Les Rêveurs Eveillés - Communauté RP
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Lun 1 Fév - 4:56

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit 726414LAngedelaNuitrduit


Thème musical : L'Ange de la Nuit
Artiste : Hans Zimmer


jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Lun 1 Fév - 5:02

Chapitre Premier par Yoremi Crow

Il faisait froid. La nuit engloba toute ma vision. Je posais mes pieds l'un après l'autre en essayant de deviner sur quoi je marchais. C'était humide et mou... De l'herbe ? De la vase ? Je continuais à marcher jusqu'au moment où mon pied gauche fit craquer un objet long et fin. Cette fois, la question sur quoi je marchais devint plus intéressante... Une branche ? C'était bien trop lisse. Un os ? Ca s'y rapprochait le plus. Je le jetais derrière moi afin de continuer ma marche au bout du tunnel.

Ma main droite en avant, je continuais de marcher afin de prévenir un éventuel obstacle. Un obstacle en question ne se fit pas attendre. Je tâtonnais avec ma main droite, puis les deux, finalement, je compris qu'un mur se dressait devant moi. Je n'étais pas fou, j'avais bien vu quelqu'un rentrer dans cette grotte. Quelqu'un que je connais, mais qui ne me connait pas. Quelqu'un qui doit rendre des comptes et me donner des réponses. J'étais si près du but...

Un cri ! C'était une voix féminine ! C'est elle ? Par mon âme détruite, c'était vraiment elle !

Je me retournai et me ruai vers la provenance du son. Je suppliais la voix de se faire entendre à nouveau, qu'elle me guide, que je puisse la sauver, que je puisse libérer mon âme, ma colère, ma haine, ma vengeance !

J’heurtai de plein fouet des barreaux qui me sonnèrent. Je restai vaseux un petit moment. Un nouveau cri, tout proche, me releva de mon état. Je m'accrochai aux barreaux et collai ma tête contre eux afin de voir se qui se présenta devant moi. Je commençai à distinguer une lueur jaune qui se mit à grossir, je devinai un feu de camp. Mes yeux commencèrent à s'habituer à la lumière et je finissais par distinguer une silhouette assise devant le feu. Je me mis à apercevoir d'autres individus, plus grands et plus larges, recouverts de longs manteaux. Ils étaient debout. Ils tournèrent autour de la personne assise.

Cette fois ça devenait clair, c'était une jeune femme qui était assise, elle avait les mains attachés dans le dos et semblait essoufflée. Mes yeux s'écarquillèrent au moment où je vis des chaînes pendre au bout des mains des individus debout.

Le premier coup tomba, la tête de la jeune femme tourna sèchement. Le coup était rude, elle cria.

— Non ! Commençai-je à crier.

Cette femme, je la connaissais. C'était pour elle que j'ai oublié mon enfance, que je me suis mit à vivre dans la nature, à apprendre tout ce que je sais, à tout faire pour survivre, à voyager plus de mille lieux à sa recherche, à tuer tous les êtres qui m'ont barré la route, à noircir mon âme pour ne pas connaître la défaite. Cette femme que j'aime d'un amour inconditionnel que rien ne pourra entraver.

Ma sœur... Ma jumelle...

Je la voyais, elle était assise, soumise, aux mains de ces êtres ignobles, sans honneur, sans humanité. Ils continuèrent à abattre des coups sur ce visage innocent. Je tentais de tirer, de pousser, de briser ces barreaux qui m'empêchaient de déverser toute ma vengeance, toute ma haine, toute ma rage, toute la justice qu'ils méritent de subir. Rien à faire, je commençais à frapper de ma main droite sur les barres de métal de plus en plus fort. Je tentais de rassurer ma sœur en lui disant que j'arrive, que je vais venir la sortir de là. D'un coup, je senti mes os se briser dans la main, à peine je l'effleurai qu'une douleur m'envahissait. Je continuais avec ma main gauche, mais à chaque fois que mes doigts se fracassèrent contre les barres, les coups de chaines tombèrent également. Je hurlais à ma jumelle que je vais finir par arriver et à massacrer le crâne de ces êtres sans scrupules, à les écorcher vivant et à broyer leurs cœurs de mes mains. Ma main gauche finit par céder. La douleur envahit mon cerveau et me fit oublier tous les bons sentiments qui mettaient un frein à mon objectif. Les larmes commencèrent à couler de mon visage sous les cris de désespoir et de souffrance de ma sœur. Je me mis à fracasser ma tête contre les barreaux. Le sang commença à se mélanger à mes larmes. A force de coups, cela finit par inonder ma bouche. L'espoir s'envola, ma sœur tomba, les cris s'arrêtèrent, le bruit des chaînes se tut, le feu s'éteignit. Mon corps s'écroula le long des barreaux, je fini par voir mon âme quitter ma chair.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Dim 21 Fév - 19:58

Chapitre Deux par Yoremi Crow

Je me réveillai brutalement. De la sueur coula de mon front. La première chose que je vérifiai fut ma tête. Je touchais mon crâne de partout pour sentir une plaie et du sang. Il n'y avait rien. Puis je me rendis compte que je pouvais utiliser mes mains. Elles non plus, elles n'avaient rien.

Je m'assis sur ma couverture, essayant de reprendre mes esprits. Encore ces cauchemars... Toutes les nuits, à chaque fois que je m'endors. Je la vois. Je peux sentir sa souffrance et son désespoir à travers mes rêves. Je ne sais pas si c'est une bénédiction ou une malédiction, mais ces visions me permettent de m'assurer qu'elle est vivante et que ma quête n'est pas vaine.

Je regardais le ciel. Il était encore parsemé d'étoiles et je ne percevais aucun rayon à l'est. Il devait être encore très tôt, je voyais encore quelques braises du feu que j'avais fais le soir. Je remuai un peu le charbon et les braises se réactivèrent laissant s'échapper de la chaleur.

Pourquoi le monde est ainsi ? Pourquoi y a t'il des personnes capables de faire ces genres de choses horribles ? Les Humains, et mêmes les autres races, n'ont-ils pas suffisamment souffert dans l'Histoire ? Nous nous autodétruisons, et par la même occasion, nous détruisons cette terre si riche et si belle. Mais il n'est pas trop tard, je sais que je peux faire quelque chose, je sais que retrouver ma sœur est un élément-clé pour le bien-être de ce monde. Je ne peux laisser un être si pur être perverti par tous les vices que ce monde a créé.

Cela fait si longtemps maintenant...

— Yoremi... Yoremi !

La petite voix résonnait dans ma tête et me sorti de mon sommeil. Le réveil fut difficile, mes paupières étaient lourdes, mais je réussi à les persuader de s'ouvrir. La Lune éclairait la chambre par la fenêtre et je devinai la silhouette de ma sœur jumelle devant moi.

— Hein ? Oui, qu’est ce qu’il a sœurette ? Lui demandai-je d'une voix un peu vaseuse.
— L'orage m'a réveillé. Il me fait peur.

C'est enfin à ce moment que je me rendis compte que la nuit était agitée. Les éclairs abondaient et la pluie frappait contre les carreaux de la fenêtre. Je devais vraiment bien dormir pour que ces bruits ne puissent me réveiller.

— Oh tu as raison ! Mais tu n'as pas à avoir peur pour ça, tu sais. Comme papa nous le dit, ce n'est que la nature qui, comme les hommes parfois, s'énerve ou se défoule. Elle ne peut pas rester tout le temps sage.

Ma dernière phrase la fit sourire. En effet, nous non plus, nous ne restions pas souvent sage.

— Tu veux que je te ramène un verre d'eau ? J'ai soif, moi.
— Oui, s'il te plaît. Je peux rester avec toi cette nuit ?
— Bien sur ! Mais je t'assure que tu ne crains rien. Autrement, j'affronterai les dieux eux-mêmes s'ils te faisaient du mal !

Sur ces derniers mots, je descendis vers notre salon et récupérai une cruche d'eau. Je commençais à verser de l'eau lorsque j'entendis le bois du plancher craquer au-dessus de moi. Je reposais la cruche. Mon regard se porta au plafond. Plus un son. Je remarquai que l'orage avait cessé. La pluie était plus douce, le vent était tombé. J'entendis un nouveau bruit. Je tournais ma tête vers la porte d'entrée. La poignée tournait toute seule. Je compris que des brigands venaient piller la maison. Je jetai mon verre au sol, les bris de verre s'étalèrent devant la porte. Je couru à côté de la cheminée pour prendre la hache de mon père et couru vers sa chambre.

— Papa ! Papa !

Je montai les escaliers aussi vite que je pouvais. J'entendis une vitre se briser depuis la chambre de mes parents.

— On est attaqué ! Papa attrape !

Mon père était déjà réveillé, un individu d'une taille gigantesque recouvert d'un manteau noir le surplombait. Il attrapa la hache que je lui ai envoyé et la planta dans la gorge du monstre. Celui-ci attrapa le visage de mon père et le lança à travers la chambre avant de s'écrouler par terre. Mon père s'étala à côté de moi.

— Prends ça et va te cacher dans ta chambre avec ta sœur... Je t'aime mon fils.
— Mais... Et toi ? Et maman ?

Et là, je me suis tout de suite rendu compte que je ne l'avais pas vu depuis que j'étais entré dans la chambre. Je fis le tour de la chambre avec mes yeux, puis, à un moment donné, je vis des jambes derrière le lit qui cachait le reste du corps. Un grand froid rempli mon corps, je ne savais plus quoi faire, quoi dire, comment réagir.

— Yoremi ! Mon fils ! Fais ce que je te dis ! Maintenant !

La voix de mon père me fit réagir, je pris la dague qu'il me tendait et me levais. Mon père se releva et arracha sa hache de la gorge du monstre. Nos yeux se croisèrent une ultime fois. Il fit un bref signe de tête qui me disait tout.

Je partais en direction de ma chambre quand j'entendis la porte d'entrée craquer, ainsi qu'une autre vitre se briser, celle de ma chambre ! Ma sœur ! Elle était en danger ! J'entendis mon père crier derrière moi, mais je ne me retournais pas, il ne le voulait pas, je devais continuer. J'ouvris la porte de ma chambre, la silhouette monstrueuse se tenait devant ma sœur, qui était au sol, en pleurs.

— Yoremi !

Je pris fermement la dague de ma main droite et me ruai vers le monstre. Je senti un long morceau de métal rentrer dans ma chair. Sa sensation était froide, mon ventre se gela, mon regard était droit et fixe, je me rendis enfin compte que l'individu n'était plus là, je tournais mes yeux, je vis ma sœur, elle avait les yeux écarquillés et remplis de larmes. Que se passait-il ? Mon regard se porta sur mon ventre, ma dague était rentrée en moi, ma main la tenait, mais une main immense et noire tenait la mienne. Le monstre était passé derrière moi.

Le sang s'insinua dans ma bouche. Sa main quitta la mienne et repassait derrière moi. Mes jambes tremblèrent. Je tombai à genoux, puis, sur le côté. Mes yeux étaient fixés sur ma sœur. Elle fut saisie par un autre individu encore, elle commençait à crier et à se débattre, un poing immense la frappa, elle s'arrêta net. Une colère, une rage, une haine envahit mon être, mais mon corps refusait de bouger. Puis, tous les monstres sautèrent depuis la fenêtre, ils étaient nombreux. Celui qui portait ma sœur quitta la maison en dernier.

