceau du Prieurié s’était volatilisé, la main noire était revenue entre ses pectoraux. Mais pas uniquement. Ce qui l’inquiéta encore plus, et ce dont pourquoi il a abandonné ses amis, c’est la prolifération de la main sur presque tout son corps. Des veines noires sortaient de la main pour se répandre sur tout son ventre, son dos, ses bras et ses cuisses. En s’éloignant de ses compagnons, les veines avaient arrêtées de se répandre sur son corps. Il avait comprit que malgré sa volonté d’aider ses proches, il les conduirait à leur perte. Yoremi devait leur faire confiance et les laisser s’occuper des spectres.
Il avait un autre objectif en tête, un passage nécessaire avant de continuer sa quête. Des réponses étaient nécessaires à ses interrogations. Des secrets devaient voir la lumière. Son âme elle-même devait s’ouvrir à la lumière.
Pourquoi l’avoir sauvé ? Pourquoi l’avoir entraîné ? Pourquoi l’aider à survivre ? Quel est cet art noir qui lui a été transmit ? Pourquoi avoir fait de lui un justicier implacable, un vengeur, un tueur de tueurs ? Pourquoi cette marque à son œil droit ? Pourquoi lui ?
Ses réponses, il savait où les trouver, il savait qui retrouver pour lui réclamer la lumière, alors qu’il la toujours bercé dans les ténèbres. Le temps était venu, l’heure de la réunion avait sonné. Des comptes devaient être rendus. L’élève devait défier son maître. Yoremi devait affronter son mentor.
Yoremi avait la tête levée vers le ciel, les yeux clos. Le vent soufflait, des oiseaux piaillaient, il faisait doux. Ses yeux se rouvrirent, il esquissa un sourire. Il se retourna et se dirigea vers ses affaires qu’il avait posées au bord de l’eau. Il enfila son pantalon, sa veste. Il mit ses bottes et ses gants. Son masque, il le garda dans son sac. Il fixa sa ceinture qui portait ses dagues, ses pistolets et ses bombes. Il prit son sac sur son dos et reprit sa route. Il savait parfaitement sa destination : le stigmate de Kralkatorrik.
Le sol était fertile, sombre, cendré. Les plantes et buissons étaient tous cristallisés, morts. Les créatures étaient stigmatisées. Elles étaient devenues de sombres esclaves au service du Destructeur. L’air était sec, des cendres étaient en suspension. Il était impossible d’apercevoir le ciel, une aura sombre le masquait, quelques éclairs flashaient le ciel.
Yoremi était droit, le visage dur, il fixait son objectif. Un homme de grande taille, large d’épaule se tenait tout aussi droit et répondait au regard de Yoremi. Pas un bruit ne résonnait entre eux. La température semblait baisser, l’air se chargeait d’électricité. La tension semblait monter entre les deux hommes. Ils ne bougeaient pas d’un iota, mais leurs auras s’affrontaient déjà.
— Ca fait combien de temps, Ange Noir ?
— Huit ans.
— Oui. Huit ans. Je le sais bien. Tu as changé.
— Tu trouves ?
— Tu as fini toi-même ton entraînement, ta formation.
— Ma formation à devenir un tueur, un homme mauvais.
L’homme fit le premier pas, il s’approcha lentement de Yoremi. Celui-ci ne bougea pas.
— Fais attention à ce que tu vas faire.
— Allons, Ange Noir ! Je sais très bien que nous allons nous battre. Cela ne doit pas m’empêcher d’admirer ce que j’ai réussi à faire de toi.
— Ce que tu as réussi à faire de moi ? Tu m’as baigné dans la souffrance, dans la haine et les ténèbres ! Tu es fier de toi ?
— Remontes quelques années en arrière ! Comment te sentais-tu ?! Tu n’étais qu’un gosse pleurant la mort de sa famille ! Tu croyais que j’allais faire quoi de toi ?! J’allais te faire comprendre que la vie est belle ? Que tes pertes ne sont pas graves ? Que tu trouveras une famille adoptive ? Tu avais les yeux grands ouverts et je te les ai laissé ouvert. Tu voulais te venger, je t’ai guidé pour que tu sois prêt pour ta vengeance. Tu as survécu grâce à moi, je t’ai montré tout ce que je savais, pour qu’un jour, tu puisses accomplir ta…
— La vérité !!