— Lucia !

Mon cri consuma mes dernières forces. Le froid m'envahit, mon sang me quitta, un voile sombre se plaça devant mes yeux. La nuit s'insinua en moi.

Je n'avais alors que douze ans...
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Dim 21 Fév - 20:00

Chapitre Trois par Yoremi Crow

Je sentis de l'eau pénétrer mes habits, elle était froide et elle fini par me réveiller en sursaut. J'étais allongé, je relevai le haut de mon corps avec mes mains, ma tête était lourde, je n'osais pas ouvrir les yeux. Les souvenirs de la nuit passée défilaient devant ma vision telles des images qui s'empilaient les unes sur les autres. Je finissais par ouvrir les yeux. Avec lenteur car il faisait jour, le soleil fut déjà assez haut, l'air était doux, le vent caressait mon visage.

Je me rendis enfin compte que la moitié de mon corps baignait dans une rivière. Je me relevai doucement et m'assis à côté du cours d'eau. Je compris que mes souvenirs ont manqué une partie de la nuit. Comment ai-je fais pour arriver jusqu'ici ? Enfin, je me suis mit à repenser à ma blessure fatale dans mon estomac. Je constatais que mon maillot fut bien déchiré, mais, le soulevant, je trouvais sur mon estomac qu'une cicatrice. Certes, d'une taille raisonnable, mais pas de sang ni d'infection. Suis-je resté évanoui aussi longtemps ?

Les questions commencèrent à se bousculer dans ma tête. La nuit n'était-elle qu'un cauchemar ? Suis-je en ce moment en train de rêver ? Comment suis-je atterri ici ? Où sont mes parents ? Où est ma sœur ?

Mes questions furent tellement nombreuses, et pourtant, je savais où j'aurais toutes mes réponses...

Mon corps se leva, mes jambes supportèrent mon poids. Je fis le tour d'horizon avec mes yeux afin de reconnaître un lieu ou un chemin. Je ne me suis baladé qu'à la Vallée de la Reine avec ma sœur et nos parents, assez souvent, j'avais plus ou moins la géographie en tête. Je distinguais un grand barrage dressé devant moi sur l'horizon, il y en avait deux dans la vallée, à l'est et à l'ouest du Promontoire Divin. Je tournais ma tête vers la droite et je pouvais distinguer une cité au loin qui surplombait le paysage : c'était le Promontoire ! Bien que je ne savais pas comment j'ai été amené ici, je n'étais pas loin de la maison, au village de Shaemoor, et par conséquent, mes réponses non plus n'étaient pas loin.

Pour me rendre jusqu'au village, j'évitais les routes, je ne devais pas être remarqué par des habitants, sinon ils m'empêcheraient de me rendre jusqu'à mon domicile. Je connaissais très bien le coin, mon père m’avait déjà mit en garde de la présence de brigands plus à l'ouest, je savais les contourner. Ce qui effrayait encore les voyageurs et mêmes les habitants, ce sont les drakes. C'est vrai qu'ils peuvent parfois être très féroce, mais, à y bien regarder, ils ne défendent que leur territoire, et si l'on s'y prend correctement, il est très possible de les côtoyer. J'ai déjà réussi à les caresser, ils se sont mit à jouer avec moi en m'éclaboussant. Pour cette fois, je n'avais pas le temps de m'arrêter les voir, je passai mon chemin et arrivai finalement au village.

Beaucoup de monde me connaissait, je devais me faire discret. Je longeais les bords pour arriver sur la place marchande. Il y avait un comptoir avec des tissus plus ou moins luxueux. Je fis le tour pour arriver derrière le marchand, celui-ci était occupé à discuter avec son collègue. Il avait une caisse derrière son présentoir qui était remplie de couvertures en coton, j'en pris discrètement une et l'enfilai. Elle me permit de masquer mon visage tout en ayant une apparence d'un enfant mendiant, je récupérerais peut-être quelques pièces de bronze au passage.

Je me dirigeais vers ma maison, mais je vis plusieurs gardes, sûrement des séraphins, mes parents m'en avaient déjà parlé, postés autour du bâtiment. Je tournais autour et scrutais une occasion pour passer sous la barbe de l'un des gardes. C'était plus dur à dire qu'à faire, ils avaient un circuit bien définit et il ne semblait pas y avoir de faille. Il fallait que j'y entre, je devais avoir des réponses.

Tout d'un coup, je me dis que c'était peut-être ça la faille : la régularité de leur patrouille. Si je cassais leur système, il y a une chance pour qu'ils s'embrouillent sur leur surveillance. Il y avait un arbre près de chez moi, je commençais à y grimper, la couverture sur mon dos. L'arbre était grand mais disposait de nombreuses branches, il était aisé d'y grimper presque jusqu'en haut. J'attachai la couverture sur le bout d'une branche et la réaction que j'espérai ne se fit pas attendre de la part de l'un des gardes, je redescendis vite de l'arbre et me cachais dans un renfoncement plus loin. Le garde fut intrigué par la couverture attachée à l'arbre et qui volait au vent, il appela un nouveau garde pour lui dire de le remplacer et... là ! C'était le moment ! Le premier garde était au pied de l'arbre, le deuxième a prit sa place et donc son poste était libre. Je saisi l'occasion et m'engouffrai chez moi par la porte brisée.

Mes questions allaient enfin trouver leurs réponses.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Dim 21 Fév - 20:04

Chapitre Quatre par Yoremi Crow

Je sentis un nœud dans mon estomac. J'avais perdu mes questions, je ne savais plus pourquoi j'étais ici. Etait-ce vraiment chez moi ? La maison semblait si calme.

Les gardes avaient repris leurs postes, ils tournaient tous le dos à la maison. J'essayais de me calmer et de me reprendre. Je baissais les yeux devant la porte, je remarquai les bris du verre que j'avais lancé au sol afin d'entendre l'intrusion et de blesser l'animal si c'en était un. Ce n'étaient finalement pas des animaux, mais des barbares.

Je fis le tour de la table, mes jambes étaient lourdes, mes pas étaient lents, je me trainais de peur. Derrière la table, je reconnu la hache de mon père, elle était immaculée de sang, je n'osais la prendre. Ce que je vis ensuite m'emplit d'effroi : une flaque rouge séchée et en partie absorbée par le bois du sol. Je compris que c'était ici que mon père avait dû crier pour la dernière fois. Je me mis à genoux et couvris mes yeux de mes mains. Les larmes finirent par déborder de mes mains et rejoignirent la flaque du sang de mon père.

Je voulais quitter cette pièce, quitter la maison, oublier tout ça, faire comme si rien ne c'était passé, je n'avais pas de famille, mes parents n'existaient pas, je n'avais jamais eu de sœur jumelle...

Je t'aime mon fils, cette phrase résonna dans ma tête. Non ! J'ai une famille ! J'ai des parents aimants ! J'ai une sœur jumelle que j'aime de tout mon cœur ! Des monstres sont bien entrés dans notre maison la nuit dernière ! Mes parents se sont bien fait tués ! Ma sœur a bien été enlevée ! Tout ça est la réalité, j'ai mal, je souffre, et je me retrouve seul.

Je regardais une dernière fois le sang de mon père et y posa ma main gauche, l'imprégnant de son sang. Je me relevai et séchai mes larmes. Je me dirigeai vers l'étage. Je n'avais pas envie de voir la suite, mais je le devais, ne serait-ce que par respect pour ma famille. Je grimpais l'escalier avec appréhension mais aussi avec détermination.

J'arrivais à la première porte. Elle était fermée, je respirais un bon coup et ouvris délicatement la porte. Je reconnaissais le lit, ce même lit qui quelques heures plus tôt m'avait empêché de voir le corps de ma mère. Cette fois, je couru pour passer derrière le lit. L'image du salon se répéta : une nouvelle flaque rouge était présente. La souffrance ne me gagna pas, la peur non plus. Une colère frappa mon crâne, je devins fou de rage ! Qui sont-ils ? Pourquoi ont-ils fait ça ? Ma mère était pure, elle nous berçait d'amour ma sœur et moi. Y a t'il vraiment une justice dans ce monde ? Je posais ma main droite sur la flaque du sang maternel.

J'attendis que ma main soit imprégnée avant de me relever. Je quittais la pièce pour me rendre à la dernière. Cette même pièce où j'étais persuadé ne l'avoir jamais quitté. La porte était ouverte, j'entrai. Une sensation me mit très mal à l'aise. Cette pièce, à la différence des autres, ne semblait pas avoir été impactée par le drame. Il n'y avait aucune trace, même la fenêtre n'était pas brisée, elle était ouverte. Je n'en revenais pas, c'était ici où j'étais censé être mort et que ma sœur ait été enlevée, mais rien n'y paraissait.

Un seul objet coupa court à mon observation. Une dague. Une dague se trouvait au sol, en plein milieu de la chambre. Je m’approchai de celle-ci. Je me mis sur un genou et je pris la dague. Mon mal-être m'emplit de toute part. Puis, je la fis disparaître petit à petit pour laisser couler en moi une sensation extrêmement agréable. Elle se mit à circuler dans tout mon corps tel le flux sanguin. La vengeance.

Oui.

Hein ? Qui a dit ça ? J'ai entendu une voix enfumée qui venait de l'intérieur de la maison.

— Qui est là ?

Je peux t'aider.

— Mais ? Montrez-vous ?

Je me levai, la dague à la main et fit le tour de la chambre avec mes yeux. Il n'y avait rien.

Le sang appelle le sang.

La voix continua, j'avais beau chercher, je ne trouvais pas d'où elle provenait.

— Comment ? Comment pouvez-vous m'aider ?

Je vais te guider.

— Alors montre-toi !

Une ombre provenant de sous mon lit se déplaça sur le sol jusqu'à atteindre mes pieds. L'ombre elle-même sortit du sol pour me surplomber.

— Qui... Qui êtes-vous ?

Le monde ne connait pas de justice. Le monde n'est remplit que de haine. Je vais te guider. Je vais te rendre plus fort, plus agile, plus intelligent pour que ta vengeance soit faite. Je vais faire de toi un justicier implacable.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Mer 24 Aoû - 14:12

Chapitre Cinq par Kim Eliana

— Mademoiselle Eliana Kim !

Je me levai de mon siège et montai sur l'estrade à côté de l'homme qui m'avait appelé. Il se tourna vers moi et me remit un papier enroulé et maintenu avec un ruban bleu.

— J'ai le plaisir de vous remettre le certificat de compétences de premier degré de médecine.
— Merci Monsieur le Ministre.

Je lui serrai la main puis redescendis de l'estrade. Je me rassis sur mon siège en attendant la fin de la cérémonie.

— Toutes mes félicitations ma chérie ! Tu as vraiment bien travaillé toutes ces années !
— Merci maman, cela n'a pas été sans difficultés, mais j'ai réussis.
— Je savais que ma fille pouvait le faire ! Tu es brillante Kim.
— Papa... Je te remercie.

C'est vrai, j'avais réussis. Cela n'avait pas été sans mal. Les études ont été longues, les examens difficiles... Et maintenant ? J'ai dix-neuf ans et je dois me lancer dans la vie professionnelle ? Non, ce n'était pas tant ça qui me faisait peur. Il s'est passé des choses fortes durant mon enfance. Et, en ce moment, il me manquait quelque chose.

— Alors ma fille, es-tu prête ?
— Hein ? Prête pour quoi ?
— Et bien alors ! Tu as déjà oublié ? Tes examens t'ont-ils monté à la tête à ce point ?
— Non papa, bien sur ! Mais je pensais que tu plaisantais quand tu m'avais proposé de travailler avec toi.
— Je ne plaisante jamais avec ma famille, tu devrais le savoir. Je serais fier que tu travailles comme assistante pour moi. Cela te permettra en plus de te perfectionner avant de voler définitivement de tes propres ailes.
— Et bien oui, évidement ! Je commencerai quand tu le voudras.
— Je te laisse quelques jours pour profiter de ta réussite, tu pourras fêter ça avec tes amis.
— Merci papa !
— D'ailleurs ma chérie, en parlant de "voler de tes propres ailes", je n'ai pas vu Jordan avec toi aujourd'hui. Cela fait quelques jours qu'il n'est pas passé te voir, je me trompe ?
— Non, maman, tu ne te trompes pas. C'est ma décision.
— Oh, que s'est-il passé ?
— Maman... S'il te plaît, pas maintenant. Je vais aller marcher un peu si cela ne vous dérange pas.
— Très bien, on te voit à la maison ce soir.
— Merci, je vous aime.

Je me tournai et me dirigeai vers le niveau supérieur du Promontoire. Ma marche fut souple et lente, je prenais le temps d'admirer la cité en essayant d'oublier certains souvenirs. Mais cela est difficile, car même si les souvenirs sont sombres et remontent à très longtemps, il est difficile de s'en séparer s'ils concernent une personne que l'on aime... Lucia... Yoremi...

Je me posai sur un muret en hauteur du Promontoire. Je n'admirai plus la cité, je regardai le ciel, le soleil, les nuages. Quelques oiseaux traversèrent mon regard. Je ne les connaissaient que de ma jeunesse, je ne devais pas avoir plus de dix ans lorsque nous nous étions rencontrés. Nous sommes vite devenus inséparables. Ils étaient des enfants de paysans, moi de nobles, mais cela n'a pas empêché nos parents de sympathiser entre eux. Mes parents adorent passer du temps dans les villes en dehors du Promontoire, et je crois qu'ils m'ont laissé ce trait.

C'était une très belle journée, le soleil était au zénith, quelques nuages parsemaient le ciel et un vent très doux caressait nos visages. C'était une nouvelle journée où l'on quittait le Promontoire pour se balader vers le village de Shaemoor et le long de la rivière. J'étais si contente ! J'adorais sortir de la cité et courir dans les vallées et la nature.

— Ne vas pas trop vite Kim ! Nous avons toute la journée.
— Oui maman, mais je pars vous cueillir un bouquet de fleurs.

Sur ces mots, mes parents se mirent à rire et je partis en trombe vers des champs de fleurs. J'arrivais à un cours d'eau, quelques fleurs s'éparpillaient le long de la rivière. J'avais trouvé l'endroit parfait. Je guettais mes parents qu'ils ne me voient pas cueillir les fleurs que j'allais leur offrir. La voie étant libre, je descendis au pied de l'eau et commençais à récolter quelques fleurs.

Au secours !

J'entendis un cri non loin de moi. Une personne, un enfant, demandait de l'aide. Je regardais tout autour de moi pour essayer de trouver d'où venais la voix. J'aperçu un peu plus loin de la rivière un enfant allongé qui se tenait le bras gauche et gesticulait avec faiblesse. Je m'apprêtais à courir vers lui lorsque je repérais deux écailleux se diriger vers le garçon. Je pris peur.

— Papa ! Maman ! Il y a un enfant en danger !

Une main se posa sur mon épaule gauche, je sursautai.

— Que fais-tu ici petite ? C'est dangereux.
— C'est ma fille ! interrompit mon père.
— Mon fils est blessé, restez avec votre fille.

L'homme courra à toute vitesse vers son enfant, il était suivit d'une petite fille. Il semblait être un paysan.

— Papa ? Nous devons les aider aussi.
— Tu as raison Kim ! Chérie, ma fille, suivez-moi, je vais aller aider cet homme.

Et nous partîmes tous les trois vers l'enfant et son père. Les deux hommes se chargèrent aisément des écailleux avant de revenir vers le petit garçon allongé et agonisant. Je m'approchai de lui et constatai une morsure sur son avant-bras gauche, du sang sorti de ses plaies. Je fermai les yeux.

— Mon fils ! Par les dieux ! Il est empoisonné !
— Ne vous en faîtes pas, je suis médecin. Je vais l'ausculter.

Mon père retira la veste de l'enfant et inspecta la morsure. L'enfant était agité mais le poison semblait drainer toutes ses forces.

— Du calme mon garçon, je vais te soigner. C'est bien un écailleux qui t'a mordu ?
— Ah... Aïe ! Ou... Oui... Je lui ai écrasé une pierre sur sa tête pour qu'il me lâche... J'ai mal !
— Bien, ne t'en fais pas, tu es empoisonné mais le poison est facilement soignable avec une espèce de fleur très précise.

J'observais une petite fille au côté du garçon, elle tenait fermement la main droite de l'enfant. Elle ne disait pas un mot, des larmes coulaient de ses yeux.

— Et comme tu vas très vite le remarquer, ma fille a cueillit qu'une seule espèce de fleur et c'est exactement celle qu'il te faut.
— Ah... Ah oui ? Oh... merci...

L'enfant ferma ses yeux et s'arrêta de bouger. Je commençais à trembler, le père perdit son sang-froid.

— Du calme mon ami, il est simplement évanoui. C'est une bonne chose. Kim, donne-moi deux ou trois fleurs de ton bouquet.

Mes mains tremblaient, je dirigeais tout mon bouquet vers mon père. Il sourit et prit trois petites fleurs. Il récupéra les pétales, les écrasa entre ses doigts et les posa sur les plaies du jeune garçon. Il déchira une partie de sa toge et fit un bandage autour de la blessure. J'étais stupéfaite de son calme et de son assurance. Il releva l'enfant et le donna à son père en lui disant qu'il faut l'allonger dans un lit. Nous nous dirigeâmes vers leur maison.

— Il se réveille !

La jeune fille qui était la sœur jumelle du garçon dévala les escaliers en nous annonçant la nouvelle. Je la suivis avec ses parents et les miens. En arrivant dans la chambre, mon père prit la parole en premier.

— Alors mon garçon, comment te sens-tu ?
— Mmh... J'ai mal au bras, mais je me sens bien. Pourrais-je avoir de l'eau ?

Sa mère redescendit les escaliers pour aller chercher un verre d'eau.

— Merci de m'avoir sauvé.
— Oh, mais je n'ai pratiquement rien fait, c'est ma fille qu'il faut remercier, sans elle, je n'aurais pas les fleurs qui ont permis de drainer le poison dans tes veines.

J'étais caché derrière mon père. Il me mit la main dans le dos et me poussa légèrement pour que je m'approche. J'étais timide et ne savait quoi faire. Le garçon me regarda avec insistance.

— Je... J'ai rien fait... Ces fleurs...
— Merci ! Je m'appelle Yoremi, fils de Jake et Hélène. Je tiens à te remercier pour ce que tu as fais. Sans toi, mes parents auraient perdu leur fils et ma sœur Lucia, son unique frère.

Des larmes se mirent à inonder mon visage, je me retournai contre mon père.

— Papa... Je veux faire comme toi... Je veux être médecin quand je serais grande...

Ce moment marqua le début d'une amitié extrêmement profonde entre Lucia, Yoremi... et moi.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Mer 24 Aoû - 15:33

Chapitre Six

Le vent fit virevolter les mèches dorées de sa chevelure. Ils glissaient jusqu'au creux de ses reins avant de s'envoler. Parfois, une mèche se posa devant le regard perçant de ses yeux d'un vert profond. Elle dégagea une mèche de devant son visage. Sa main fine vint se poser sur sa joue. Elle descendit jusqu'à frôler délicatement sa lèvre inférieur. Ses doigts terminèrent leur course jusqu'à son menton avant que sa main aille rejoindre son genou caché par sa robe bleu céleste. Elle tenait son genou de ses deux mains en entrecroisant les doigts. Sa deuxième jambe était, quant à elle, allongée sur le muret. Son dos nu était posé contre un mur. Cent mètres plus bas devant elle se tenait une ville, le Promontoire divin.

Il n’avait jamais vu une femme aussi lumineuse et aussi charmante. Et pourtant, il l'a connaissait, et elle le connaissait. Vêtu d'une sobre tenue de voyageur, il fondait dans la foule de la cité. Et c'était son but. Il se demanda si elle pourrait le reconnaître après tant d'années. Un long chemin l'attendait, mais il ne pouvait pas continuer sans lui rendre des comptes. Le drame les a tous toucher, elle devait savoir, elle devait être au courant. Elle ne méritait pas de vivre dans une tristesse sans aucune échappatoire. Sans le vouloir, il l'avait déjà tant fait souffrir durant toutes ces années.

L'homme s'approcha de la femme assise sur le muret.

— C'est une belle vue, vous ne trouvez pas ?

La femme ne semblait pas surprise par l'interpellation de l'homme, son regard se baissa vers la cité plus bas.

— Je trouve que nous sommes des êtres insignifiants à la vue de la grandeur de ce monde.

L'homme resta droit derrière la jeune femme, il mit un doigt à son menton faisant mine de réfléchir une seconde ou deux.

— Et pourtant, nous sommes responsables de nombreux malheurs.

La femme avança son visage dans l'air en essayant d'attraper le moindre souffle de vent.

— C'est sûrement ça, le paradoxe de l'homme... comment un si petit être peut-il faire d'aussi grandes actions ?

L'homme bloqua ses yeux sur la tête de la femme, comme s'il cherchait à voir le visage de cette femme comme s'il y avait un miroir devant elle.

— Je ne suis pas sûr que ce soit le propre de l'homme. Plein de petites choses peuvent faire de grandes prouesses.

La jeune femme se mit à rigoler calmement.

— Ah oui ? Avez-vous un exemple à me donner ?

La réponse était toute faîte dans l'esprit du jeune homme. Il attendit quelques secondes et croisa ses doigts  devant lui, les bras le long du corps.

— J'ai entendu dire qu'une fleur pouvait sauver un homme d'un empoisonnement.

La jeune femme s'arrêta de respirer. Son regard était fixe devant elle. Elle n'arrivait pas à bouger. Sa bouche à demi-fermée, elle ne réussit à articuler. L'homme s'approcha d'elle. Son corps ne touchait pas le sien, mais elle pouvait sentir sa chaleur. Puis, une main se posa sur son épaule. Elle inspira de surprise. Son regard était toujours bloqué sur l'horizon, elle approcha sa main sur celle de l'homme posée sur son épaule, elle posa la sienne dessus.