Le cri de Yoremi résonna à travers les roches. Le vent s’arrêta, les éclairs se turent. Le visage de Yoremi fut grave et sombre. L’homme eu un regard surprit.
— Je ne joue plus à tes petits jeux Kuro Akuma. Je ne suis pas l’Ange Noir. Tu ne m’as pas sauvé par hasard, tu ne m’as pas apprit tout ce que je sais par hasard. Tu ne m’as pas fais devenir ce que je suis par hasard. Et je ne porte pas cette marque à mon œil par hasard.
— Tu as vraiment changé. Et je suis vraiment fier de ce que tu es devenu… Non. Tu as raison. Je ne t’ai pas sauvé par hasard. Je ne t’ai pas éduqué et entraîné comme je l’ai fait par hasard. Je ne t’ai pas appris cet art ancestral noir canthien par hasard. J’ai fais de toi ce que tu es aujourd’hui pour une raison bien précise. Quand je t’ai vu pour la toute première fois, j’ai simplement saisi l’occasion de ta tragédie.
Les yeux de Yoremi étaient emplis de haine, son visage de colère. Il était trompé, trahi et fou de rage sur les mots de son ancien maître.
— Je vais te tuer.
— Ca mon garçon… Tu n’en n’es pas encore capable.
Yoremi disparu. Kuro tourna sa tête vers la droite et leva une dague sur son côté et para l’attaque de Yoremi. Les dagues s’entrechoquèrent. Kuro leva un pistolet et visa Yoremi, celui-ci fit une pirouette afin d’esquiver, il attrapa le bras gauche de Kuro pour le désarmer. Le pistolet tomba au sol. Yoremi lança son pied sur le visage de son adversaire, il recula sa tête afin d’esquiver. A son tour, Kuro disparu avant de revenir rapidement derrière Yoremi et attrapa son crâne pour se faire s’écraser au sol. Yoremi se laissa faire avant de faire une roulade avant ce qui fit lâcher prise Kuro. Yoremi dégaina ses deux dagues et en lança une sur Kuro. A peine se relevait-il qu’il esquiva qu’à moitié la dague de son ancien élève pour entailler le haut de sa poitrine. Dans le même temps, il lança sa dague ce qui surprit Yoremi qui esquiva d’un coup de tête. Mais du sang coula de sa joue, lui aussi, il a été touché.
— Ca ne va pas être aussi facile que ça.
Les deux adversaires se surprirent de dire la même chose au même moment.
— Tu vas finir par te fatiguer vieillard.
— Jeune et effronté. Tu penses réellement gagner avec ça ?
Yoremi disparu à nouveau et surgit juste devant Kuro, celui-ci ne fut pas surprit et planta une dague sur Yoremi, mais celui-ci disparu à nouveau avant de réapparaître sur le côté de son maître pour lui saisir le bras avec le siens et l’enchaîner de coups de coudes avant de le lâcher pour prendre ses dagues. Kuro sorti les siens et un duel aux poignards s’ensuivi. Les coups furent vifs et d’une effroyable précision. Aucune des lames des deux combattants n’arrivèrent à atteindre l’autre, car les parades furent toutes aussi précises.
Les assauts furent violents, Yoremi sembla perdre pied, il réduisit ses appuis, deux coups de Kuro passèrent au travers de ses parades, il fut touché à l’épaule gauche et sur son flanc droit. Il planta une de ses dagues au sol. Avant de s’écarter vivement des assauts, une lame se planta dans son bras droit. Kuro arrêta ses attaques lorsqu’il vit Yoremi une dizaine de pas plus loin.
— Que fais-tu aussi loin ? Commences-tu enfin à comprendre ?
Yoremi retira la lame de son bras droit. Le sang coula lentement. Kuro alla se lancer vers son élève lorsqu’un piège bloqua son pied gauche. Il lui écrasa complètement sa cheville. Kuro cria. Yoremi saisit l’opportunité. Il surgit sur le côté de Kuro et lui planta une dague dans la main qui allait se saisir de lui. Il asséna un violent coup de poing dans les côtes de son mentor. Le coup fut si puissant qu’il lui brisa les côtes. Yoremi prit sa dernière dague et la planta dans la cuisse de Kuro. Sous le choc de la douleur, il arracha son pied du piège et attrapa la gorge de Yoremi. Sur une jambe, il frappa le crâne de Yoremi de son poing d’une puissance éclatante. Une fois, deux fois, trois fois… Yoremi fut défiguré. Sous son épuisement, ses coups furent de moins en moins violent. Il jeta Yoremi à terre et s’écroula à genoux.