Le jeune homme retourna sa main de l'épaule pour saisir celle de la jeune femme, il la fit passer devant elle pour la faire se retourner. Son cœur tapait à une vitesse incroyable dans son corps, elle se sentit obligée de se tourner et de se lever, ce qu'elle fit. Son regard fini par croiser celle de l'homme. L'homme arborait un regard dur mais très profond et rassurant, la femme tenait un regard émerveillé, mais aussi bouleversé.

Elle tenait fermement la main de l'homme et ne le quitta pas une seule seconde des yeux, craignant qu'on l'échappe de son rêve.

— Yoremi... Yoremi, c'est bien toi ? Mais... Suis-je dans un rêve ?

Le jeune homme attrapa la deuxième main de la femme et la serra aussi fort.

— Tu ne rêves pas Kim, c'est bien moi... Avec quelques années en plus.

Kim eu un rire coincé. C'était bel et bien lui, elle se mit à le regarder dans tous les sens.

— Que fais-tu habillé comme ça ? Où étais-tu pendant tout ce temps ? Où vis-tu maintenant ? Que s'est-il passé ?

Kim s'engagea dans une tirade de questions, ses larmes commencèrent à ruisseler sur ses joues.

— Kim... Kim ! Je vais tout t'expliquer... Je comprends ta tristesse et ta surprise. Et je ne suis pas là pour te donner encore plus de questions, mais des réponses.

Kim commença à essuyer ses larmes quand Yoremi se mit à regarder à l'horizon pour chercher par où commencer.

— Vas-y... Je t'écoute...

Kim ne lâchait pas une seconde les mains de Yoremi, elle s'y accrocha comme si le sol sous ses pieds n'existait pas.

— Mes parents sont morts, ça tu le sais je suppose.
— Oui... Mes parents m'ont annoncé le lendemain du drame que vous aviez été attaqué par des brigands et que toi et ta sœur étiez portés disparu et avec le temps, présumés mort.
— C'est effectivement la version officielle. Mais c'est un mensonge.
— Quoi ? Comment ça ?

Kim lâcha les mains de Yoremi de surprise, elle questionna Yoremi par son regard.

— Mes parents ont bien été assassinés. Mais ce ne sont pas de simples brigands, je ne pourrais dire qui c'était, mais en tout cas, ce ne peut être que des mercenaires ou des assassins, des experts de la mort. Et ma sœur n'est pas morte.
— Lucia ? Comment le sais-tu ? Où est-elle ?
— Cette nuit là, je les ai vu l'emmener avec eux. Et depuis ce jour, toutes les nuits je la vois dans mes rêves, mes cauchemars.
— Yoremi... Mais comment ?

Kim gardait une expression de surprise, elle se demandait si tout ça était bien vrai.

— Je ne sais pas pourquoi Kim, peut-être parce que nous sommes jumeaux. En tout cas je la vois sous forme de flash la nuit, ce n'est pas chronologique, je peux la voir à mon âge comme lorsqu'elle n'avait que treize ou quatorze ans.
— Pourquoi la garderaient-elle en vie pendant toutes ces années ?
— Je n'en sais rien. Ce qui est sur c'est que dans mes visions, il y a des personnes autours d'elle qui pratique des sortilèges, et ce ne sont pas des sortilèges bienfaisant.
— Il faut le signaler à la reine, elle pourra nous aider avec le capitaine des séraphins.
— Non Kim ! Mettre d'autres personnes au courant entraverait mes recherches. Personne ne doit le savoir.

Kim prit un demi pas de distance envers Yoremi. Son visage était interrogateur et suspicieux.

— Pourquoi ça Yoremi ?
— Je retrouverai les coupables moi-même.

Lorsque ces mots sortirent de sa bouche, son regard était noir. Kim ne cru pas entendre ces paroles.

— Et après ? Que feras-tu ?

Kim redoutait elle-même sa propre question.

— Je rendrais justice à ma famille.
— Te rends-tu bien compte de ce que tu dis Yoremi ? Ce n'est pas de justice dont tu parles, mais de vengeance !

A ce moment, Kim posa son regard sur cet inconnu devant lui, elle ne le reconnaissait plus.

— La vengeance est une voie pour la justice Kim.
— Non ! Non Yoremi ! La vengeance te guide vers le mal, vers les ténèbres ! Tu vas lier ton âme à un destin noir et perdu.
— C'est peut-être déjà fait.

La gifle fut d'une rapidité extraordinaire. Kim garda ses mains sur sa bouche, ses yeux s'emplirent de larmes. Yoremi avait la tête tournée sur la droite.

— Kim...
— Ne dit pas ça Yoremi ! Je te connais. Ton âme n'est pas noire. Tu es quelqu'un de bien ! Pourquoi fais-tu ça ?
— Je n'ai pas le choix, c'est ma sœur.
— Alors, mettons-nous à sa recherche ensemble ! C'est mon amie, j'ai autant envie de la retrouver que toi !
— Je comprends, mais je ne veux pas laisser une autre personne détruire son âme pour cette cause. Trop de bonnes personnes ont souffert et souffrent encore. Je porte leur fardeau.
— Je ne veux pas te perdre toi non plus, Yoremi.
— Je suis prêt à pactiser avec les ténèbres pour tous vous sauver. C'est mon choix.

Kim se rapprocha de Yoremi et lui prit ses mains.

— Yoremi... Que t'est-il arrivé durant toutes ces années ?
— Des choses que seul un homme prêt à tout pour sauver les gens qu'il aime est capable d'endurer.

Kim posa les mains de Yoremi sur ses hanches. Elle se colla contre lui et le prit dans ses bras.

— Reste un peu.

Yoremi colla sa joue contre la tête de Kim, il la serra plus fort. Kim entendit le cœur du jeune homme battre rapidement. Elle resserra son étreinte.

Je suis ta fleur, je le serai toujours.

— Tu ne me reverras plus Kim. S'il te plaît, n'essaye pas de me retrouver.

Yoremi embrassa les cheveux de Kim. Celle-ci leva sa tête et scruta les yeux du jeune homme. Elle attrapa ses lèvres avec les siennes. L'étreinte était chaude. Yoremi lui rendit son baiser.

Le contact des lèvres ne se fit plus, le vent fraîchit celles de Kim, elle ouvra les yeux, il n'était plus là. Elle tomba sur ses genoux et s'effondra en larmes sur le sol.

Une volée d'oiseaux traversa le ciel.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Mer 24 Aoû - 15:35

Chapitre Sept par Yoremi Crow

Je sortis de mes pensées. Les braises furent complètement consumées. Le soleil fut étonnamment bien levé et les ombres se raccourcirent. Je me demandais combien de temps ai-je été perdu dans mes pensées. Pourquoi m'étais-je remis tout ça en tête ce matin ? Mes cauchemars nocturnes quotidiens me suffisaient. Mon objectif ? Je le connais et il est ancré dans mon esprit.

Je me levais et commençais à rassembler toutes mes affaires. A ce moment, je me rendis compte que j'embarquais vraiment le strict nécessaire, peut-être un peu trop strict : mes dagues, mes pistolets, mes venins et mes potions, mes bombes fumigènes, mon grappin, une gourde à moitié remplie d'eau et une couverture. C'est vrai que je m'en sors plutôt bien jusqu'à maintenant, mais, quand je vais arriver vers les Cimefroides, il va falloir que je me prépare mieux que ça. Je ne dois pas oublier les principes et règles que mon maître m'avait enseigné...

Je me mis finalement en route, je devais passer par des champs avant d'arriver devant une chaine de montagnes prévenant les Cimefroides juste derrière. Les Champs de Cornabonde, voilà, ce fut ma destination avant de me préparer à ce que me réserve les montagnes et la neige.

Lors de mes derniers cauchemars, je percevais à chaque fois de la neige ou une montagne et Lucia semblait avoir plus ou moins le même âge que moi. Ces dernières visions étaient très récentes, je suis certain d'être sur la bonne piste.

— Au secours ! Aidez-nous !

Une voix féminine me sortie de mes réflexions. Je l'apercevais au bout de la route devant moi, elle courait à toute allure avec un enfant vers moi en agitant la main en l'air. Je me mis à courir à sa rencontre.

— Que se passe-t-il ? Lui demandais-je

La femme reprit son souffle. L'enfant à ses côtés se cachait de mon regard.

— Nous sommes attaqués ! Les protecteurs n'arrivent pas à repousser l'assaut des brigands et des voleurs ! Ils mettent les champs à feu et à sang ! Je vous en prie, aidez-nous, ma maison est en feu !
— Très bien, vous ne bougez pas d'ici ! Je vais aller les aider.
— Je dois continuer à chercher de nobles âmes comme vous !
— Non ! Vous restez ici, je n'ai pas besoin d'aide ! Et... Tenez, gardez ça pour moi.

Je leur confiai ma couverture et me mit à courir vers les champs en flammes, je pris mon masque de ma ceinture et l'enfilai. En arrivant devant les champs, je fis exploser une bombe fumigène devant moi... ça pouvait enfin commencer.

Ma dague se planta dans le dos d'un premier ennemi, il avait essayé de me frapper juste avant que j'explose la bombe. Il lâcha sa hache et s'effondra. Deux autres adversaires s'approchèrent de moi, ou plutôt de mon ombre, j'étais déjà passé derrière eux, je glissais mes dagues le long de leurs gorges, le tranchant de mes lames fit le reste. Un traître essaya de prendre la fuite, je le vis et le ramena vers moi avec le grappin, je m'accroupissais afin que ma lame ouvre son estomac.

Les gardes commencèrent à se rassembler avec moi et faisaient front face aux ennemis. Ils reprirent confiance en eux et certains prirent l'initiative d'éteindre les feux entre deux assauts. Une nouvelle vague arriva. L'un des individus ne me quitta pas du regard.

Il me voulait, il souhaitait absolument se battre contre moi. Je le regardais aussi et m'approchais lentement de lui. Une énorme lame vint cacher ma vue, je pliai mon dos en deux afin d'esquiver, avant de chuter, je dégainai l'un de mes pistolets et tirai sur le responsable, la balle l'atteignit en plein cœur et il se coucha tout comme moi.

Une silhouette alla s'écraser sur moi. Il écrasa un genou contre mon estomac et un pied sur mon poignet gauche avant planter sa dague dans ma gorge. Ma seule main libre vint parer l'attaque avec une dague.

— Que viens-tu faire ici étranger ? Me lança-t-il avec assurance et dégoût.
— Ecraser votre ridicule assaut.
— Je ne t'ai jamais vu ici, pour quelle raison protèges-tu cet endroit ?
— Pour quelle raison attaques-tu cet endroit ?

Il relâcha son attention sur sa dague, je le pris de force et saisi son poignet, je le ramena vivement vers moi et mon front atteignit violemment son nez. Celui-ci craqua. Il cria. Je le repoussai avec une jambe et pu me mettre debout.

L'individu fut consterné de voir son sang sur sa main. Je saisi l'occasion pour me ruer sur lui. Il le remarqua et attaqua devant lui avec sa dague, son coup fut admirablement rapide, mais ma dague retenait déjà une hémorragie externe sur son cœur. J'étais à côté de lui. Lorsqu'il s'en rendit enfin compte, il tourna la tête vers moi. Je le regardais, il allait dire quelque chose mais je ne lui en laissais pas le temps. Je retirai ma lame de son corps, son sang jaillit, il tomba. L'assaut prit fin, les gardes se rassemblèrent autour de moi, je sentais qu'ils allaient me poser des tas de questions. Je pris une bombe aveuglante de ma poche et la posai au sol. Les gardes la regardèrent avec curiosité. Celle-ci explosa dans une lumière stellaire et une épaisse fumée. Cela me laissa le temps de retourner voir la femme et l'enfant.

Je posai la main sur l'épaule de la jeune femme, elle sursauta et se retourna avec stupeur.

— Ce n'est que moi. Désolé, je porte encore ce masque.

Je retirai mon masque les laissant apercevoir mon visage. L'enfant se détacha de sa mère et ses yeux s'attardèrent sur mon œil droit et sa cicatrice.

— Qu'as-tu à l'œil monsieur ?
— Voyons Rius ! Ce n'est pas une question à poser !
— Ne vous en faîtes pas... Comment vous appelez-vous ?
— Semia, et voici mon fils Rius.
— J'ai neuf ans !
— Et bien je suis ravi de faire votre connaissance.

Je fléchis mes jambes afin de me mettre à la hauteur de l'enfant.

— Un jour, peut-être, je te raconterais ce qui est arrivé à mon œil.

Je me relevai et regardai Semia.

— Vous pouvez rentrer chez vous maintenant. Les gardes ont fini d'éteindre les feux.
— Nous n'avons plus de maisons, elle a été brûlée.

Je me retournai vers le village et les champs. Je scrutai tout l'horizon et je remarquai une maison, sur le côté, complètement noire avec le toit effondré.

— Et vous n'avez pas quelqu'un ici qui peut vous loger ?
— Mes parents sont partis depuis bien longtemps et mon mari ? Ou plutôt le père de mon fils, il doit être ici, et il est l'une des raisons pour lesquelles je ne souhaite pas revenir.
— Je vois. Mais, je...
— Emmenez-nous !

Sa voix était pleine de supplication et de désespoir. Je sais les risques que cela va me coûter si j'accepte. Je ne dois pas m'écarter de ma route, ni prendre de risques inutiles.

— Je... je ne peux pas Semia. Je suis désolé.
— Je vous en prie ! J'ai vu ce que vous avez fait au village, vous êtes admirable et honorable ! Ne nous laissez pas seuls.
— Je n'ai rien d'admirable, ni d'honorable, je vous assure. Je ne suis pas ici pour aider la veuve et l'orphelin, je suis désolé.
— Si vous ne croyez pas être ce qu'on pense de vous, voyez en vos actes. Ce n'est pas la première fois que vous aidez des gens, des populations et des villages. Je le sais, tout le monde le sait. L'Ange de la Nuit, c'est comme ça que les anciens vous appellent.
— Je me fiche de ce que pensent les gens ou de comment on me surnomme. J'ai un objectif et je ne vis que pour ça.
— Emmenez-nous au prochain village, c'est tout ce qu'on vous demande ! Nous ne survivrons pas deux jours sans vous !
— S'il te plaît monsieur.

L'enfant s'exprima enfin, même s'il n'a pas dit un seul mot durant toute la conversation, il semble l'avoir parfaitement suivie. Je ne sais pas quoi faire. Ils sont démunis sans moi. La prochaine ville ? Je pourrais les laisser aux Cimes d'Aveugleneige, il n'y a que trois ou quatre jours de marche. Mince ! Ce que je fais est contraire au règlement...

— Bon, je vous emmène jusqu'au Cimes d'Aveugleneige. Je ne peux pas faire mieux, là-bas, vous trouverez facilement un refuge.
— Oui... Merci beaucoup... Je...
— Yoremi.
— Merci Yoremi, vous nous sauvez la vie.

Elle me prit dans ses bras, son enfant fit de même. Que suis-je en train de faire ? Qui suis-je en train de devenir ?
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Mer 24 Aoû - 15:38

Chapitre Huit par Kim Eliana

Je retrouverais les coupables moi-même... Je suis prêt à pactiser avec les ténèbres... Des choses que seul un homme prêt à tout pour sauver les gens qu'il aime est capable d'endurer... Tu ne me reverras plus Kim... N'essaye pas de me retrouver...

Ces phrases résonnèrent continuellement dans ma tête. Elles furent d'une dureté sans nom. Comment pouvait-il me dire ça ? Après toutes ces années, que lui est-il arrivé ? Et son œil... la cicatrice qu'il porte et la couleur de cette œil... rouge et doré...

Il n'est pas mauvais, pas du tout. Mais son âme se noircie continuellement et rien ne l'empêchera d'atteindre son objectif, pas même un dragon. Je ne dois pas l'empêcher, mais je dois le retrouver et le guider sur la bonne route afin de retrouver Lucia.

Lucia... Es-tu vraiment toujours vivante ? Que deviens-tu ? Te souviens-tu de nous ?

J'étais chez moi, dans ma chambre, je faisais face à la cité depuis ma fenêtre. Le vent soufflait encore sur mon visage. La prochaine étape risque d'être difficile... J'enfilai mes bottes, contrôlai mon sac et posai mon sceptre à côté de mes deux épées. Je pris une grande bouffée d'air et fermai la fenêtre avant de descendre dans le salon.

Mon père lisait un livre, il était assis sur le canapé, ma mère préparait déjà le dîner pour ce soir.

— Papa, maman ! J'ai à vous parler, pouvez-vous venir autour de la table ?

Ma mère posa ses ustensiles de cuisine, frotta ses mains contre son tablier avant de le retirer. Elle l'accrocha à l'entrée de la cuisine. Tandis que ma mère s'approcha de la table, mon père mit son marque-page dans son livre avant de le refermer et le poser sur la table, devant lui. Je posai mes mains sur la table, je tremblais déjà.

— Bien... J'ai quelque chose à vous dire... Ce n'est vraiment pas facile...

Mes parents se regardèrent et s'interrogèrent du regard. Mon père prit la parole après un court silence.

— Très bien, prends ton temps ma fille... Il n'y a rien de grave, j'espère ?

Je déglutis avant de répondre avec hésitation.

— En fait... Je ne sais pas trop...

Je regardai les visages devant moi, cette fois, ils étaient inquiets. Il ne fallait plus attendre.

— J'ai vu Yoremi aujourd'hui !

Mes mots ont explosé dans ma bouche. Je ne savais plus quoi dire d'autre. Mon père me fixa quelques secondes avant de parler.

— Yoremi ? L'enfant qui...
— Oui papa, le fils du couple de paysans qu'on a rencontré il y a des années. Il est vivant. Personne au Promontoire, ni même ailleurs n'est au courant. Il a abandonné son identité.
— Par les dieux...

Ma mère prit une chaise pour s'asseoir. Elle posa les mains sur sa bouche. Et resta figée. Mon père s'approcha de moi et entoura mon dos de son bras.

— Je sais que c'est un sujet tragique et sensible, mais... c'est merveilleux s'il est vivant. Il avait une sœur, non ? Sais-tu si...
— Non, je ne sais pas pour Lucia. Bien sûr, je suis heureuse de l'avoir revu, mais...

Mon père sentit mes tremblements et, il n'est pas dupe.

— Qui y a-t-il Kim ?
— Il n'est plus pareil. Il est marqué par le drame.
— C'est compréhensible Kim ! Il était si jeune !
— Tu ne comprends pas ! Il a survécu oui, mais il a vécu jusqu'à maintenant dans la nature, tout seul, il a tué des gens pour survivre ! Il est hanté par des cauchemars où il voit sa sœur se faire torturer, toutes les nuits ! Et maintenant, il est décidé à la retrouver et il est prêt à détruire un continent entier pour ça !

Mes larmes coulèrent. Je m’appuyai encore plus fort contre la table. Mes parents me regardèrent avec des yeux exorbités. Après un long silence, ma mère se leva et prit un air sévère.

— Où est-il maintenant ?
— Je n'en sais rien. Il m'a interdit de le retrouver et il a disparu.
— Et il a raison, je t'interdis de le revoir Kim ! Tu m'entends bien ?

C'est bien ce moment que je redoutais depuis le début. Il est temps. Je me mis droite, face à ma mère.

— Oui je t'entends. Mais je pars le retrouver.

A ces mots, j'eus l'impression de faire exploser deux bombes ! Mon père me retourna vers lui.

— Kim ! Cet homme est devenu fou ! Il est hors de question que tu partes à sa recherche ! Je suis très clair avec toi !
— Ton père à raison ! Je suis navré pour lui, mais s'il ne lui reste que la folie pour compagnie, je ne veux pas que ma fille fréquente cet individu !
— Il n'est pas fou ! Il est blessé ! Profondément blessé ! Et si Lucia est encore vivante, je veux partir la retrouver aussi ! Je suis désolé, je ne vous demande pas votre avis. Je n'abandonnerai pas mes deux amis.
— Kim...

Ma mère se rassit, elle commença à pleurer.

— Je vous aime, papa, maman...

Mon père voulu attraper mon bras, mais à peine l'effleura-t-il que mon corps se dématérialisa en une nuée de pétales et de lumière violette. Mes parents restèrent sans voix. Je les vis à travers la fenêtre du salon.

Je suis désolé d'avoir eu recours à cette technique sur vous, mais... c'est mon choix... ma décision.

Les portes du Promontoire Divin se refermèrent derrière moi.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Mer 24 Aoû - 15:47

Chapitre Neuf par Yoremi Crow

(Quelques passages peuvent heurter la sensibilité de certains lecteurs.)

Cela fait sept ans maintenant. Sept longues années sans remettre le pied au Promontoire Divin, sept longues années sans voir mon domicile, sept longues années sans revoir Kim, et enfin, sept longues années à la recherche de ma sœur. Mais j’approche, je le sens au plus profond de mon être, ma quête est sur le point de s’achever. Le dénouement arrive, bientôt.

La tempête se calma, la neige était épaisse, mais il ne fut pas difficile de marcher. Nous reprirent notre route et notre allure fut honorable, surtout avec un enfant de neuf ans. Celui-ci marcha juste derrière moi, il marcha sur mes traces de pas, en sautillant presque. Cela fit sourire Semia.

— Pourquoi marches-tu sur mes traces de pas Rius ?
— Pour que personnes ne puissent deviner combien nous sommes monsieur.
— Qui penses-tu pourrais nous suivre ?
— Mon papa, pour me récupérer.

Je fus surpris et impressionné de sa réponse aussi sérieuse. Je m’arrêtai et regardai Semia. Celle-ci rendit mon regard. Elle soupira avant de s’approcher vers moi.

— Son père nous abandonna à sa naissance pour une femme encore plus jeune.
— Cela ne m’explique pas tout.

Semia comprit le sous-entendu de ma question, elle reprit la marche et je la suivis. Rius continua à marcher sur mes pas, décidé à réussir le défi qu’il s’était lancé.