Yoremi, à demi-conscient, hoqueta. Du sang sorti de sa bouche, il essaya tant bien que mal à se mettre sur le côté et cracha le sang de sa bouche. Tremblant, il rampa vers son ancien maître et lui saisit sa dernière dague. Avec le peu de force qu’il lui restait, il retourna Kuro sur le dos et lui fit face. Kuro haleta. Il regarda sa dague dans la main de Yoremi. Il se servit de ses dernières forces pour parler.
— Vas-y… Tue… Moi…
— Pourquoi ?
Yoremi avait une voix cassée, sa mâchoire était déformée. Il serra la dague dans sa main.
— Les mages… Les mages noirs. Je les poursuivais depuis Cantha…
Yoremi eu l’air surprit. Il regarda partout, s’imaginant ce qu’il allait entendre.
— J’ai vu… J’ai vu ce qu’ils ont fait à ta famille… Je t’ai vu défendre ta sœur… Je l’ai vu partir avec eux…
Malgré son manque d’énergie. Cette annonce brisa Yoremi et le mit dans une rage incommensurable.
— Je savais que si j’intervenais je serais mort aussi… Mais je m’en suis toujours voulu… Yoremi… Je t’ai récupéré pour que tu puisses réussir là ou j’ai échoué. Je ne pouvais pas les battre… Yoremi… Je t’ai sauvé… entraîné… éduqué… pour que tu puisses un jour vaincre ces mages… Je… suis… désolé…
Des larmes coulèrent des yeux de Yoremi. La rage et la tristesse se mêlèrent en un sentiment horrible en lui. Il regarda son maître dans les yeux.
— Ne m’as-tu jamais aimé ?
Kuro respirait difficilement, il prit une grande inspiration avant d’essayer de répondre.
— Comme… Comme un père… peut… aimer…
La dague glissa dans son estomac. Kuro se paralysa. Il respira fortement avant d’attraper le bras de Yoremi.
— Yoremi… Tu portes… l’œil… du… démon… Il peut vaincre… la… Guilde… Noire…
Yoremi grinça des dents et lâcha la dague et son maître. Ce-dernier expira une ultime fois. Yoremi, à bout de force, s’écroula.
Une grande et jeune femme le prit dans ses bras. Son parfum réveilla Yoremi qui semblait être parti dans des rêves lointains. Salement défiguré, il réussi tout de même à sourire en voyant qui l’avait récupéré.
— Sé… Sélina ?
— C’est bien moi. Dors, je m’occupe de tout.
Les ténèbres ne pouvaient être plus sombres. Mais quelques torches éclairaient sensiblement cette pièce cylindrique. Au milieu, un autel rectangulaire. Quatre pilonnes dominaient les coins de l’autel. Le corps nu d’une femme se trouvait en plein centre. Ses cheveux noirs étaient pleins de poussière. Des traces de terre, de cendre, des écorchures et des hématomes se répartissaient sur tout le corps de la jeune femme. Elle était sur le dos, allongée, bras et jambes écartés. Des chaînes reliées aux pilonnes étaient fixées à ses membres. Immobilisée, elle respirait.
Douze mages recouverts de capes noires marchaient les uns derrière les autres en cercle autour de l’autel. Un chant était entonné. Les voix étaient graves, résonnantes. Le chant éveilla une douleur dans le corps de la jeune femme. Celle-ci grimaça et se tortilla autant que possible, jusqu’au moment où elle se figea, la tête droite vers le plafond. Un pentagramme d’un violet clair très lumineux s’inscrivit sur son front. Sa douleur était tellement forte qu’elle paralysa tout son corps, elle ouvrit la bouche et hurla. Une lumière très intense sortie de sa bouche et de ses yeux pendant plusieurs secondes.
Elle se tût. La lumière disparu. Le pentagramme s’effaça. Tout redevint noir.
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