— J’ai élevé seul Rius jusqu’à ses six ans. Lorsque la compagne de son père s’est rendue compte qu’elle ne ferait rien de sa vie avec lui, elle est partie. Son père est revenu vers nous pour voir son enfant. Il a beau avoir agit comme il l’a fait, il était tout de même son père.
— Vous aviez encore des sentiments à son égard ?
— Non… Non, je n’éprouvais plus rien envers lui. Mais, j’ai pensé à Rius, il pouvait connaître son père et le voir pour qu’il s’occupe de lui de temps en temps.

Je la sentis qui commençait à trembler, je posai ma main contre son dos, elle se redressa.

— Ca n’a pas duré très longtemps. Une dispute a éclaté, il m’a brisé une côte et a frappé son propre enfant au visage. Heureusement, un ami qui était un Garde du Lion l’a arrêté et lui a fait payé de manière officieuse. Mais depuis, cet ami est parti et il n’a pas arrêté de nous surveiller. Il observait ce qu’on faisait et les endroits que nous fréquentions.
— Je ne sais quoi vous dire Semia…
— Ne dîtes rien Yoremi. Ce que vous faîtes en ce moment, je ne pourrais jamais vous en remercier.
— Et vous n’avez pas à le faire. Vous ne craigniez rien avec moi.
— Merci Yoremi. Et vous ? Quelle est votre histoire ? Vous commencez à me connaître, j’aimerai vous connaître aussi.
— Je vous raconterai, mais plus tard. Baissez-vous !

Ils s’exécutèrent et je les poussai dans le renfoncement d’une montagne.

— Que se passe-t-il Yoremi ?
— Il y a un élémentaire juste devant nous, il a l’air plus massif que ceux que nous avons déjà rencontré.
— Je veux t’aider monsieur !

Je vis une lueur et une détermination dans les yeux de l’enfant. Je n’arrivais pas à le croire, mais cet enfant me ressemblait. Je ne pu dissimuler mon sourire.

— Non Rius. Je n’ai pas besoin d’aide. Par contre j’ai une mission à te confier.
— Je t’écoute monsieur !

Je sorti une bombe aveuglante de mes affaires, je prit la main de Rius, l’ouvrit et je lui déposai la boule de papier remplie de poudre.

— Tu reste caché ici avec ta maman. Si un méchant veut te faire du mal à toi ou ta maman, tu jettes la boule devant lui et tu fermes les yeux. Ensuite, tu cours me rejoindre avec ta maman. Tu as bien compris ?
— On reste ici avec maman et si un méchant veut nous faire du mal, je lui jette la boule devant lui en fermant les yeux et on court te rejoindre avec maman.
— C’est exactement ça ! Maintenant, c’est à moi de jouer.

Je sorti du renfoncement et faisait face à l’élémentaire. Il était vraiment gros. Il m’avait repéré et il me projeta une salve de pics de glace. Je plongeai sur la gauche, une fois atterri, je lui envoyai à mon tour une salve de balles grâce à mes pistolets. Les impacts brisèrent sa glace en plusieurs endroits, il n’aimait vraiment pas ça.  Il se mit à sauter et frapper le sol de toutes ses forces avec ses poings. La neige se mit à trembler tout autour de lui jusqu’à arriver à ma hauteur, cela me fit trébucher et je tombai. Je m’apprêtai à me relever, lorsque des doigts glacés me prirent à la gorge et me soulevèrent du sol. Il me décolla du sol et je sentis la glace pénétrer dans ma gorge. Le froid fut terrible et commença à se répandre jusqu’à mes épaules et ma tête, il fallait absolument que je trouve une solution avant d’être complètement congelé. Je pris mon arme contre l’articulation de son bras et tirai un coup. Son bras se brisa en deux et je me libérai de son étreinte. J’étais congelé de mes épaules jusqu’à mon menton, il fallait que j’en termine au plus vite. Je fis une foulée de l’ombre jusqu’à lui et j’ai utilisé une de ses techniques : je lui envoyai une nuée de pics de glace qui disloquèrent tous les morceaux de glace qui le composaient. Epuisé et frigorifié, je m’écroulai.

J’entendis des crépitements. Une douce tiédeur se posa sur mon visage. J’ouvris finalement les yeux et découvris un feu de camp devant moi, le soleil semblait juste s’être couché.

— Yoremi ! Vous êtes réveillé !
— Monsieur !

Semia s’approcha de moi et Rius couru jusque dans mes bras.

— Tu nous as fait peur monsieur !
— Doucement Rius ! Yoremi a besoin de se rétablir.
— Je vais bien Semia, il me fallait de la chaleur pour dégeler l’emprise. Je vois que vous avez fait un feu, je ne pouvais pas espérer mieux.
— On a fait comme tu m’as appris monsieur ! J’ai creusé dans la neige pour trouver la terre, j’ai placé des pierres en cercle et on a cherché des petites branches avant de mettre des grosses bûches. Maman a réussi à faire une étincelle avec les deux silex, mais moi je n’ai pas réussi…
— Ce n’est pas grave Rius, tu sais que cela demande beaucoup de pratique, tu auras le temps de t’exercer. Je suis vraiment fier de toi en tout cas ! Je sais que je peux compter sur toi, Rius.

Rius fut plus joyeux que jamais et il arborait un énorme sourire, il retourna dans mes bras plusieurs secondes avant de retourner mettre une bûche sur le feu. Je tournai ma tête vers Semia, je voyais des larmes couler de ses yeux.

— Semia ? Qu’y a-t-il ?
— Non… Ce n’est rien Yoremi… C’est juste… Je n’ai pas vu mon fils sourire comme ça depuis des années. Depuis que…

Je pris sans attendre Semia dans mes bras et la serrai. Elle cala son visage dans mon cou.

— Ne dis plus rien Semia. Je suis là… Il ne vous arrivera plus rien, ni à toi, ni à Rius. Je le jure devant les dieux.
— Merci Yoremi… Merci…
— Il faut que tu essayes de dormir un peu maintenant.
— Non, pas tout de suite. Rappelles-toi ce que tu m’as dit tout à l’heure, tu devais me raconter ton histoire.
— Bon, d’accord…

Semia se posa dos et tête contre moi, Rius, qui avait entendu sa mère, vint se poser à mes jambes, les oreilles grandes ouvertes. Je leur racontai mon histoire en parlant de la nuit où tout a commencé, puis de mon réveil, de ma survie, de mes cauchemars, de ma quête et de mon chemin jusqu’ici. Sous le choc, Rius remonta contre moi et s’endormi. Semia ne trouva aucun mot pour répondre, elle se contenta de poser sa tête contre mon cou et de s’endormir. Je regardai le ciel, il était parsemé d’étoiles, la fatigue me gagna, je tombai les yeux vers le feu et les fermai.

Je me réveillai subitement. Il faisait froid, très froid. Mais ce ne fut pas une froidure naturelle, mon sang se glaça uniquement dans mon dos, la sensation était très étrange. Le feu devant moi était encore en vie, j’approchai ma main, je ne sentis aucune chaleur. Je n’arrivais pas à y croire, ma main touchait presque les flammes et je ne sentis rien du tout, je ne portais aucune marque de brûlure. Je me levai et réveillai Semia et Rius. Celui-ci bouda, Semia se leva également.

— Que se passe-t-il Yoremi ?
— Il faut partir… maintenant.
— Mais… Très bien, nous te suivons. Rius tu es prêt ?

Vous n’irez nulle part.

La voix résonnait à travers les montagnes. Impossible de savoir d’où elle provenait. Je regardai partout en hauteur, mais ne vit personne. Je finis par apercevoir une ombre habillée d’une cape et d’une capuche sombre. Elle s’approchait.

— Semia, Rius, vous restez derrière moi et ne dîtes pas un mot.

Ils se turent, Semia garda Rius contre elle. Je me retournai et fit face à l’individu, je me décalai légèrement pour me positionner sur le chemin de neige. Il continua de marcher vers moi. Je me mis à distinguer des yeux et une bouche brillante sous la capuche.

— Qui es-tu ? Que veux-tu ?
— Qui je suis n’a pas d’importance pour un futur cadavre. Qu’est ce que je veux ? Voilà une question plus pertinente… Je veux l’anéantissement total de ce monde.

A sa réponse, je posai mes mains sur mes dagues, prêt à m’en servir. Il se trouvait à une dizaine de pas maintenant.

— C’est plutôt audacieux pour une seule personne, non ?
— Et bien, parlons de toi. Ta quête n’est-elle pas audacieuse à toi tout seul ?
— Quoi ? Comment sais-tu… Que sais-tu sur moi ?!
— Oh… Je sais beaucoup de choses sur toi… Yoremi… Je sais que tu es orphelin, que ta sœur t’a été enlevée, que tu as survécu toutes ces années grâce à un esprit qui t’a enseigné tout ce qu’il faut savoir sur l’assassinat, la vengeance, la mort et même plus encore. Et je sais aussi que tu vas mourir ici en te disant : « mais pourquoi ai-je accepté d’accompagner ces deux sans-abris ? » Car vois-tu, ils vont mourir ici avec toi.

Je regardai derrière moi et plongeai mes yeux dans ceux de Semia. Son air était grave et inquiet. Rius avait perdu ce sourire que je fus le seul à lui redonner depuis des années. Je me retournai en fixant le spectre. Car, c’était un spectre, il était grand, il porta une cape qui le couvait de la tête aux pieds. Son corps était squelettique et droit. Il tenait un air sévère et absolument sérieux.

— Je ne vais pas mourir ici et ces personnes derrières moi non plus. Dis-moi qui tu es.
— Je te l’ai déjà dit, à quoi mon nom te sera utile dans les abîmes de l’Enfer ? Je suis la mort incarnée et… tu vas mourir ici.

Je lançai une bombe fumigène devant moi et disparu de sa vue. Je plongeai mes dagues dans mes fioles de venins et me dirigeai à toute vitesse sur lui. Il ne bougea pas, je profitai de l’occasion pour lancer ma première dague. Celle-ci l’atteignit en pleine poitrine, son corps recula sur la force de l’impact mais il resta debout. Je redevins visible et fonçai sur lui et lui rentrai ma seconde dague dans le foie. Le coup le fit se courber, je récupérai ma première dague dans sa poitrine et grâce à deux coups symétriques, je lui entaillai les deux côtés de sa gorge avant de prendre quelques pas de distance. Je soufflai, l’assaut fut très rapide, mais tout aussi fatigant.

Il resta debout, droit, sans bouger. Il me regarda, puis il se mit à arborer un sourire.

— Ah ah ah ah ! Tu es très impressionnant, vraiment ! J’ai participé à de nombreuses batailles et d’innombrables duels, tu aurais été le premier à me tuer sans que je puisse te toucher une seule fois. Qu’est ce que ton mentor a bien pu t’apprendre ? Je serais bien curieux de le savoir.

Il dégaina une épée spectrale de sa ceinture et fit son premier pas du combat.

— Il m’a apprit ça, par exemple.

Il fut interrogé et regarda par terre. Au moment où il posa son pied, une nuée d’aiguilles se planta sur tout son corps et son visage. Il fut si surpris qu’il recula. Je chargeai un pistolet et lui tira une balle en pleine tête, le coup toucha sa joue, juste au dessous de son œil droit.

La force le fit reculer une nouvelle fois d’un pas, mais il tenait encore debout. Je n’arrivais pas à y croire, avec les plaies de mes dagues, les venins, les veines de la gorge tranchée, la pluie d’aiguilles empoisonnées et maintenant un tir en pleine tête, il était toujours debout. Finalement, je remarquai qu’il ne porta plus les marques de mon assaut au niveau de la gorge, il n’y avait pas de sang non plus. Il me fit face et je vis sa blessure à la tête se refermer lentement devant moi. C’était inconcevable.

— Bien… Tu t’es bien amusé. A mon tour de rigoler…

Il frappa son épée spectrale sur le sol, un tremblement et une onde maléfique se ruèrent sur moi. Je disparu et fis une foulée de l’ombre jusqu’à lui. Arrivé à son niveau, il se figea, il dégluti. Il se mit à regarder ma main qui tenait une dague plantée dans son ventre.

— Impressionnant… Vraiment… Impressionnant. Tu as réussi à voler ma technique en si peu de temps. Cette dague là… Elle me fait mal.

En effet, j’ai joué mon dernier atout, j’ai pu voler sa technique pour faire apparaître une arme spectrale et l’utiliser contre lui. J’étais épuisé, cette capacité a drainé toute mon endurance. Il fallait que je tienne bon. Je ne pouvais pas mourir ici. J’ai tellement de chose à accomplir avant. Lucia… Ma sœur, je ne t’abandonnerai pas. Semia… Rius… Je vous ai fait une promesse, il est hors de question que je manque à ma parole.

Je repris confiance en moi, une force se souleva au fond de mon être, je senti ma vigueur revenir. Je fis front à mon adversaire et le regardai droit dans les yeux lorsque je tournai d’un coup de poignet la dague en lui. Il poussa un cri rauque mais garda ses yeux sur moi.

— Ton audace est exemplaire. Mais il me faut plus qu’un couteau planté dans mon ventre par un jeune homme vigoureux pour me faire reculer.

Il saisi ma gorge et tendit son bras pour me reculer de lui et sortir la dague de son ventre. A peine la lame fut sortie complètement qu’elle disparaissait de ma main. Sa main tenait si violement ma gorge que je ne pouvais bouger aucun membre, il avait une force titanesque. D’un coup, je senti une puissance venant de sa main. Cette force explosa et me projeta au loin, contre un bloc de la montagne.

J’étais par terre, je toussai et serrai ma gorge. Je me relevai et regardai Semia et Rius. Ils avaient envie de parler, de crier, de fuir… Je le savais, mais ils restèrent ici et se retinrent de parler. Je regardai dans la direction du spectre, il n’était plus là. Il bougeait, il bougeait à une vitesse phénoménale, je le savais car j’arrivais à l’entendre. D’un coup une force heurta mon bras gauche et celui-ci jeta du sang au sol. Il avait son épée ! La plaie fut profonde, je la tenais avec ma main. Puis un second coup me coupa la jambe droite. Je posai le genou à terre, le sang coulait de ma nouvelle blessure. Il fallait que je me concentre pour réussir à le voir. Inutile d’attendre, un nouveau coup visa mes côtes. La frappe fut violente et je tombai. J’entendis les cris de Semia et Rius. Je glissai ma main sur mes côtes et la relevai devant moi, elle était rouge, je perdais beaucoup de sang.

Le spectre apparu devant moi, l’épée spectrale à sa main, je pouvais même voir mon sang sur la lame translucide. Il ne disait pas un seul mot, il appréciait le spectacle, il souriait. Son expression me donna une indescriptible envie de le tuer. Je réussi à me relever, ma jambe droite me fit boiter. Je m’armai de mes pistolets.

— Tu as déjà vu que cela ne servait à rien, pourquoi continus-tu ?

Je lui envoyai une salve de balles, toutes le touchèrent, mais les trous se refermèrent sans attendre. Je le savais. Mais pourquoi continuais-je ? Je n’avais pas le choix. Je n’ai pas appris à abandonner, à me rendre, non. Mais au contraire, à combattre jusqu’au bout, jusqu’à trouver une solution. Je repris mes esprits, je l’ai blessé une fois, je peux recommencer. Je vais recommencer !

Je rangeai mes pistolets pour mes dagues et couru vers lui. Je lançai ma première dague, celle-ci se planta sur son pied. Il voulu bouger mais la dague, clouée au sol, l’en empêcha. Je gagnai la précieuse seconde qu’il me fallait et planta ma deuxième dague dans son œil gauche.

— Je vois que tu aimes les dagues. Et bien, je vais m’en servir contre toi. Tu vas mourir par tes armes de prédilection.

Je sentis une lame pénétrer mon estomac, il saisit ma gorge une nouvelle fois et me projeta encore contre un mur. Je reprenais ma vue lorsque je vis une dague spectrale se planter dans mon épaule droite. La dague me tenait debout. Je vis mon sang couler de mon armure. J’étais cloué contre un mur, à sa merci. La douleur était vive, mais je devais me concentrer. Je le regardai encore et je vis trois dagues flotter devant lui. J’entendis les supplications de Semia, lorsque la première dague se jeta dans ma cuisse gauche. J’hurlai, alors que la deuxième dague rejoignit ma cuisse droite.  La douleur fut horrible, je senti mon sang m’abandonner et rejoindre la neige, la teintant un rouge clair. Ma tête était lourde, je senti mes pensées s’envoler, je n’arrivais plus à me concentrer.

— Maintenant que tu es bien sage, je vais m’occuper de ta compagnie.

J’entendis à peine ce qu’il disait, mais je compris qu’il parlait de Semia et Rius. J’essayai de relever ma tête.

— Non… Ne… Ne les touche pas… Je… Je t’inter…

Une dague se planta dans ma main gauche encore libre lorsque j’essayai de l’attraper dans le vide. La dague planta ma main contre le mur, juste à côté de ma tête. Mon cri résonna entre les montagnes.

— Yoremi… Au secours !

Une bombe aveuglante explosa devant le spectre, mais elle fut inefficace contre lui. C’était Rius ! Il avait précieusement gardé cette bombe avec lui. Il voulu se cacher avec sa mère, mais il l’attrapa avant même qu’il commence à courir. Sa mère hurla.

— Voyons, voyons, dix ans à peine et tu joues au héros ? Tu as un peu trop prit exemple sur ton ami là-bas. Regarde-le.

Il prit la tête de Rius et le dirigea vers moi. Je le vis terrorisé, en larmes…

— Tu vois comme il souffre ? Il a trop joué au héros. Les héros, ils n’existent pas. Ce sont des gens qui pensent faire le bien autour d’eux et être un exemple. Tu crois que c’est un exemple que d’être planté par quatre lames sur un mur ? Regarde comme il perd son sang, il va mourir, mais avant, il va vous regarder mourir.
— Monsieur… Papa…

Semia fut à genoux, elle était désespérée, elle l’implorait de laisser son fils, elle implorait sa pitié. Elle me brisa le cœur. Cet homme n’avait pas de pitié.

— Tu penses souffrir femme ? Penses-tu que ce que tu ressens en ce moment c’est de la souffrance ? As-tu mal ? Es-tu triste ? Je vais te donner une vraie souffrance.

Devant Semia, il prit la tête de Rius dans sa main et lui fit tourner d’un coup sec. Le craquement fut fatal. Il laissa le corps de l’enfant tomber dans la neige, inerte. Semia avait les yeux exorbités, elle ne bougeait plus, elle ne criait plus, elle ne pleurait plus, elle était totalement figée.

— C’est ça, l’expression sur ton visage, je m’en délecte.
— Je vais te tuer !!

Mon cri l’interpella, une rage montait en moi, je la senti, elle endormi ma douleur et mes blessures. Je le voulais mort, je voulais le démembrer moi-même. Mon sang me rappela à raison, il était devant moi, sur le sol, toujours en train de se répandre.

— Ne t’en fais pas, ton tour viendra, mais je vais en finir avec cette femme avant.

Le spectre attrapa Semia, elle retrouva la raison et se remit à crier, à m’appeler, à pleurer.

— Cette fois, tu sais ce que c’est que souffrir, tu as perdu ton unique enfant, mais tu vas le rejoindre très bientôt. Ne dit-on pas que les femmes voient tout ? Elles ont un sens aigüe de l’observation, non ?

La saisissant à la gorge, avec son autre main, il rentra lentement son pouce dans l’œil gauche de Semia. Son cri fut dramatique, elle hurla sa douleur. Le sang sorti de son orbite et se répandait le long de son visage avant de couler le long de son corps.

Le spectre retira son pouce, le sang coulait encore plus fort. Je le voyais se délecter de la souffrance de Semia, elle tremblait de terreur. Ma colère se fit toujours plus forte, ma rage grondait en moi, ma haine consumait toutes mes pensées. Il se tourna vers moi.

— Mais ne dit-on pas non plus qu’elles parlent trop des fois ? La plupart du temps, même. N’es-tu pas d’accord ?

Le spectre entra sa main dans la bouche de Semia et lui arracha sa langue qu’il brandissait au dessus de lui. Semia explosa de douleur, il la lâcha, elle tomba par terre. Elle vomissait du sang, elle se recroquevilla contre le corps de son enfant unique. Je l’entendis geindre.

Je ne pouvais plus supporter. Je laissai ma haine exploser en moi. Mon cri fissura les montagnes autours de nous, la roche derrière moi se brisa. Le spectre se retourna, surpris.

— Que fais-tu ? Qu’est ce… Ton œil ? Depuis quand ta pupille est-elle en fente et brille-t-elle ? Hé hé hé… Tu caches autant de secrets ? C’est vraiment dommage que je dois te tuer ici.

Il se dirigea vers moi et m’attrapa à la gorge, il me paralysa totalement. Il posa sa main droite sur ma poitrine.

— Tu m’as vraiment bien distrait, il est temps d’en finir. C’est des gens comme toi qui font naître l’espoir dans ce monde, je ne supporte pas ça.
— Un jour, je te retrouverai. Je m’aurai entraîné durement et te surpasserai. Ce jour-là, j’arracherai le cœur de ta poitrine et te l’enfoncerai dans la bouche. Tu avaleras tous les morceaux sans rien laisser.
— Intéressant… Tu as de l’imagination. Garde-la pour le royaume des morts.

Sa main posée sur ma poitrine me projeta une douleur sans nom au fond de mon corps. Il irradia toutes les plus fines fibres de mon corps et éveilla tous mes nerfs. La douleur fut insupportable, je senti mon âme quitter mon corps, mon sang stopper sa course dans mes veines, ma respiration s’arrêter. Mon cri fut la dernière chose que j’entendis, le ciel étoilé, la dernière chose que je vis.

Lucia… Kim… Semia… Rius… Ma quête… J’ai échoué… Je n’ai pas tenu mes promesses… J’avais senti la fin arriver et… je n’ai rien fait… Pardonnez-moi.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par jypirate Mer 24 Aoû - 15:50

Chapitre Dernier

Le vent souffla légèrement. L’air suivait sa route entre les arbres, les plantes, les feuilles et courait à travers les collines. Il fit onduler sa chevelure dorée. Le soleil était au zénith, il éclairait toute la forêt non sans laisser de larges zones d’ombres créées par les arbres et leurs feuillages très denses. La forêt fut particulièrement colorée, les plantes immenses décoraient le sentier, de nombreux insectes volants virevoltaient et donnaient de la vivacité au décor. Kim regarda le spectacle qui s’offrait à elle, elle fut émerveillée. Après quelques secondes de contemplation, elle se décida à reprendre sa route, car elle venait d’arriver à un endroit où elle était persuadée de trouver les réponses : le Bosquet.

Elle croisa la route de nombreux sylvaris, ces êtres à moitié végétal et à moitié humanoïde. Ils ne semblèrent pas surpris de voir une humaine chez eux. Elle rencontra un molosse sylvari qui se planta devant elle. Elle le regarda, mit un genou à terre et approcha sa main de la tête feuillue du molosse. Il abaissa sa tête et se laissa caresser. Kim se mit à sourire, cet endroit était vraiment magnifique. Après tout ce qu’elle a traversé, elle fut soulagée de pouvoir se reposer un peu. Un sifflement au loin rappela le molosse, il se releva, jeta un dernier coup d’œil à la femme étrange qui l’avait caressé et retourne dans la foule.

Kim arriva finalement sur la place principale. Ce fut un spectacle admirable, il y avait énormément de monde, des commerçants, des gardes, des tailleurs, des forgerons mais surtout, une population qui se promenait sans se soucier de rien. Sa route jusqu’au Bosquet ne l’a aiguillé sur pratiquement aucune piste concernant Yoremi, elle savait pertinemment qu’il n’était pas passé par ici, mais elle avait une autre idée en tête. La plupart des sylvaris sont particulièrement doués dans la chasse et le pistage, elle voulait recruter un pisteur afin de l’aider à retrouver la trace de Yoremi.


— Comment est-il ?
— Son état est critique, ses blessures sont multiples, il a perdu énormément de sang.
— Va-t-il s’en sortir ?
— Je ne peux pas vous répondre maintenant.

— Cela fait quatre jours maintenant, avez-vous du nouveau ?
— Nous nous sommes occupés de la plupart de ses blessures, son sang se régénère doucement. Mais il y a une chose qui m’inquiète.
— Que voulez-vous dire ?
— Regardez cette marque sur sa poitrine, c’est très étrange.
— C’est une forme de main, complètement noire. Que pensez-vous ?
— De la magie… Il s’est réveillé une fois cette nuit, aucune de ses blessures ne lui faisait mal mis à part celle-ci, il s’est évanoui une nouvelle fois de douleur.

— Bonjour, où en êtes-vous avec lui aujourd’hui ?
— Les blessures se cicatrisent, il n’y a plus de danger de ce côté-là. Par contre, il va falloir trouver une solution pour cette marque, celle-ci le réveille constamment et le fait s’évanouir de douleur à chaque fois. Tenez ! Regardez, il se réveille.

Le blessé se mit à hurler de douleur, il serra ses mains contre sa poitrine. Il se tordait de douleur sur son lit. Les médecins autour de lui tentèrent de le calmer et de le rassurer. Rien n’y faisait, sa douleur était vive et malsaine. Elle le consuma de l’intérieur.

— Peut-il marcher ?!
— Avec de l’aide oui, il faudrait le porter !
— Bien ! Vous autres, attrapez-le par ses bras, nous allons le conduire à la Terrasse de la Grue Blanche, nous allons devoir agir vite.

Deux hommes tentèrent de saisir les bras du blessé, il bougeait tellement et ses blessures étaient si récentes, les hommes n’osèrent pas trop forcer à risquer d’empirer son état. L’homme qui avait prit la parole attrapa le visage de l’aliter et le regarda dans les yeux.

— Yoremi ! Yoremi écoutez-moi. Il va falloir que l’on vous sorte de là. Vous avez été grièvement blessé par de la magie, il faut que l’on vous soigne un peu plus loin. Laissez-nous vous porter.

Yoremi regarda les deux hommes à côté de lui, malgré sa douleur, il se laissa faire. Ils le prirent et le sortir du bâtiment. L’homme les devançant, ils marchèrent à une allure soutenue, Yoremi essaya de faire abstraction à sa douleur.

Ils arrivèrent sur une espèce de plage. Toutes les personnes présentes furent des érudits du Prieuré. Ils installèrent Yoremi qui avait une nouvelle fois perdu connaissance sur le sol, au centre d’un ensemble d’artefacts cérémoniaux. Six érudits se placèrent aux pieds des artefacts, faisant face à Yoremi. Le chef entra dans le cercle et se plaça au pied de la tête de Yoremi. Il commença la cérémonie en ouvrant ses bras et récita diverses formules et phrases cérémonieuses. Le temps passait et les artefacts commencèrent à briller puis à former un rayon lumineux les liant jusqu’à la poitrine de Yoremi. Lorsque la lumière se concentra sur la marque de la blessure, l’érudit se baissa et posa sa main sur la lumière et entonna les dernières paroles du rituel.

Yoremi se réveilla dans une tente sur la plage, il se leva doucement et posa sa main sur sa poitrine, il n’avait plus mal, il la regarda, la marque noire en forme de main avait disparue, seulement une légère marque de brûlure. Il n’arrivait pas à y croire, il sorti précipitamment de la tente. Il vit plusieurs érudits sur la plage. L’un d’eux, se tourna vers lui.

— Yoremi ! Vous êtes enfin réveillé ! Comment vous sentez-vous ?
— Bien… Enfin, je pense. Où suis-je ?
— J’imagine que vous avez beaucoup d’autres questions, alors laisser-moi vous dire tout ce que je sais. Une unité de gardes du Lion vous à retrouver à moitié mort au Front de Flèchefroide avec… désolé de vous l’apprendre, les cadavres d’une femme et d’un petit enfant, ils les ont enterré comme il se doit puis vous ont ramené ici. Vous avez été accueilli par les meilleurs médecins de l’Arche pour vous soigner. Mais après plusieurs jours, cette marque continuait de vous paralyser, par conséquent, le Prieuré a décidé d’intervenir, d’autres membres et moi-même avons réussi grâce à un rituel de contenir la source du mal à l’origine de cette douleur. Quinze jours sont passés depuis que vous êtes arrivés. Vous avons réussi à vous faire boire et manger une fois ou deux par jours, mais vous devez prendre un vrai repas le plus vite possible.
— Je… Je ne sais vraiment pas quoi vous dire… Après tout ça… Mais comment connaissez-vous mon nom ?
— Hé hé hé ! Nous les érudits savons beaucoup de choses Yoremi. Et nous serions ravi de vous les faire partager. Nous connaissons votre histoire et nous pouvons vous aider.
— Comment ?
— Bien. Prenez un repas avant tout, nous discuterons de tout ça après.


Malgré sa recherche, Kim ne trouva personne volontaire pour l’escorter dans sa recherche. En effet, le Bosquet était en ébullition, une offensive se préparait pour attaquer au cœur de la Cour des Cauchemars. Il n’y avait aucun soldat sylvari disponible en ce moment. Perdant sa motivation et attristée, elle se posa contre un arbre et se mit à repenser à Yoremi. Que fait-il en ce moment ? Est-il toujours vivant ? A-t-il retrouvé Lucia ? S’est-il retenu de cette envie de vengeance ?

Kim fut tellement plongée dans ses pensées qu’elle ne se rendit pas compte qu’un molosse sylvain lui tendait sa truffe. Lorsqu’elle le vit, elle eu un léger sursaut, puis sourit. Elle posa sa main sur le front du molosse et le caressa. Il se laissa faire.

— Flamme ! Laisse cette femme tranquille !

Kim leva la tête pour voir d’où la voit provenait, Elle vit une sylvari à la chevelure feuillue longue attachée en queue de cheval, le regard fin, habillée d’une tenue de rôdeuse. Celle-ci courait jusqu’à son molosse et posa sa main dessus.

— Je suis désolé, il a l’air de vous apprécier. Ca fait deux fois qu’il accourt vers vous. Flamme, tu vas me faire croire que je ne te chouchoute pas assez ?

Le molosse la regarde d’un air amusé et colle sa tête contre sa maîtresse.

— Je m’appelle Navi Estel, et voici mon compagnon Flamme.
— Kim Eliana, je suis enchantée.
— Et bien, que fait une Humaine au Bosquet ? Vous voyagez ?
— Plus ou moins… Je suis à la recherche d’un pisteur pour pouvoir retrouver un ami. Mais vous semblez tous occupés par la Cour des Cauchemars.
— Oui, c’est vrai, les soldats se préparent visiblement à une offensive, Flamme et moi allons partir les aider. On ne peut pas les laisser nous envahir.
— Je comprends… Je vais repartir pour la Kryte, je pense…
— Mais… Attendez-voir. Flamme ! Ca te dirait d’aider cette femme ? Nous pourrions voyager, nous aussi !

Le molosse regarda Navi avec enthousiasme et aboya.

— C’est décidé ! Je vous propose un marché. Je ne peux plus me désengager vis-à-vis de mon peuple. Donc, vous m’aidez à combattre la Cour des Cauchemars et je vous aide à retrouver votre ami. Qu’en dîtes-vous ?
— Je ne pouvais espérer mieux, merci Navi. Merci à toi aussi, Flamme.


Yoremi regarda l’érudit à côté de lui. Sa dernière déclaration fut très surprenante. Il était plongé dans ses réflexions.

— Je ne remet pas en cause le guide que vous avez eu Yoremi, comprenez-moi bien. Si vous voulez encore vous perfectionner, vous devez étudiez toutes les disciplines, sans exception. Vous avez étudiez la mort, la survie, l’assassinat, l’art des dagues, des techniques canthiennes qui sont même inconnues d’ici. Je vous propose d’aller encore plus loin.
— Combien de temps cela me prendra-t-il ?
— Vous pensez à votre sœur. Ne vous en faîtes pas, elle souffre, je sais, mais elle est vivante et le restera, il n’y a plus de raisons pour eux de la tuer, pas après plus de dix ans de captivité. Et vous devez devenir encore plus puissant si vous espérer toujours la sauver.
— Bien. Je suis prêt.
— Non, vous ne l’êtes pas, mais vous n’avez pas besoin de l’être. Vous vous préparerez sur le moment et apprendrez en même temps.

L’érudit entonna une formule et porta un voile fantasmagorique aux yeux de Yoremi. L’obscurité gagna sa vision, le monde s’effaça.

Quelques secondes plus tard, ses yeux se rouvrirent, la plage et les érudits avaient disparu. Une fortification sur lequel il se trouvait et à ses côtés des archers les avaient remplacé. Bien qu’une brume limitait sa vision, Yoremi distinguait des armées dans une guerre qui semblait éternelle.
jypirate
jypirate
Rêveur raffiné
Rêveur raffiné

Messages : 37
Date d'inscription : 24/12/2015
Age : 33
Localisation : Nomade

http://www.jeremyvacelet.fr

Revenir en haut Aller en bas

L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit Empty Re: L'Odyssée du Corbeau - Livre I : L'Ange de la Nuit

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum